Les prostatites ne sont pas toutes d’origine infectieuse - La Semaine Vétérinaire n° 1262 du 24/03/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1262 du 24/03/2007

Reproduction canine

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ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Alexandre Balzer

Lors de suspicion de prostatite, un examen clinique et des examens complémentaires sont réalisés avant toute prescription d’un traitement.

Les prostatites, qui se définissent comme une inflammation du parenchyme prostatique, sont des affections courantes chez le chien mâle entier. L’idée défendue par certains auteurs selon laquelle elles sont presque toujours dues à une infection est inexacte. En effet, seulement un tiers d’entre elles ont une origine infectieuse. Le diagnostic de certitude est cependant parfois difficile à réaliser.

Une conférence de notre confrère Xavier Lévy, présentée dans le cadre du congrès 2006 de l’Afvac, à Bordeaux, a fait la synthèse des différentes méthodes diagnostiques disponibles (à la suite d’une étude réalisée à l’école vétérinaire d’Alfort l’an passé sur quarante-cinq chiens) afin de proposer le traitement le mieux adapté.

70 % des prostatites infectieuses sont dues à une seule bactérie

Les prostatites constituent la principale affection de l’appareil reproducteur du mâle. L’atteinte majeure de la prostate est l’hyperplasie bénigne. En effet, plus de la moitié des chiens âgés de plus de cinq ans en souffrent. Elle représente un terrain d’inflammation chronique et d’infections secondaires. Ainsi, la plupart des prostatites sont consécutives à une infection ascendante à partir de la flore urétrale (plus rarement par les testicules et les épididymes). Elles peuvent être de formes aiguës ou chroniques, ces dernières étant les plus fréquentes. Les bactéries les plus souvent retrouvées sont aérobies, plus rarement anaérobies. Par ailleurs, plus de 70 % des prostatites infectieuses sont dues à un seul type de bactérie. Les plus couramment observées lors de bactériologie sont Escherichia coli, Streptococcus intermedius, Pseudomonas aeruginosa et Streptococcus canis. Elles restent sensibles aux quinolones (98 % des cas avec la marbofloxacine, 95 % des cas pour l’enrofloxacine), mais le sont peu vis-à-vis de la céfalexine (moins de 60 % des cas). L’antibiothérapie, une fois le caractère infectieux déterminé, s’envisage toujours sur une longue durée (de quatre à six semaines). Les symptômes sont plus marqués lors de prostatites aiguës.

Dans 48 % des cas, des signes généraux sont observés (abattement, hyperthermie, léthargie, douleur abdominale, boiterie des postérieurs, etc.) et, dans une moindre mesure, des symptômes digestifs (dysorexie, anorexie, constipation, dans 37 % des cas) et urinaires (26 % des cas). Ces derniers consistent principalement en une hématurie intermictionnelle, une pyurie, une dysurie, etc. Le toucher rectal est rarement douloureux, mais il permet fréquemment de palper un organe asymétrique et hétérogène. En revanche, l’absence de douleur n’est pas un signe d’exclusion de prostatite.

Les prostatites chroniques s’accompagnent de symptômes plus frustes, voire absents. Une perte de spermatozoïdes entre les mictions, des atteintes chroniques du bas appareil urinaire (26 %) et des troubles digestifs (37 %) sont notés. L’examen clinique reste donc primordial lors d’une suspicion de prostatite. Mais en aucun cas il ne permet de distinguer une prostatite chronique d’une hyperplasie bénigne ou encore d’un processus tumoral.

L’échographie permet de confirmer la suspicion clinique d’une affection de la prostate

Le praticien peut réaliser de nombreux examens complémentaires. La numération globulaire et la formule sanguine ne mettent aucune modification spécifique en évidence. Comme lors de toute inflammation, une leucocytose par neutrophilie est notée.

La biochimie sanguine ou du liquide séminal, pour sa part, n’apporte aucun élément déterminant. Il n’existe aucune différence avec un chien sain.

L’examen échographique de la prostate et de tout le système urinaire permet d’affiner le diagnostic et de confirmer, dans bien des cas, une suspicion clinique. L’examen des nœuds lymphatiques (surtout iliaques et lombo-aortiques) doit faire partie de l’examen échographique. Xavier Lévy affirme que la détection d’une prostate modifiée, associée à une hypertrophie de ces nœuds lymphatiques, est souvent le signe d’un processus inflammatoire de la prostate en cours.

Un examen cytologique du liquide recueilli par massage prostatique permet d’établir un diagnostic d’exclusion, avec une bonne fiabilité. En effet, une cytologie normale de la semence permet d’exclure une prostatite dans plus de 80 % des cas. Par ailleurs, l’examen cytologique de la semence est un bon indicateur de l’inflammation prostatique, mais pas nécessairement d’une infection (50 % de faux positifs). Lors d’une infection urinaire, il est normal de retrouver un nombre important de bactéries dans le prélèvement. La ponction prostatique, même sous guidage échographique, n’est pas conclusive (trop de faux positifs).

En cas de prostatite sans signe urinaire, la biopsie est l’examen de choix

En l’absence de signe clinique d’atteinte du bas appareil urinaire, seule l’analyse bactérienne de la biopsie prostatique échoguidée permet de diagnostiquer avec certitude une infection prostatique. En revanche, en présence de symptômes évocateurs de cystite, une analyse bactériologique des urines prélevées par cystocentèse permet de confirmer ou d’infirmer une infection prostatique dans 80 % des cas. Les bactéries présentes dans la vessie semblent être un bon reflet de celles qui se trouvent dans le parenchyme prostatique.

  • Voir aussi : « Conduite à tenir lors de suspicion de prostatite » par Xavier Lévy, Le Point Vétérinaire, 2007, n° 272, vol. 38, pp. 42-45.

CONFÉRENCIER

Xavier Lévy, résident du collège européen en reproduction animale, responsable du centre d’étude en reproduction des carnivores de l’école d’Alfort, consultant en urologie néphrologie.

Article rédigé d’après la conférence « Comment diagnostiquer avec certitude les prostatites canines ? » présentée lors du congrès de l’Afvac 2006 à Bordeaux (Gironde).

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