Le concept de la chirurgie invasive minimale est actuellement en plein essor - La Semaine Vétérinaire n° 1270 du 19/05/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1270 du 19/05/2007

Intervention sur cheval debout

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde

Les progrès de la contention chimique et de l’analgésie augmentent les possibilités d’intervention.

Le concept de la chirurgie invasive minimale est particulièrement pertinent dans l’espèce équine, chez laquelle il est possible de réaliser des interventions chirurgicales sur animal debout à l’aide d’une contention chimique et/ou physique associée à une bonne analgésie. La pratique de la laparoscopie, de la thoracoscopie, de l’arthroscopie et même de certains actes orthopédiques sur cheval debout font l’objet de nombreux rapports publiés dans la littérature vétérinaire. Le progrès des techniques et des instruments chirurgicaux, ainsi que la formation poussée des chirurgiens, aboutissent à la réalisation d’opérations rapides, peu invasives et à faible risque, ce qui place le risque anesthésique en première position lors de l’évaluation du danger global de l’intervention. En outre, le développement récent de procédés de contention chimique et d’analgésie chez le cheval repousse les limites du type d’opérations réalisables sur cheval debout.

Une intervention debout bien gérée aboutit à une réduction du risque et du coût

La pratique de la chirurgie sur cheval debout présente des avantages attrayants. L’anesthésie générale chez le cheval s’accompagne de nombreuses complications, essentiellement cardiovasculaires et respiratoires, liées au décubitus de l’animal, ainsi qu’à la dépression centrale par les anesthésiques. De plus, elle induit un risque incontournable d’accidents lors du relever du cheval. Le maintien de la station debout lors de l’intervention chirurgicale diminue donc le risque de myosite, de myopathie, de fracture lors du réveil, et abaisse l’incidence des complications cardiorespiratoires. Le coût de l’anesthésie peut être réduit.

L’immobilisation du cheval repose cependant sur l’utilisation de molécules sédatives et analgésiques en associations plus ou moins élaborées, qui peuvent se révéler coûteuses lors d’administration prolongée. Il est aussi souvent nécessaire qu’une personne se consacre au suivi de la contention chimique pour assurer une immobilisation et une analgésie fiables et continues, surtout lorsqu’un mouvement du cheval peut endommager des instruments chirurgicaux onéreux.

Les techniques invasives a minima sur cheval debout sont généralement peu douloureuses et réclament un suivi postopératoire simple, ce qui permet de réduire le temps d’hospitalisation. Réalisés avec un maximum d’efficacité pour minimiser les risques de mouvement de l’animal, ces actes sont d’assez courte durée et présentent des complications réduites : moins d’infection du site chirurgical, moins de saignement et une douleur postopératoire réduite, ce qui limite le besoin de molécules analgésiques.

La chirurgie debout de la vessie et des organes génitaux n’est pas récente. Une longue liste de nouvelles interventions réalisables chez un cheval debout s’allonge tous les jours : cryptorchiectomie, ovariectomie, exploration et biopsies abdominales par laparoscopie, fermeture de l’espace néphrosplénique, ventriculocordectomie au laser, chirurgie endoscopique des poches gutturales, chirurgie sinusale, thoracoscopie, chirurgie ophtalmologique et dentaire. De nombreuses opérations sur l’appareil locomoteur sont aussi possibles : arthroscopie pour fracture en copeau du processus dorsal de P1 au niveau du boulet, curetage des processus épineux dorsaux lors de maladie de garrot, exérèse des fragments de métacarpiens ou métatarsiens rudimentaires fracturés, exérèse de séquestre osseux, vissage des fractures condylaires non déplacées métacarpiennes et métatarsiennes, retrait de plaques et de vis, lavage arthroscopique d’articulations infectées, etc.

Certaines interventions sont risquées, mais le réveil l’est encore davantage, comme lors de fractures condylaires des métacarpes et des tarses ou encore de fracture distale du radius. Il est possible que la chirurgie debout diminue alors les risques d’échecs et de complications catastrophiques.

Sélectionner les bons candidats à la chirurgie debout est une nécessité

L’évaluation du tempérament du cheval est une condition sine qua non pour aboutir à la décision d’une intervention sur animal debout ou couché. Tous les chevaux ne tolèrent pas bien les manipulations chirurgicales, même avec une sédation profonde et une analgésie adéquate. La combinaison de l’expérience du chirurgien et de sa dextérité avec l’éducation du cheval à être manipulé permet de choisir et d’élargir la population de chevaux candidats et la liste d’interventions réalisables sur cheval debout.

La sécurité de l’animal, du chirurgien, de son personnel et des instruments est essentielle. La gestion d’une intervention debout chez un cheval difficile peut aboutir à une perte de temps considérable et nécessiter finalement une anesthésie générale. Le confort du praticien et le bon abord chirurgical sont importants et augmentent l’efficacité et le taux de réussite de l’acte chirurgical. Les interventions debout n’apportent pas toujours ces deux qualités. Le choix de coucher le cheval peut alors permettre un positionnement idéal pour l’abord chirurgical et une intervention facilitée et confortable aboutissant à un gain de temps et de tranquillité pour le chirurgien.

L’ère de la chirurgie invasive minimale ne fait que commencer en médecine équine. Elle présente de nombreux atouts sous couvert d’apporter une immobilisation du cheval sans risque de mouvement, mais aussi sans risque de couchage intempestif.

L’utilisation de molécules sédatives et analgésiques administrées par voie systémique et le suivi de leurs effets au cours de l’acte chirurgical, ainsi que l’association de cette contention chimique avec des techniques d’anesthésies locorégionales, constituent la clé de la réussite d’une intervention sans stress et confortable pour le chirurgien et le cheval.

  • Source : Alicia L. Bertone : « Benefits and risks of standing surgery or surgery under general anesthesia », conférence présentée lors de la 7e journée européenne de l’Avef de Roissy, le 10/3/2007.

    Voir aussi : Pratique vétérinaire équine, 2003, vol. 35, numéro spécial.

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