DIX-SEPT VÉTÉRINAIRES BATTENT LA CAMPAGNE - La Semaine Vétérinaire n° 1272 du 02/06/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1272 du 02/06/2007

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Auteur(s) : Marine Neveux

Dix-sept consœurs et confrères briguent la députation. Malgré leurs différentes appartenances, ils se rejoignent presque tous dans leur approche pragmatique du monde politique, la façon dont ils abordent leur fonction et leur vision de la profession vétérinaire, dans laquelle la plupart gardent un pied.

Dans quelques jours aura lieu le premier tour des élections législatives. Les noms de plusieurs de nos consœurs et confrères figureront sur les bulletins des candidats à la députation. Aux précédentes législatives, en 2002, ils étaient vingt et un à se présenter. Ils sont aujourd’hui plus d’une quinzaine. Leur parcours, leur vision de la profession et leur approche des enjeux de ces élections présentent-ils des similitudes ?

Concilier activité professionnelle et campagne politique est difficile

Pour les praticiens qui s’apprêtent ou qui sont déjà parlementaires, concilier clinique et politique n’est pas toujours aisé. « J’ai beaucoup réduit mon activité vétérinaire depuis le début du mois de janvier, pour faire une vraie campagne. Ainsi, je travaille l’équivalent d’un mi-temps, sans effectuer de gardes de nuit et de week-end. Depuis les présidentielles, la campagne bat son plein. Je dois prendre le temps nécessaire pour passer dans toutes les communes de ma circonscription (172 !) », explique ainsi Alain Gribet (T 77), candidat UDF-MoDem, qui se présente dans la Creuse.

La difficulté est identique pour Fawaz Karimet (T 83), candidat PS, qui est également praticien à Laon (Aisne), conseiller municipal de la ville, conseiller général du canton Laon-Nord et vice-président du conseil général de l’Aisne.

Dominique Bousquet (L 78), candidat UMP, travaille pour sa part quatre jours par semaine dans sa clinique. Une durée non négligeable pour ce vétérinaire élu à l’âge de vingt-huit ans au Conseil général dans un canton de Dordogne, devenu maire de Thenon en 1983 (fonction qu’il continue d’occuper) et suppléant de Jean-Jacques de Peretti lorsque ce dernier était député. « J’aime la pratique vétérinaire », témoigne-t-il. Un intérêt qu’il a rendu compatible avec son engagement politique, fruit de son attrait pour la vie associative, locale et économique.

Plusieurs autres candidats gardent “un pied dans la pratique” en dépit du temps accordé à la politique. Ainsi, Pascale Canivenc (T 91), candidate de La France en Action dans la 1re circonscription de l’Eure, est praticienne dans ce département. De même que Bernadette Brésard (Liège 95), candidate en Mayenne pour La France en Action. D’abord médecin, cette dernière est devenue vétérinaire et a en outre suivi des formations dans des domaines tels que l’éthologie, l’euristique, etc. Quant Claude Gatignol (T 61), qui se représente dans la Manche sous l’étiquette UMP, il s’est installé en clientèle en 1965 et n’a cessé son activité de praticien qu’en 1997.

De la clinique aux bancs du Parlement, le parcours est souvent similaire

Le passage de la clinique au Parlement est souvent le fruit de rencontres et d’une volonté de s’engager pour la collectivité. « C’est par amitié pour le maire de ma ville, également agriculteur, que je me suis retrouvé élu municipal », témoigne par exemple Alain Gribet. Dans ce cadre, « le fort ancrage du vétérinaire en milieu rural est un atout incontestable. J’ai été élu maire adjoint de ma commune de Saint-Pardoux-d’Arnet (Creuse) en 1995, puis conseiller général du canton de Crocq en 2001 et président de la communauté de communes du Haut-Pays-Marchois en 2002 », poursuit notre confrère.

« Le hasard a voulu que mon prédécesseur vienne me débaucher de la vie professionnelle, relate pour sa part Claude Gatignol. J’ai d’abord été maire adjoint de Valognes (Manche), avant d’obtenir un mandat de conseiller général. » Il est actuellement député d’une circonscription de Valognes (Tocqueville) qui compte « cent quatre-vingts communes, dix cantons, deux cents kilomètres de littoral, donc des enjeux liés à la mer ». « Etre vétérinaire et avoir l’honneur d’être élu permet de s’extraire d’une démarche purement politicienne. Ma formation scientifique m’a par exemple permis d’aborder des dossiers relatifs à l’énergie. J’ai aussi été conseiller lors des réflexions sur la transcription en droit français de la directive européenne concernant le génome. J’ai pu expliquer pourquoi les embryons conçus dans la démarche d’amélioration génétique ne doivent pas être considérés selon les mêmes bases éthiques que les embryons humains. J’ai pu apporter des explications techniques. »

« Le travail en clientèle me plaisait, témoigne Pascale Canivenc, mais je voulais aller au-delà de la seule pratique allopatique, approfondir certaines observations cliniques récurrentes, comprendre par exemple pourquoi les animaux développent la même symptomatologie que leurs maîtres, pourquoi, à l a faveur de certains contextes, des rémissions spontanées sont observées, y compris lors de maladies notoirement incurables. » Notre consœur suit une démarche similaire dans son nouvel engagement. « La politique, c’est la vie, cela doit rester au service de la vie, ce ne sont pas des décisions qui tombent comme un couperet, et qui sont totalement désengagées des réalités et des exigences de la vie », insiste-t-elle.

Les vétérinaires engagés en politique se répartissent dans l’ensemble des partis. « Au niveau national, les Français ont demandé un changement. L’ouverture du programme de Nicolas Sarkozy leur plaît »,estime par exemple Dominique Bousquet. Alain Gribet, lui, a « suivi Bayrou dès 2002, pour sa pensée humaniste qui n’a pas varié depuis, malgré la difficulté de son entreprise. Je suis président de la fédération UDF de la Creuse et membre du bureau politique national depuis 2003 et, bien évidemment, membre du Mouvement démocrate qui correspond à ma volonté de sortir de la logique de clan ». « Le MoDem n’a rien à voir avec l’UDF de Giscard. Le choc intervenu après le second tour des présidentielles était inévitable. Le positionnement actuel de François Bayrou correspond à sa pensée profonde. Sa cohérence supposait une différenciation nette d’avec l’UMP, quelqu’en soit le prix politique immédiat à payer. C’est tout à son honneur », poursuit notre confrère. Bernadette Brésard, elle, était « apolitique jusqu’à présent. Puis, une suite de hasards et une attirance pour son programme, que je trouvais intéressant, m’ont menée vers La France en Action ».

Comme nombre de candidats et de citoyens, les confrères profitent également des prochaines élections pour mettre en exergue le mode de scrutin. « Ce dernier explique pourquoi ces législatives s’annoncent redoutables, les deux grands partis, l’UMP et le PS, ayant intérêt à le maintenir autant qu’ils le peuvent, selon Alain Gribet. Une dose de proportionnelle permettrait pourtant la juste représentation des millions de Français qui ont notamment voté pour Bayrou. »

Quant aux thèmes majeurs de la campagne, il s’agit, d’après Fawaz Karimet, « des problèmes de santé, de chômage, de sécurité, d’éducation, d’alimentation, d’environnement ». « J’espère que ces enjeux seront pris en compte. J’ai un grand doute au vu de la façon dont cela a débuté. » Pascale Canivenc est pour sa part sensible au discours de La France en Action « qui veut refondre la structure du monde politique français, mais aussi du monde plus globalement. Je suis pour un changement radical et une refonte de tous les paradigmes qui supportent la civilisation. Il faut vraiment que nous revisitions les questions de l’homme, de la vie et de la planète ».

L’approche développée par les candidats vétérinaires est volontiers pragmatique

Au-delà de ces grandes thématiques, la démarche des confrères s’explique également par des préoccupations locales. Fawaz Karimet met ainsi l’accent sur deux grands projets utiles au développement économique de sa région : faire passer la Nationale 2 (qui relie Paris à Laon et se poursuit jusqu’à la frontière belge) à quatre voies et électrifier la ligne Paris-Laon/Laon-Paris.

« Mon action en tant que député de la Creuse portera en priorité sur trois points : le développement économique, la péréquation financière entre départements, indispensable pour les emplois de solidarité, et le maintien de services publics adaptés dans une ruralité où la logique comptable devient le seul critère d’analyse », développe Alain Gribet. « La solution pour maintenir un réseau suffisant de professionnels de santé dans nos zones passe par un ensemble de mesures : création de maisons médicales avec la participation financière des collectivités et la mutualisation des moyens humains et matériels, incitations fiscales fortes pour toute installation, engagement des départements au financement des trois dernières années d’études en contrepartie d’une installation de cinq à dix ans en secteur rural, aménagement des gardes impliquant des cabinets de groupe suffisamment conséquents, et permettant une certaine spécialisation. »

Du côté de la région de Claude Gatignol, « considérée comme une référence européenne en recherche environnementale », la façade maritime « est l’occasion de développer toutes les activités touristiques et de plaisance, équilibrées par ce qui se passe sur la terre ferme, puisque nous bénéficions d’un élevage de vaches productrices de lait parmi les meilleurs de France. Nous sommes aussi un grand producteur légumier ». Notre confrère garde aussi un œil sur l’agriculture (« Je ne l’ai jamais vu figée. Aujourd’hui, il faut s’adapter ») et cite par ailleurs, parmi les “fleurons” de sa région, les chevaux de compétition. L’industrie nucléaire civile et le traitement des combustibles usés y sont aussi des sujets phares, en raison notamment de la présence du centre de production nucléaire d’électricité de Flamanville, numéro un de la série des réacteurs de 3e génération. Claude Gatignol est d’ailleurs le président du Groupe d’étude d’énergie nationale. « J’ai à cœur d’aller vers l’avenir et les nouvelles technologies et de sensibiliser les citoyens contre le gaspillage énergétique. »

Bernadette Brésard multiplie aussi les projets dans le cadre de son engagement, mettant en exergue l’enseignement des biothérapies, la notion d’abattage animal sans stress et sans souffrance, l’absence d’euthanasies de connivence dans les refuges, le contrôle des naissances chez les carnivores domestiques par des vaccins ovocytaires, l’organisation de l’économie autour de la vie et non l’inverse, l’autonomie énergétique et alimentaire, l’écoconditionnalité des aides, la suppression des corridas et de la chasse à courre, le droit aux éléments naturels pour les animaux, le remplacement de l’expérimentation animale par l’euristique, etc.

La profession bénéficie d’une image positive parmi les candidats

Leur engagement politique permet aussi aux confrères de prendre du recul par rapport à la profession pour l’observer d’un regard critique, mais bienveillant. « Elle est en phase de transformation et d’évolution, constate Claude Gatignol. Le vétérinaire doit devenir un acteur conseiller de l’élevage. Dans ce domaine, il faut maintenir et cibler la prescription, ne pas la laisser partir “dans la nature” » « La qualité et la traçabilité sont des éléments de plus en plus souvent exigés par l’éleveur, poursuit notre confrère. Le vétérinaire est pourvu de son mandat sanitaire, mais doit aussi respecter le serment d’Hippocrate. Il est là en tant qu’acteur de la santé publique. La loi d’orientation agricole de 2005 a fait de l’exploitant un chef d’entreprise pourvu d’un fond agricole. Une nouvelle relation peut s’instaurer entre lui et le vétérinaire. » En outre, « les vétérinaires devraient s’impliquer encore davantage dans la rédaction des directives européennes, aux côtés des professionnels agricoles. Ils ont toute leur place ». Et abordant l’activité liée aux animaux de compagnie, Claude Gatignol mentionne l’information dont dispose aujourd’hui le client : « Dans ce domaine également, la formation de base, mais aussi continue, devient un enjeu important pour les praticiens. »

« La profession vétérinaire est de plus en plus noble, de plus en plus “sur le terrain” et vraiment à l’écoute des gens qui travaillent », estime, pour sa part, Fawaz Karimet. Il constate qu’elle a su s’adapter à l’évolution de la société. « Les confrères étaient les garants de la quantité ; ils sont aujourd’hui les garants de la qualité. Parallèlement à l’évolution de la société, ils se sont adaptés et transformés eux aussi. » D’après lui, l’écueil majeur auquel sont confrontés les praticiens est la surcharge de travail et les adaptations nécessaires à la lourdeur quotidienne des réglementations. « Mais ils ont toujours fait preuve de leur capacité et de leur facilité d’adaptation. »

Les confrères candidats aux élections législatives

Gabriel Biancheri (L 70). Né le 1er/10/1943, Drôme (26) - UMP

Dominique Bousquet (L 78). Né le 23/9/1953, Dordogne (24) - UMP

Bernadette Brésard (Liège 95). Née le 4/8/1952, Mayenne (53) - La France en Action

Pascale Canivenc (T 91). Née le 25/7/1966, Eure (27) - La France en Action

Jean-Pierre Decaie (A 67). Né le 27/3/1944, Corrèze (19) - UMP

Josiane Fischer (A 76). Née le 26/7/1952, Hauts-de-Seine (92) - Divers droite

Geneviève Gaillard (T 72). Née le 13/5/1947, Deux-Sèvres (79) - PS

Claude Gatignol (T 61). Né le 20/11/1938, Manche (50) - UMP

Alain Gribet (T 77). Né le 30/5/1954, Creuse (23) - UDF - MoDem

Fawaz Karimet (T 83). Né le 15/7/1957, Aisne (02) - PS

Jacques Lamblin (A 77). Né le 29/8/1952, Meurthe-et-Moselle (54) - UMP

Marc Lefevre (A 73). Né le 18/7/1950, Manche (50) - Divers droite

Michel Lejeune (A 71). Né le 21/8/1946, Seine-Maritime (76) - UMP

Michel Roumegoux (T 72). Né le 10/1/1948, Lot (46) - UMP

Joël Sarlot (A 71). Né le 5/7/1946, Vendée (85) - Sans étiquette

Jean Sellier (T 80). Né le 24/11/1955, Orne (61) - UDF - MoDem

Gérard Tabary (L 68). Né le 30/3/1944, Val d’Oise (95) - FN

A savoir

La liste de l’ensemble des candidats aux élections législatives dans les circonscription citées est consultable sur le Site Planete-vet.com (à la rubrique Actualités).

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