Les publicités alimentaires version “régime light” ne séduisent pas les vétérinaires

Pour votre santé, mangez au moins cinq fruits et légumes par jour… Pratiquez une activité physique régulière… Evitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé… Evitez de grignoter entre les repas. » Après nous avoir avertis que « fumer tue » et que « l’abus d’alcool nuit gravement à la santé », un récent décret⁽¹⁾ impose maintenant des messages sanitaires dans les publicités alimentaires, quel que soit leur support. L’Etat entend ainsi s’attaquer à la “malbouffe”. La France compte en effet près de 20 millions de personnes en surpoids, dont 5,9 millions d’obèses, selon une enquête publiée en septembre dernier⁽²⁾.

45 % des confrères et des consœurs interrogés via Planete-vet considèrent cette mesure inutile, dénonçant pêle-mêle la furtivité du message, une culture de l’assistanat pour les uns, de l’interdit pour d’autres, ou encore le moyen, pour les annonceurs, de se donner bonne conscience. Par ailleurs, que signifie « trop sucré » ou « trop salé » ? « Le goûter est-il un grignotage hors repas ? », s’interrogent aussi les 20 % des praticiens qui estiment que ce genre de messages publicitaires n’est pas assez explicite.

Pour Alain Bazot, président de l’Union fédérale des consommateurs (UFC) Que choisir, ces insertions sont une « galéjade ». Il a présenté à la presse, le 26 février dernier, une étude⁽³⁾ réalisée auprès de quelque sept cents consommateurs pour illustrer ses propos. Dans celle-ci, l’UFC Que choisir a inséré un message sanitaire dans une publicité télévisée pour des céréales du petit-déjeuner. Les résultats indiquent que près de la moitié (48 %) des personnes interrogées (57 % d’enfants et 38 % de parents) « ne l’ont pas vu ». Parmi celles qui l’ont vu, seulement 17 % des adultes et 11 % des enfants évoquent son contenu.

Selon le président de l’UFC Que choisir, « au lieu d’accumuler des “mesurettes” à l’efficacité douteuse, les pouvoirs publics devraient sortir de leur incohérence qui consiste à autoriser le matraquage publicitaire pour des produits dont, par ailleurs, ils demandent de réduire la consommation ». Mais il faut dire que le gâteau est alléchant : l’alimentation est l’un des principaux secteurs du marché publicitaire français, avec près de 8 % des investissements médias en 2006, soit environ 1,7 milliard d’euros bruts, selon l’institut TNS Media Intelligence. La publicité dans le domaine du pet food sera-t-elle bientôt touchée par des messages sanitaires ? A quand des annonces comme « pour sa santé, respectez les doses de croquettes préconisées » ou encore « pour sa santé, faites-lui pratiquer une activité physique régulière » ?

• (1) Décret n° 2007-263 du 27/2/2007 relatif aux messages publicitaires et promotionnels en faveur de certains aliments et boissons et modifiant le Code de la santé publique, paru au Journal officiel le 28/2/2007.

• (2) Enquête ObePi 2006.

• (3) www.quechoisir.org