L’emploi de l’interféron en traitement adjuvant du fibrosarcome félin semble intéressant - La Semaine Vétérinaire n° 1270 du 19/05/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1270 du 19/05/2007

Propriétés immunomodulatrices de l’interféron oméga

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Agnès Faessel

Des études préliminaires sur le traitement d’affections dermatologiques via cette molécule sont aussi menées.

L’interféron oméga présente des applications intéressantes en cancérologie, particulièrement dans le traitement des fibrosarcomes du chat. A l’occasion du symposium organisé par le laboratoire Virbac au dernier congrès Afvac de Bordeaux, Laurent Sochat, praticien à Limoges, a présenté les résultats de son expérience clinique sur le sujet. Il a en effet utilisé l’interféron oméga (Virbagen® oméga) dans le cadre du traitement de treize cas de fibrosarcome félin, tous confirmés par l’analyse histologique des pièces d’exérèse.

Pour cinq de ces cas, l’interféron est administré lors de la récidive d’un fibrosarcome antérieurement traité par la chirurgie. Le protocole consiste en l’administration d’une dose de 5 MU, répartie en plusieurs injections autour de la tumeur. Le traitement est renouvelé après trois, dix, vingt-cinq puis cinquante-cinq jours. Les effets de l’expérimentation sont jugés par le biais d’une comparaison entre l’évolution de ces cas et celle habituellement observée dans la clientèle de notre confrère. Laurent Sochat rapporte ainsi un ralentissement de l’évolution de la tumeur, mais surtout une diminution de son caractère agressif envers les tissus environnants, moins envahis.

L’administration préopératoire de l’interféron faciliterait l’exérèse

Dans les autres cas de fibrosarcome (huit), l’administration de l’interféron est réalisée dans une optique préopératoire. La même dose de 5 MU est alors injectée dix jours puis trois jours avant l’intervention, et enfin le jour même, en plusieurs points autour de la tumeur. Trois autres administrations sont effectuées dans la zone d’exérèse dix, vingt-cinq puis cinquante-cinq jours après l’acte chirurgical.

Dans quatre cas, il s’agit d’une tumeur primitive. Laurent Sochat a alors le sentiment que « les opérations semblent plus faciles » : la tumeur est moins infiltrante et l’aspect est différent de celui habituellement constaté, comme si sa vascularisation diminuait. Pour deux des chats opérés, dont l’un diabétique, aucune récidive n’a été enregistrée dans les mois suivants. Les autres chats sont décédés, l’un d’un accident survenu un an après l’intervention, l’autre par euthanasie à la suite de l’apparition d’une tumeur lombaire.

Les quatre autres cas d’administration préopératoires ont des cas récidivants. Laurent Sochat renouvelle son impression d’opération facilitée. Pour lui, « l’amélioration de la tolérance locale de la tumeur autorise une exérèse chirurgicale plus efficace ». Son attente est désormais le résultat d’études contrôlées.

Notre confrère rappelle toutefois que l’interféron n’a pas de propriété cytotoxique, donc qu’il « ne permet pas la guérison ». De tels traitements représentent par ailleurs un coût de 300 à 350 € pour le propriétaire. Ils n’ont entraîné aucun effet indésirable dans ces observations.

Maxime Albouy, responsable technique chez Virbac, associe ces résultats aux propriétés immunomodulatrices et antiprolifératives de l’interféron, qui s’ajoutent aux propriétés antivirales mieux connues de la molécule. En outre, un effet anti-angiogenèse expliquerait l’aspect avascularisé qu’adopte la tumeur avec le traitement. Selonnotre confrère, l’utilisation de l’interféronoméga comme traitement adjuvant de la thérapie chirurgicale des fibrosarcomes félins fait l’objet de publications à venir.

Toujours dans l’exploration des propriétés immunomodulatrices de l’interféron, des études préliminaires sont menées chez le chat dans des cas de prurit cervico-facial ou de pododermatite plasmocytaire, et d’autres chez des chiens atteints de dermatite atopique. Ces premières expérimentations concernent ainsi un nombre réduit de cas, sans groupe contrôle, et selon des protocoles à affiner.

Pour la dermatite atopique par exemple, Didier-Noël Carlotti, praticien à Eysines (Gironde), a rappelé les résultats cliniques positifs obtenus par l’administration de doses élevées d’interféron par voie sous-cutanée : 1 MU à raison de trois injections par semaine pendant trois semaines. Pour notre confrère, « le prix exorbitant d’un tel protocole le rend impossible en l’état ».

D’autres essais à suivre proposent donc d’étudier un protocole allégé, notamment en diminuant les doses et en différenciant des doses d’induction et de maintenance.

Des essais concernent notamment le prurit cervico-facial félin idiopathique

Dans le traitement du prurit cervico-facial félin idiopathique, l’injection de 5 MU d’interféron par animal, trois fois par semaine pendant trois semaines a été cliniquement évaluée chez six chats. Emmanuel Bensignor, praticien à Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine), explique que cinq chats ont répondu positivement au traitement, « avec une très bonne réponse dans trois cas ».

Enfin, Eric Florant, praticien à Plaisir (Yvelines), a testé l’administration du médicament chez des chats qui présentent une pododermatite plasmocytaire. Le protocole consiste en l’administration simultanée de 2 MU d’interféron in situ et 5 MU par voie sous-cutanée. Deux injections sous-cutanées de 5 MU sont réitérées, à une puis deux semaines d’intervalle.

Chez le premier chat, l’aggravation qui a suivi l’amélioration a nécessité une antibiothérapie, débutée avec la troisième administration de l’interféron (doxycycline, 40 mg/j). Ce traitement antibiotique est adopté d’emblée dans le second cas. Les chats ont présenté une guérison en quelques semaines.

Pour l’ensemble de ces applications, la prochaine étape, selon le laboratoire, est de mener des études visant à tester des protocoles adaptés à la pratique clinique et poursuivies sur le long terme.

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