Air Liquide Santé fait de l’oxygène médical un médicament avec AMM vétérinaire

Les gaz médicaux (comme l’oxygène médical) sont des médicaments, et même des médicaments vétérinaires lorsqu’ils sont commercialisés en vue d’une inhalation chez les animaux. Le décret “établissements pharmaceutiques” de 2003 est venu rappeler aux laboratoires pharmaceutiques humains l’interdiction de livrer de tels gaz directement aux vétérinaires, même si cette pratique est encore assez répandue aujourd’hui. En outre, contrairement aux autres médicaments humains, la plupart des pharmacies ne peuvent pas délivrer ces gaz médicaux sur prescription, en raison de leurs conditions de stockage, de transport et de la nécessité de collecter les bouteilles vides auprès des utilisateurs, et non seulement de les livrer.

Face à cette situation, les praticiens n’avaient pour seul choix que de laisser mourir les animaux en réanimation par manque d’oxygène, ou de s’approvisionner via des circuits illicites. Curieusement, il était alors devenu plus facile de s’approvisionner en oxygène industriel non médical, sans la garantie d’une qualité pharmaceutique. Pourtant, le stockage et le transport de ces bouteilles sont potentiellement dangereux. Le directeur général d’Air Liquide Santé, Frédéric Lamouroux, a donc fait le choix courageux et difficile d’investir dans l’octroi d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) vétérinaire pour son oxygène médical. En effet, le marché vétérinaire pèse pour moins de 1 % dans les ventes d’Air Liquide Santé et sans doute moins de 0,1 % dans celles de l’ensemble du groupe.

L’AMM européenne est d’emblée valable dans vingt-sept pays de l’Union

L’investissement financier est aujourd’hui déjà récompensé par la première AMM européenne obtenue pour un gaz médical. En effet, l’Agence européenne du médicament a accepté de considérer ce médicament comme innovant pour permettre à la Commission européenne de lui octroyer, le 20 décembre 2006, une AMM d’emblée valable dans toute l’Union européenne à vingt-sept.

C’est en France que ce médicament vétérinaire est, pour la première fois, disponible. Sous la marque Anicare®, il est présenté en deux bouteilles : la petite (15 l) contient 3 m³ d’oxygène (au prix d’environ 40 € sans l’emballage) et la plus grande (50 l) 10 m³ (pour 60 € sans l’emballage). Ces bouteilles ont été adaptées aux spécificités vétérinaires en termes de régulation de la pression et de levier d’ouverture, afin d’éviter en outre la confusion avec l’oxygène médical humain.

Les commandes de bouteilles ne passeront pas par les centrales

Inhabituel aussi, ce médicament ne sera pas distribué par les centrales. Car le transport des bouteilles est considéré comme dangereux et le transporteur doit assurer le retour des “consignes”, et non uniquement la livraison. La flottille de camions d’Air Liquide, qui distribue déjà ces bouteilles aux établissements de santé (hôpitaux, cliniques, etc.), les livrera et assurera leur collecte auprès des vétérinaires à partir de six dépôts répartis en France.

Les commandes devront être réalisées à partir du portail web sécurisé d’Air Liquide Santé, qui devrait être ouvert aux vétérinaires dans les prochains jours. En outre, les bouteilles de protoxyde d’azote, médicament humain réservé à l’usage hospitalier et depuis peu accessible aux confrères, pourront aussi être commandées sur ce site Internet. Les accidents anesthésiques constituent toujours l’un des motifs fréquents de mise en cause de la responsabilité civile vétérinaire. Désormais, la carence en oxygène médical ne pourra plus être évoquée pour justifier une réanimation déficiente.