Les évolutions sociétales en matière de mode de vie prédisposeraient à l’obésité - La Semaine Vétérinaire n° 1265 du 07/04/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1265 du 07/04/2007

Santé humaine. L’obésité est-elle une maladie ?

Actualité

Auteur(s) : Carole Ballin

Aux changements des modes alimentaires s’ajoutent les effets de la sédentarisation.

L’obésité humaine est-elle une maladie ou une adaptation ? Arnaud Basdevant, responsable du pôle “endocrinologie, métabolisme, nutrition” à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, a soulevé cette question quelque peu provocante lors du symposium organisé par Janssen, le 8 mars dernier à Paris(1).

Avant de s’intéresser aux facteurs déterminants de l’obésité, il a commencé par la définir. C’est Hippocrate qui en a donné la première définition : « La mort subite est plus fréquente chez ceux qui sont naturellement gras que chez le maigre. » Adolphe Quetelet, fondateur au XIXe siècle de la statistique médicale moderne, est à l’origine de la notion d’homme moyen. L’indice de masse corporelle (IMC), qui désigne le rapport entre le poids et la taille au carré, voit le jour. Au début du XXe siècle, les compagnies d’assurances établissent des courbes de risque et mettent en lumière divers facteurs tels que le tabac, le cholestérol, l’hypertension artérielle ou encore l’obésité. Cette dernière, peu fréquente à l’époque, est alors négligée par le corps médical. En 1960, elle est définie par un IMC supérieur à 30. Mais si l’indice est fiable pour définir globalement les populations, il est peu performant au niveau individuel. La masse grasse n’est en effet pas mesurée. Ce n’est qu’en 1997 que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) associe l’obésité à une maladie qui a des « inconvénients somatiques, psychologiques et sociaux ».

L’obésité connaît un développement épidémique mondial

L’obésité devient un problème de santé publique, à la fois pour des raisons épidémiologiques et économiques. A partir des années 80, elle se développe aux Etats-Unis de façon exponentielle. La pandémie, mondiale, touche également les pays en voie de développement. A partir des années 90, l’obésité est un véritable problème de santé publique, qui coûte plus cher que les autres fléaux comme l’alcoolisme ou encore le tabagisme… La surconsommation médicale chez une personne obèse est estimée à 30 %. Parallèlement, les bases physiopathologiques de cette affection, avec l’identification des gènes qui codent “l’hormone de la satiété” (la leptine), la dépense énergétique ou les réserves lipidiques sont découvertes.

L’augmentation de la masse grasse résulte d’un accroissement de la taille des adipocytes, avec une accumulation de triglycérides, ou de leur nombre, voire des deux. L’hypertrophie précède généralement l’hyperplasie. Selon l’hypothèse de “la taille critique”, il existerait une taille cellulaire maximale. Au-delà de cette dernière, la cellule adipeuse “recrute” un nouveau préadipocyte et c’est ainsi que le nombre d’adipocytes augmente. En revanche, une fois différenciées, les cellules ne retournent pas au stade de précurseurs. L’hyperplasie semble alors irréversible. Cela explique pourquoi, au-delà d’une certaine ampleur et d’une certaine durée, le retour au poids antérieur n’est plus possible.

Parallèlement à ce développement de tissu adipeux, des phénomènes d’inflammation et des désordres hormonaux apparaissent. L’obésité est significativement associée à l’hypertension artérielle, au diabète, aux hyperlipidémies, aux insuffisances coronaire, cardiaque et respiratoire, à la lithiase biliaire, aux affections ostéoarticulaires et à certains cancers.

La prévalence de l’obésité est influencée par des facteurs sociaux et économiques

Selon Arnaud Basdevant, les environnements nutritionnel, mais aussi familial et social, s’associent aux évolutions économiques et aux modes de vie pour favoriser l’obésité chez les individus prédisposés. Les populations pauvres sont les plus vulnérables. Il existe en effet une relation inverse entre le niveau de formation et de revenus et la prévalence de l’obésité. L’offre, la disponibilité et la densité calorique des aliments dépasse largement nos besoins. La proportion des “maxi size” et autres “big mac” ne cesse d’augmenter. Par ailleurs, les dépenses énergétiques diminuent.

Ainsi « la prise de poids est-elle un phénomène pathologique ou, au contraire, une modalité d’adaptation physiologique aux évolutions des modes de vie ? », s’interroge Arnaud Basdevant. Comment, en effet, échapper à une prise de poids dans un contexte de sédentarisation et de disponibilité alimentaire ? L’augmentation de la masse grasse, qui entraîne une hausse de la dépense énergétique nécessaire, pourrait alors être considérée comme une adaptation. Selon l’orateur, si l’excès de matière grasse n’avait pas de conséquences sur la santé et si la société était plus tolérante à la diversité des formes, l’obésité pourrait être considérée comme un nouvel état homéostatique permettant une augmentation des dépenses énergétiques. Mais nous baignons dans une culture de masse qui idéalise la “minceur”. Les personnes obèses subissent une stigmatisation forte en raison de jugements de valeur, à la fois individuels et culturels. Science, dans un éditorial en 2003, titrait « A war on obesity, not the obese » pour mettre en exergue le problème.

  • (1) « L’obésité et le surpoids sont-ils des maladies ? », symposium Janssen du 8/3/2007, à l’occasion du lancement de Yarvitan®.

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