Fort-Dodge mise sur la métaflumizone pour réussir sur le marché canin et félin - La Semaine Vétérinaire n° 1265 du 07/04/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1265 du 07/04/2007

APE. Nouveaux spot-on antipuces et antitiques

Actualité

Auteur(s) : Eric Vandaële

La nouvelle gamme Promeris® ne peut être délivrée que sur ordonnance vétérinaire.

En France, Fort-Dodge n’arrive qu’au treizième rang des laboratoires sur le marché des animaux de compagnie. Cette place est bien en retrait par rapport à la cinquième place globale qu’il occupe dans le classement mondial, avec un chiffre d’affaires de 861 millions de dollars. Notre confrère Jean-Marc Zeil, directeur de la filiale française, mise donc sur l’innovation, « et non sur les génériques », pour développer son activité. Cette année, l’accent est surtout mis sur les animaux de compagnie, avec le lancement de la gamme Promeris® qui se décline en sept spot-on antiparasitaires externes (APE), cinq pour les chiens (Promeris® Duo) et deux pour les chats. Pour cela, l’équipe “animaux de compagnie” s’est considérablement étoffée, avec une force de vente spécifique de seize délégués soutenue par deux chefs de produits. Le marché des APE (80 millions d’euros) est aussi celui qui a connu la plus forte croissance en 2006 (9 %) avec une prédominance de la gamme Frontline® (77 % des ventes), suivie par Advantix® (Bayer).

Un nouveau composé jamais utilisé en tant qu’insecticide vétérinaire

La gamme Promeris® dispose d’un atout majeur : une nouvelle molécule insecticide, la métaflumizone, de la famille des semicarbazones, inédite en médecine vétérinaire. La métaflumizone agit comme un antagoniste des canaux sodiques, d’où le terme d’insecticide inhibiteur du canal sodique (IICS). Elle bloque ainsi le cheminement de l’influx nerveux le long des axones en empêchant la progression de la dépolarisation ionique (entrée de sodium). Elle perturbe donc le fonctionnement du système nerveux et provoque ainsi la paralysie et la mort des insectes.

L’Agence européenne du médicament (EMEA), qui a évalué cette nouvelle molécule, souligne aussi « une faible toxicité de la métaflumizone et l’absence de résistance de ce composé, jusqu’à présent jamais utilisé comme insecticide vétérinaire ». Selon l’EMEA, la métaflumizone est rapidement distribuée à la surface de la peau et dans les poils, mais peu résorbée par la peau. Son action n’est pas systémique. Les concentrations maximales dans les poils sont atteintes en un à deux jours chez le chat et en deux à sept jours chez le chien. Elles persistent pendant cinquante-six jours, ce qui est « cohérent avec les études en laboratoire » qui montrent une activité pendant huit semaines.

Pour la première fois, l’amitraz entre dans la formulation d’un spot-on pour chien

Chez le chien, la métaflumizone est associée à l’amitraz, acaricide de référence, pour élargir son activité aux tiques (Rhipicephalus, Dermacentor, Ixodes, etc.), d’où le nom de Promeris® Duo. C’est aussi la première fois que l’amitraz est formulé en spot-on : sa distribution pharmacocinétique est décrite par l’EMEA comme similaire à celle de la métaflumizone chez le chien.

Les nouveaux spot-on sont indiqués chez les chiens et les chats à partir de huit semaines, « chiots des races naines inclus », souligne Valérie Vouligny, chef de produit. Les rémanences mentionnées dans les résumés des caractéristiques des produits (RCP) sont de six semaines contre les puces et de quatre semaines contre les tiques. Des infestations expérimentales montrent une efficacité supérieure à 95 % contre les puces et à 90 % contre les tiques, durant les temps de rémanence indiqués.

Une étude montre aussi que les bains répétés, à partir de quarante-huit heures après l’application, sont peu susceptibles d’affecter l’efficacité du spot-on chez le chien. Ainsi, le RCP indique que « le médicament demeure efficace sur un chien mouillé », mais recommande toutefois « d’éviter une exposition prolongée et intense à l’eau » durant les vingt-quatre heures qui suivent l’application.

Les deux spot-on ne sont pas, pour le moment, indiqués chez les femelles gestantes ou allaitantes. Cependant, « les études chez les rats et les lapins ne montrent aucun effet tératogène ou toxique », indique l’EMEA. La précaution devrait être levée, à l’avenir, grâce à de nouvelles données d’innocuité.

Jusqu’à 50 kg, une seule pipette, appliquée en un point unique, est suffisante. Il est conseillé d’éviter le léchage, mais la métaflumizone n’étant pas appétente, les animaux n’ont pas tendance à se lécher eux-mêmes ou entre eux pour les chats. En cas de léchage, une hypersalivation de quelques minutes peut être observée. « Ce n’est pas un signe de toxicité », indique le RCP. Aucun effet secondaire n’est noté lors de surdosage pour les chiens et les chats traités à sept reprises à quinze jours d’intervalle (trois à cinq fois la dose). Toutefois, même s’ils n’ont pas été observés avec ces spot-on, « les effets secondaires de l’amitraz par voie orale sont connus » et, pour la plupart, reliés à un effet α2-agoniste (sédation, léthargie, dépression du système nerveux central, dépression cardiorespiratoire). Ces signes transitoires (vingt-quatre heures) peuvent être combattus par un α2-antagoniste, l’atipamézole, à raison de 0,2 mg/kg par voie intramusculaire (Antisedan®).

La vente libre de ces nouveaux spot-on, en jardinerie par exemple, est interdite

Par rapport aux APE plus anciens, les deux spot-on sont des médicaments « sur prescription », inscrits sur la liste I des substances vénéneuses. Ils ne peuvent donc pas être délivrés par des pharmaciens sans ordonnance vétérinaire. Ils ne seront pas accessibles aux jardineries, aux toiletteurs et, de manière générale, aux circuits en vente libre. Pour Valérie Vouligny, c’est un atout pour le produit et pour les praticiens. Car « le vétérinaire est et doit rester au cœur de la prévention des puces et des tiques. Il est le seul capable d’apporter le conseil d’après le climat, l’environnement ou une affection sous-jacente telle que la dermatite par allergie aux piqûres de puces ».

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