Le décret prescription-délivrance représente-t-il une avancée positive ? - La Semaine Vétérinaire n° 1270 du 19/05/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1270 du 19/05/2007

Entre nous

FORUM

Nous allons avoir plus de travail

Vincent Legoupil, praticien à Gavray (Manche).

Ce nouveau décret nous permettra d’établir des plans thérapeutiques mieux raisonnés, notamment en prévention des infestations parasitaires et des infections intramammaires. Ils se fonderont sur des éléments précis, relevés lors de visites d’audit. Jusqu’à présent, les éleveurs n’étaient pas prêts à payer notre conseil. Nous attendons d’ailleurs une forte réaction de leur part. Des orientations pour établir notre mode de tarification nous seront utiles.

Globalement, nous devrions aussi effectuer davantage d’actes. Car, outre les visites de bilan annuel et de suivi, nous nous déplacerons pour pouvoir prescrire les traitements qui sortent du protocole de soins. Une vache qui ne rumine plus, par exemple, fera l’objet d’une visite systématique. Finalement, ce sera plus facile de respecter la réglementation et les vaches seront mieux soignées !

Evidemment, le bénéfice sera réel si chacun joue le jeu. Je pense que nous seront amenés à identifier deux types de clients : ceux chez qui nous effectuons les bilans ainsi que les actes, et ceux qui continuent à nous solliciter comme vétérinaire-pompier seulement…

Les possibilités de renouvellement de la délivrance d’une même ordonnance représentent un risque pour les vétérinaires. Mais, encore une fois, le décret est plutôt positif si tous en respectent les règles, pharmaciens et groupements inclus. Des “combines” entre pharmaciens et vétérinaires peuvent tenter les personnes malhonnêtes. Pour s’en protéger, la volonté affichée de la Direction générale de l’alimentation (DGAL) d’effectuer des contrôles dès l’automne est rassurante.

Les vétérinaires ne vont pas y gagner

Hélène Chamoux, praticienne à Die (Drôme).

Le décret ne m’enthousiasme pas. En Rhône-Alpes, la majorité des cheptels font partie de groupements. Pour leur plan sanitaire d’élevage (PSE), ceux-ci font appel à des vétérinaires libéraux, qui assurent également les audits de filière (label par exemple). Avec le décret, les éleveurs s’adresseront encore davantage à ces quelques praticiens. Car je ne vois aucune raison pour que ces derniers ne réalisent pas aussi les bilans sanitaires annuels et les suivis. Si besoin, pour respecter les quotas d’animaux, ils embaucheront des aides. Et leur activité de vente de médicaments sera même facilitée par les dispositions qui autorisent le colisage. Je ne m’attends donc pas à une augmentation de travail, au contraire. Jusqu’à maintenant, les éleveurs s’adressaient aux praticiens géographiquement proches pour les visites au quotidien et pour la délivrance de médicaments, au moins en dépannage. La nouvelle réglementation devrait moraliser nos rapports avec les éleveurs. Mais je doute que ces derniers sollicitent une visite uniquement pour obtenir des médicaments dont la prescription nécessite un examen clinique. A mon sens, les vétérinaires ne vont pas y gagner, contrairement aux pharmaciens qui bénéficieront du renouvellement des ordonnances. De plus, les contrôles des praticiens seront certainement plus fréquents et facilités par la tenue des registres d’élevage. Il est également dommage que les animaux de compagnie soient exclus des possibilités de prescription hors examen clinique. J’espère des aménagements à venir, mais sans grande conviction.

Pour que les souhaits d’évolution deviennent réalité, encore faut-il que la réglementation soit applicable

Alain Panaget, praticien à Retiers (Ille-et-Vilaine).

A priori, ce décret semble vouloir redonner une valeur à l’acte vétérinaire. Notre profession a commis l’erreur de n’avoir pas su valoriser ses actes ni son conseil. La prescription hors examen clinique rend toute son importance à l’ordonnance, trop souvent banalisée. Il faudra valoriser financièrement la prescription, et pourquoi pas envisager une baisse de la marge sur le médicament en contrepartie.

Je suis convaincu que le suivi des élevages est l’essentiel de notre métier. La loi semble ici évoluer dans le bon sens.

Mais pour que les souhaits d’évolution deviennent réalité, il faut plus qu’une réglementation. Il faut qu’elle soit applicable et appliquée, donc contrôlée. La loi de 1975 sur le médicament n’était pas appliquée. Il nous est expliqué maintenant qu’elle n’était pas applicable… Il reste donc à savoir si le décret le sera. J’attends pour cela certains éclaircissements sur sa mise en œuvre. La prescription hors examen clinique existe déjà. Le décret l’autorise, mais ses textes d’application devront être détaillés. Pourra-t-on mentionner « diarrhée de veau » dans le protocole de soins ou faudra-t-il préciser son traitement antibiotique oral ?

De même, la « surveillance sanitaire et les soins réguliers » méritent d’être précisés. En élevage bovin, repérer le vétérinaire qui les assure est aisé, car c’est celui qui intervient cliniquement au chevet de l’animal malade et qui apporte son conseil dans l’élevage. En filières, il est nécessaire que le suivi régulier soit réel : visites d’élevage avec examen clinique des animaux et réalisation d’examens de laboratoire. Ce décret et les conséquences de l’arrêt Riaucourt laissent présager de profonds remaniements dans le travail quotidien des confrères qui interviendront demain dans les productions animales.

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