La plupart des confrères sont favorables à un encadrement législatif de l’euthanasie humaine - La Semaine Vétérinaire n° 1266 du 21/04/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1266 du 21/04/2007

Entre nous

QU’EN PENSEZ-VOUS ?

Auteur(s) : Valentine Chamard

Le débat sur la légalisation de l’euthanasie est récemment revenu occuper le devant de la scène. Ses détracteurs estiment que la loi Leonetti du 22 avril 2005, qui s’oppose à l’acharnement thérapeutique, est suffisante. Selon eux, son application correcte permettrait de mieux accompagner les mourants, tout en évitant les dérives potentielles d’une légalisation de l’euthanasie. Ils estiment que la prise en charge de la douleur est la vraie problématique. Pour leur part, les partisans de l’euthanasie évoquent les lacunes de la loi actuelle, en citant notamment les cas pour lesquels les antalgiques restent sans effet.

L’avis des confrères rejoint l’opinion générale des Français

Il était légitime d’interroger les vétérinaires sur ce sujet brûlant. Les confrères et les consœurs sont en effet quotidiennement confrontés à la gestion de la fin de vie des animaux de compagnie, même s’il faut se garder de tomber dans l’anthropomorphisme. Si 13,1 % des praticiens qui se sont exprimés via un sondage sur Planete-vet.com estiment que l’euthanasie humaine ne doit pas faire l’objet d’une dépénalisation, les trois-quarts considèrent que la loi devrait prévoir une légalisation de cet acte. 10 % jugent même qu’il faut aller plus loin, en autorisant le suicide assisté, « selon le droit fondamental à disposer de son corps ».

Ces chiffres sont proches de l’opinion générale des Français sur ce thème, puisque 86 % d’entre eux se déclarent favorables à une modification de la loi afin de permettre à une personne en phase terminale d’une maladie incurable d’obtenir, à sa demande, une assistance médicale pour mourir. En outre, 77 % des personnes interrogées estiment que cette aide active à mourir doit être autorisée pour un individu placé dans un état de dépendance qu’il estime incompatible avec sa dignité (sondage Sofres). Parmi les confrères qui se prononcent pour une dépénalisation, certains affirment leur opinion sans retenue. « Heureusement que nous disposons, nous, vétérinaires, du Doléthal®, pour nous-mêmes ou nos proches », « La France est vraiment en retard en la matière », déclarent ainsi deux d’entre eux. D’autres, la majorité, estiment que cette mesure doit rester exceptionnelle, à envisager au cas par cas et être rigoureusement encadrée pour éviter les dérives. « Avec des protections juridiques et en nommant une commission composée de trois médecins et de trois magistrats », suggère ainsi un praticien. Parmi les opposants à la légalisation de l’euthanasie, une consœur s’appuie sur son expérience de praticienne pour expliquer sa position : « Quand nous constatons les dérives dans nos clientèles (le chien dont le propriétaire veut se débarrasser parce qu’il prend de la place), cela incite à protéger nos aïeux des envies d’héritage anticipé de leurs descendants. » Et un confrère de conclure : « C’est un débat sans fin, quels que soient les arguments, toutes les positions sont défendables. »

réactions Internet

Respecter le désir et la dignité du patient

L’euthanasie devrait être pratiquée quand le patient en fait la demande, mais après concertation avec la famille et l’ensemble du personnel médical. A notre époque, il est inconcevable que nous laissions mourir dans des souffrances atroces des personnes atteintes de maladies incurables. Il est primordial de respecter le désir de l’individu et, surtout, sa dignité. Accompagner un patient ou un ami dans cette décision est la dernière preuve de compassion et d’amour qui peut lui être apportée.

Franck Dupraz

Des leçons à apprendre de nos voisins

La souffrance est aussi intolérable chez l’animal que chez l’homme. Il reste aux vétérinaires à améliorer leurs traitements en termes de douleur, l’euthanasie ne devant pas être utilisée « trop vite ». Chez l’homme, le contrôle de la douleur a fait des progrès phénoménaux ces dernières années. Mais des douleurs inacceptables persistent, qui ne peuvent prendre fin qu’avec la mort… Dans de tels cas, autant assister le patient, dans un contexte légal clair et précis. Nous avons des leçons à tirer auprès des Belges et des Suisses.

Christian Schirvel

Est-il vraiment nécessaire de légiférer ?

En médecine vétérinaire, l’euthanasie est un acte « humanitaire » (animaux gravement accidentés ou âgés et souffrants) et/ou économique chez les bovins (les abattages « d’urgence » n’étant plus réalisables). En tant que praticiens, nous agissons toujours après concertation et avec l’accord des propriétaires. En ce qui concerne l’homme, le problème me semble vraiment trop complexe pour ne laisser que trois possibilités de réponse dans ce sondage. Le droit à la vie est sacré, le droit à la mort sans souffrance et dans la dignité l’est tout autant. Aussi, je pense qu’il s’agit d’un problème à gérer par une équipe médicale, en accord avec le patient (si ce dernier est lucide), ou sa famille. Dès lors, faut-il encore légiférer ?

Alain Jonchère
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