Les tests immunologiques rapides sont un plus dans le diagnostic au chevet de l’animal - La Semaine Vétérinaire n° 1262 du 24/03/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1262 du 24/03/2007

Matériel médical

Gestion

S’ÉQUIPER

Auteur(s) : Raphaële Dupré

Lors d’une suspicion de maladie infectieuse ou parasitaire, des examens complémentaires sont nécessaires afin de confirmer le diagnostic.

Même si la confirmation du diagnostic ne change pas fondamentalement le traitement, elle peut être importante d’un point de vue épidémiologique, pour éviter de nouvelles contagions, par exemple, notamment dans le cadre des élevages.

Ces examens complémentaires sont du ressort du laboratoire d’analyse, mais les délais d’obtention des résultats varient beaucoup selon les structures concernées et leur éloignement géographique. Forts de cette constatation, les laboratoires vétérinaires ont développé depuis quelques années un grand nombre de tests rapides et fiables, à utiliser au chevet de l’animal. Ces tests reposent sur les mêmes méthodes de détection que celles mises en œuvre en laboratoire, mais leur mode d’emploi simplifié permet de les utiliser à la clinique et d’obtenir une réponse rapide et fiable dans la plupart des cas.

Les tests de détection du virus du FeLV sont les plus connus

La leucose féline (feline leukemia virus ou FeLV) est l’une des premières infections qui a bénéficié de la mise au point d’un test rapide. Ce rétrovirus de répartition mondiale est particulièrement endémique dans les populations de chats qui vivent en collectivité ou chez ceux qui ont un grand nombre de contacts rapprochés. La transmission se fait principalement par la salive et les sécrétions nasales, par morsure ou par léchage notamment. Les individus virémiques persistants constituent des porteurs chroniques du virus et la principale source d’infection. La séroconversion avec élimination de l’agent pathogène est possible à la suite de la virémie, mais le passage à l’infection chronique s’accompagne du développement de syndromes, prolifératifs (lymphosarcome, leucémie) ou non (anémie, immunosuppression), qui conduisent à la mort.

Outre le diagnostic de l’infection elle-même, évaluer la séropositivité des chats présente un intérêt en élevage et avant la vaccination, dès l’âge de huit semaines (en tenant compte de l’immunité maternelle). Les tests immunologiques rapides permettent de réaliser ce dépistage au cours de la consultation, sans délai.

En pratique, plusieurs méthodes, directes ou indirectes, sont utilisées par les laboratoires. Elles nécessitent une prise de sang, l’échantillon contenant du sang total sur acide éthylène-diamine-tétra acétique (EDTA) ou héparine, du sérum ou du plasma, en faible quantité, ce qui permet de réaliser des tests même lorsque le prélèvement sanguin n’est pas abondant (prise de sang difficile). Trois techniques sont principalement utilisées : l’immunomigration rapide, l’immuno chromatographie et le test Elisa (Enzyme Linked Immuno Sorbant Assay), utilisé notamment pour le dépistage du Sida en médecine humaine.

Les sources de faux positifs ou négatifs sont à connaître

Le test Witness® FeLV (laboratoire Synbiotics) utilise la méthode de l’immunomigration rapide. L’échantillon testé est mis en contact avec des particules d’or colloïdal sensibilisé (contenant des anticorps monoclonaux dirigés contre la protéine de capside P27 du virus). Le complexe formé migre sur une membrane, avant d’être capturé dans une zone réactive au niveau de laquelle sa concentration provoque la formation d’une bande de couleur rose. Une bande de contrôle, à l’autre extrémité, permet de s’assurer que le test a été correctement effectué (bande témoin). En cinq minutes, il donne une réponse claire, à condition, bien entendu, qu’il soit valide (test non périmé, sans erreur de manipulation, dans de bonnes conditions de conservation, etc.) et non source d’erreurs d’interprétation en raison d’anticorps interférants (immunité maternelle, vaccination, etc.), d’une mauvaise spécificité (réaction croisée avec un autre microorganisme), d’une mauvaise sensibilité, réalisé trop précocement (incubation), etc.

Les sources de faux positifs et de faux négatifs ne sont pas à négliger et l’interprétation correcte d’un test suppose de bien connaître les modalités d’infection et la biologie du virus.

L’aspect pratique des tests dépend en partie de leur conservation au froid ou non

Le Speed® FeLV (laboratoire BioVetoTest) utilise, quant à lui, une méthode immunochromatographique sur membrane. Elle fait appel à des anticorps monoclonaux dirigés contre un épitope de la capside P27 du virus. Ce test bénéficie de bonnes sensibilité (89,6 %) et spécificité (98,1 %) et il est relativement rapide (délai de lecture de quinze minutes). D’autre part, comme le test Witness®, il présente l’avantage de se conserver à température ambiante et d’être par conséquent immédiatement utilisable après le recueil de l’échantillon sanguin.

Ce n’est pas le cas du test Snap® FeLV (laboratoire Idexx) qui, lui, se conserve au froid et nécessite de ramener le kit à température ambiante avant son utilisation (ce qui peut prendre deux heures). Néanmoins, ce test rapide est le plus fiable. Il utilise la même méthode Elisa que celle employée en médecine humaine pour la détection de la séropositivité au virus de l’immunodéficience (HIV). Après la remise à température ambiante, la réponse au test est obtenue en une dizaine de minutes. Ce test bénéficie d’une excellente sensibilité et spécificité (99,9 % pour les deux). Il est le plus fiable dans sa catégorie, mais aussi le plus cher.

De nombreuses maladies, infectieuses ou parasitaires, bénéficient de tests rapides

A l’instar des tests développés pour la recherche de l’infection par le FeLV, les laboratoires en ont élaboré pour la plupart des maladies infectieuses et parasitaires des carnivores domestiques, mais aussi des chevaux.

Sur le modèle du test FeLV, il existe le FIV, le duo FeLV/FIV, mais aussi des tests Giardia, parvovirose, ehrlichiose, maladie de Lyme, dirofilariose, leishmaniose, péritonite infectieuse féline, maladie de Carré, coronavirus, brucellose, chlamidiose, etc. Chacun d’eux utilise les mêmes techniques immunologiques que le test FeLV pour le laboratoire concerné.

Ainsi, plus récemment, des tests permettant de détecter les Giardia dans les matières fécales sont apparus. Cette parasitose touche de nombreuses espèces, en particulier les veaux âgés de huit jours à six mois et les carnivores domestiques âgés de six semaines à cinq mois. Elle se manifeste par un syndrome de mal absorption-maldigestion, avec des symptômes variables selon les espèces (retard de croissance chez les jeunes bovins, dont l’enjeu économique est important, troubles du comportement alimentaire chez les chiots et les chatons, diarrhée chronique chez les chats âgés, etc.). Le diagnostic doit, quelle que soit l’espèce concernée, être réalisé dans le temps, car l’excrétion des ookystes est intermittente. Plusieurs prélèvements, à quarante-huit heures d’intervalle, sont préconisés. La méthode classique de détection des ookystes est la technique de flottation, qui donne des résultats moyens. Les tests rapides, qui détectent directement les antigènes des ookystes dans un échantillon de selles, sont beaucoup plus fiables, rapides et faciles d’emploi. Il permettent ainsi une meilleure détection de cette affection qui nécessite plusieurs prélèvements chez un même animal ou chez plusieurs animaux d’un même élevage, et qui est régulièrement sous-diagnostiquée, notamment chez les carnivores domestiques.

De la même façon, la recherche directe du virus de la parvovirose dans les selles permet un diagnostic rapide, adapté au délai de suspicion de cinq jours de ce vice rédhibitoire. Toutefois, la vaccination à virus vivant modifié doit être prise en compte en raison de l’excrétion virale résiduelle dans les selles pendant quatre à dix jours. Dans ce cas précis, le test rapide devra être couplé à une recherche de séroconversion en laboratoire.

Le choix des tests à acquérir n’est pas le même pour chaque praticien

Le choix d’un test dépend de nombreux paramètres : la technique utilisée, la fiabilité, la facilité d’emploi, le délai d’obtention des résultats, le mode de conservation, mais il sera choisi avant tout selon les besoins. Les différentes possibilités, en termes de prix et de nombre de tests par lot, sont importantes à considérer. Il ne sert évidemment à rien de stocker cinquante tests leishmaniose au nord de la Loire, mais acheter dix tests FeLV périmés dans un an n’est pas judicieux si le vétérinaire ne pratique pas de test systématique avant la vaccination ou s’il ne s’occupe pas de chatterie au sein de sa clientèle. C’est pourquoi les tests proposés en petites quantités (cinq tests le plus souvent) peuvent être plus intéressants dans certaines circonstances. A contrario, en zone endémique, pouvoir acheter cinquante tests leishmaniose et diminuer ainsi le coût de fonctionnement est un avantage.

Les tests immunologiques de diagnostic rapide présentent un intérêt évident. Même si un résultat douteux ou non corrélé à la clinique peut rendre le recours au laboratoire incontournable, l’acquisition raisonnée des tests, selon la clientèle et la situation épidémiologique de la région, est indispensable.

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