Le repli de la production de viande bovine est l’un des effets de la nouvelle PAC

Dix mois seulement après le début de l’application des nouvelles modalités de la politique agricole commune (PAC), déclinée dans sa version française, il est encore un peu tôt pour en décrire les effets propres », estime l’auteur d’une étude publiée sur le site Agreste du ministère de l’Agriculture⁽¹⁾. Néanmoins, quelques changements sont observés, liés aux mesures de découplage des aides versées aux agriculteurs, appliquées début 2006 (voir encadré).

Un pic d’abattage est observé avant l’application de la PAC

Les éleveurs de bovins laitiers et allaitants ont eu tendance à anticiper certains abattages de réforme. L’objectif était de prétendre à la totalité de la prime à l’abattage (PAB) avant l’application du découplage en 2006. C’est pourquoi, en données cumulées de janvier à octobre 2005, les abattages CVJA⁽²⁾ de vaches, qui étaient en recul de plus de 9 % par rapport au niveau de 2004, ont retrouvé ce même niveau en novembre et en décembre 2005. Par contrecoup, en janvier 2006, les abattages CVJA ont été inférieurs à ceux de 2005, avant d’atteindre un seuil comparable au cours des mois suivants. « Le maintien du couplage de la PMTVA [prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes] et le couplage partiel de la PAB ne devraient pas favoriser une reprise de la production de vaches en 2006 », estime l’économiste. D’ailleurs, en cumul de janvier à août, la production de vaches reste légèrement inférieure (- 0,8 %) à celle notée en 2005.

En ce qui concerne l’élevage laitier, la France ne remplit pas son quota de production depuis trois campagnes consécutives. Néanmoins, la baisse des effectifs de vaches laitières observée en mai 2006 est relativement modérée et pourrait être compensée par la poursuite attendue de l’amélioration de la productivité laitière, d’après l’étude.

Pas de reprise de production attendue pour les mâles et les génisses

La tendance au maintien, voire à la progression du cheptel allaitant, semble se confirmer. L’un des facteurs explicatifs est la décision de garder le couplage à 100 % de la PMTVA. En mai dernier, les effectifs de vaches allaitantes avaient ainsi augmenté de 0,8 % par rapport à l’année précédente.

L’abandon de la prime spéciale bovin mâle (PSBM) et le découplage important de la PAB ne sont pas favorables à une reprise de la production de mâles, selon l’auteur. Pour les taurillons, en cumul de janvier à septembre 2006, les abattages CVJA sont en recul modéré de 0,5 % en têtes et de 1,4 % en tonnes par rapport à 2005. Pour les bœufs, la production semble se maintenir en 2006. « D’une part, le niveau élevé des cours à la production pour les taurillons, comme pour les bœufs, incite les éleveurs à commercialiser leurs animaux sans délai. D’autre part, les taurillons et les bœufs produits en 2006 correspondent à des animaux nés en 2003 et en 2004, avant que toutes les modalités d’application de l’accord de Luxembourg soient connues pour la France. » Leur cycle de production étant engagé, la seule adaptation immédiate pour les éleveurs porte éventuellement sur l’allègement des carcasses. Pour les génisses, le découplage de la PAB ne devrait pas favoriser la reprise de leur production, déjà en déclin depuis plusieurs années, selon l’économiste.

Pour le veau de boucherie, le maintien de la PAB est favorable à celui de la production. Néanmoins, ce secteur se heurte au problème de l’approvisionnement de veaux de huit jours. « La réduction continue de l’effectif de vaches laitières, et donc du nombre de veaux susceptibles d’entrer dans cette filière, contraindra à des approvisionnements extérieurs. »

• (1) « Premiers effets de la nouvelle PAC sur les élevages bovins et ovins en 2006 », Agreste conjoncture, novembre 2006.

• (2) Corrigés des variations journalières d’abattages.