Oui au gazage massif des volailles, mais selon des procédures bien standardisées - La Semaine Vétérinaire n° 1266 du 21/04/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1266 du 21/04/2007

Politiques d’abattages sanitaires

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Béatrice Bouquet

Les gaz inertes peuvent être recommandés pour des raisons d’efficacité et de bien-être animal.

Dans un contexte de montée en puissance des considérations de bien-être animal, une méthode d’abattage des volailles émerge : le gazage. Jusqu’alors connue uniquement dans le milieu professionnel de l’élevage, elle est sortie de l’anonymat via quelques images entrevues dans les journaux télévisés, illustrant les abattages massifs survenus lors des épisodes récents d’influenza aviaire hautement pathogène (28 millions de volailles ont été détruites dans ce contexte aux Pays-Bas en 2003).

Des auteurs britanniques(1) ont récemment passé en revue les avantages et les inconvénients du gazage. Ils l’ont étudié successivement en termes de bien-être et d’efficacité. Même si cette méthode évoque de sombres épisodes de l’histoire de l’humanité, les auteurs concluent à la supériorité du gazage sur toutes les autres techniques d’abattage sanitaire. Elle serait respectueuse du bien-être du manipulateur et de l’animal, à quelques conditions près.

Les gaz inertes provoquent moins de désagrément que le CO2

Le gazage est globalement rapide et peut s’effectuer sans manipulation de l’animal, d’où l’atténuation du risque de transmission des zoonoses. Divers gaz peuvent être utilisés (voir encadré). Les auteurs indiquent clairement leur préférence pour les gaz inertes en mélange, plutôt que pour l’emploi unique du CO2.

Le coût des mélanges reste “abordable”. Dans la vie courante, le mélange argon/CO2 sert à la soudure et le mélange azote/CO2 est utilisé pour la cuisson. Le coût varie selon le choix du gaz et le type d’approvisionnement. Par exemple, le gazage de volailles dans un bâtiment standard avec du gaz de cuisson coûte 12 000 £ (environ 18 130 €). Le prix est deux fois moins élevé avec le mélange argon/CO2. Le CO2 remporte la palme du gaz le moins cher (260 £, soit environ 390 €), mais il n’est pas le plus recommandable en termes de bien-être. En effet, les gaz inertes (comme l’argon) ne peuvent pas être détectés par les volatiles et provoquent moins de désagrément que le CO2 (irritation, sensation d’asphyxie).

Diverses expériences montrent la préférence des volailles pour les atmosphères avec des gaz inertes plutôt qu’avec le CO2. Les auteurs appuient même leur préférence sur des expériences chez l’homme, rapportant l’effet plaisant et hilarant des gaz inertes…

Lors de gazage, la mort des volailles survient en deux à trois minutes, selon la taille de l’animal et le mélange utilisé. Pour les volatiles les plus grands (canards, dindons), l’emploi du seul CO2 semble assez peu recommandable (tentatives de fuite, signes d’asphyxie, convulsions, etc.). Quelques essais réalisés dans les pays du Benelux avec le monoxyde de carbone font état de tentatives longues et parfois infructueuses la première fois, en raison de la difficulté à obtenir des concentrations adéquates réparties harmonieusement…

Les procédures de gazage des poulets n’ont donné lieu qu’à un faible nombre de publications. Les méthodes qui consistent à insérer chaque animal dans une sorte de caisson sont contraires au bien-être (source de stress) et risquées lors de foyer zoonotique. Les auteurs recommandent le gazage au sein même du bâtiment d’élevage. Les volatiles semblent ne pas réagir à la mortalité de leurs congénères. Les limites de cette technique sont la nécessité de procéder au gazage dans plusieurs bâtiments le même jour, car cela requiert un approvisionnement en gaz conséquent et rapide. L’équipement nécessaire pour acheminer le gaz jusque sur le site et procéder au mélange, aux concentrations adéquates, est assez lourd et peu mobile. Cela exige l’intervention de professionnels. Quelques essais de gazage au CO2 hyperconcentré issu de tanks ont mis en évidence plusieurs difficultés, car il sort alors des buses de la neige carbonique mélangée à un gaz très froid (et douloureux). Par ailleurs, une disponibilité rapide des gaz d’euthanasie nécessite une préparation, par exemple la mise en place de tanks de stockage in situ, mais le coût n’est pas négligeable. En outre, les gaz utilisés sont certes assez universels (cuisson, soudure), mais les stocks disponibles pourraient ne pas être suffisants pour faire face à une épidémie.

Les auteurs estiment qu’il est urgent de mettre en place des procédures de gazage correctement standardisées, pour la sécurité des opérateurs qui, en temps de crise, sont fatigués et agissent dans l’urgence, multipliant les risques d’atteinte à leur santé ou au bien-être des volailles en cours d’abattage.

  • (1) A.B.M. Raj et coll. : « Review of gaseous methods of killing poultry on-farm for disease control purposes », Vet. Record, 2006, n° 159, pp. 229-235.

Gaz utilisables pour l’abattage des volailles

• CO2 atmosphérique à la plus forte concentration possible.

• Mélange de gaz inertes à raison de 90 % d’argon, d’azote ou autre, et 2 % au maximum d’O2, ou bien un mélange de ces mêmes gaz dans l’air atmosphérique.

• Combinaison de CO2 à 30 % au maximum et de gaz inertes dans l’air atmosphérique (60 % au minimum).

Le monoxyde de carbone à la concentration de 4 à 6 % est utilisé en Belgique et aux Pays-Bas, mais il est interdit au Royaume-Uni pour des raisons de toxicité chez l’homme.

En général, les gaz sont apportés in situ dans des camions tanks (ou des bouteilles).

B. B.
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