Une nouvelle arme s’ajoute à l’arsenal de lutte contre les poux rouges

Avec des pertes annuelles estimées à 130 millions d’euros, les problèmes économique, zootechnique et sanitaire des infestations des poules pondeuses par Dermanyssus gallinae (Dg) sont considérables pour la filière œuf européenne. Le coût total est évalué à 0,43 € par poule pondeuse. Nichés le jour dans des refuges inaccessibles, ces arthropodes s’invitent sur la poule, la nuit, tous les un à quatre jours, pour un repas de sang. Outre le stress provoqué par leurs piqûres, ces vecteurs potentiels d’agents pathogènes entraînent chez les pondeuses des anémies régénératives, un sommeil perturbé en raison des démangeaisons, une chute de ponte estimée entre 10 et 20 %, ainsi qu’un déclassement des œufs qui peut aller jusqu’à 14 %.

« La biologie de Dg rend la lutte complexe », a expliqué le professeur Claude Chauve, de l’école vétérinaire de Lyon, lors de la réunion organisée par le laboratoire Bayer Santé animale le 20 avril dernier, à l’occasion du lancement du Bye Mite®.Eneffet, capables de jeûner jusqu’à neuf mois à 5 °C, les adultes survivent aisément aux vides sanitaires classiquement pratiqués. Par ailleurs, ils ne peuvent être délogés à 100 % de leurs refuges par les produits chimiques et naturels, non plus que par les méthodes de dépoussiérage. L’ambiance des poulaillers permet à ces ectoparasites de se multiplier tout au long de l’année, même si les conditions printanières, estivales et automnales leurs sont plus favorables. La densité habituellement rencontrée dans les bâtiments de pondeuses serait de 25 000 à 50 000 poux par place de poule, mais jusqu’à dix fois plus dans les conditions extrêmes. Selon une enquête menée par le laboratoire pharmaceutique, les aviculteurs réalisent en moyenne, dans le cadre de la lutte contre Dg, 5,9 applications d’un traitement insecticide et/ou acaricide par an en élevage de pondeuses en cages et 4,5 applications par an en élevage au sol. Un maximum de 37 a été enregistré.

Volume, dilution et qualité de la pulvérisation sont déterminants

Bayer Santé animale est le premier laboratoire à proposer un insecticide actif sur Dg utilisable en présence des poules pondeuses avec un délai d’attente nul pour les œufs. Il s’agit du Bye Mite®, qui associe le phoxim, un composé organophosporé, et un excipient aux propriétés mouillantes. Doté d’une autorisation de mise sur le marché (AMM), sa délivrance nécessite une prescription vétérinaire. Le traitement se compose de deux applications espacées d’une semaine, à la dose de 1 l dans 250 l d’eau, pour 10 000 places de poules en cages, soit 25 ml par place de poule. « Il faut suffisamment d’eau pour atteindre les poux dans les poussières », insiste notre confrère Jean Delaporte, responsable de l’activité élevage industriel du laboratoire. En cas d’infestation importante, le premier traitement est recommandé après l’arrivée des poulettes.

Lors des essais, 98 % des poux ont été éliminés. La persistance du traitement serait de cinq mois. Aliment et œufs doivent avoir été ôtés avant la pulvérisation. Quant aux œufs pondus pendant la pulvérisation, ils doivent être éliminés. Afin d’optimiser le temps et l’application du ByeMite®, la société VICH d’Ardèche a conçu un “motopulvérisateur” adapté à sa pulvérisation sur les niches des poux, c’est-à-dire les montants métalliques, les bandes à œufs, le dessous et l’arrière des mangeoires, le tapis convoyeur de fientes. Pour les élevages de poules pondeuses au sol, posologie et méthode nécessitent d’être affinées au regard des spécificités des bâtiments.