Une asepsie rigoureuse est exigée contre les bactéries - La Semaine Vétérinaire n° 1261 du 17/03/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1261 du 17/03/2007

Réanimation et soins intensifs

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

Le combat contre les infections nosocomiales passe par leur prévention.

Les infections nosocomiales représentent une source importante de morbidité et de mortalité chez l’animal hospitalisé en soins intensifs. Ces infections surviennent classiquement plus de quarante-huit heures après l’admission de l’animal. Si leur impact en médecine humaine, en termes de décès, est bien connu, peu de données sont disponibles en médecine vétérinaire. Elles représenteraient ainsi environ 10 % des causes de mortalité en soins intensifs.

Les infections liées aux cathéters intraveineux sont les plus fréquentes

Chez l’homme, les infections liées aux cathéters sont la troisième cause d’infections nosocomiales et sont responsables de 6 à 20 % des décès. Une étude vétérinaire(1), portant sur trente et un cas d’infections nosocomiales, en a comptabilisé dix liées à ces mêmes cathéters : il s’agit d’une bactériémie qui survient dans les quarante-huit heures après leur retrait.

La contamination se fait soit par voie endoluminale lors de la manipulation des raccords ou des tubulures, soit par voie exoluminale via la présence de bactéries à la surface de la peau, soit par voie hématogène et la dissémination de germes d’un foyer à distance. Les bactéries incriminées sont aussi bien Gram négatif que positif. L’antibiotique requis est à large spectre.

Le plus souvent, il s’agit d’une colonisation localisée plus que d’une invasion par des bactéries systémiques. Plusieurs facteurs de risque sont identifiés. Le premier d’entre eux intervient lorsqu’il existe un défaut d’asepsie sur le site d’insertion du cathéter.

La tunnellisation, en diminuant le taux de colonisation du cathéter, a montré son intérêt dans la prévention des infections nosocomiales humaines. Ainsi, le cathéter multilumière présente davantage de risques d’infection que le cathéter monolumière.

Des cathéters imprégnés d’antibiotiques ou d’antiseptiques existent en médecine humaine. Si leur intérêt est contestable en première intention, leur emploi se justifie pour des mises en place de plus de cinq jours.

Mieux vaut réduire au maximum les manipulations des tubulures

La pose doit être rigoureuse et aseptique, au moins pour les cathéters centraux. Aux Etats-Unis, les gestes et les précautions prises sont identiques, que ce soit pour la pose de cathéters périphériques ou centraux. Une désinfection chirurgicale des mains, un masque, un calot, des gants et une blouse stériles, ainsi qu’un large champ aseptisé, sont utilisés pour mettre en place les cathéters centraux. La pose des cathéters périphériques exige une antisepsie chirurgicale du site de ponction et des gants stériles. Le rasage et le dégraissage lors de la désinfection sont à bannir. Le pansement doit être stérile et hermétiquement fermé. Idéalement, les manipulations des tubulures et des connexions sont réduites et réalisées de façon aseptique. Par exemple, un bouchon de cathéter, qui consiste en un raccord de dix centimètres, n’est jamais posé sur une table, ainsi le point d’entrée du cathéter n’est pas manipulé. Il est en outre possible d’imprégner les connexions d’antiseptiques.

La perfusion doit également répondre aux règles d’asepsie. Elle est à terminer dans les vingt-quatre heures pour les émulsions lipidiques, dans les quatre heures pour les produits sanguins, et dans les six à douze heures pour le propofol. La nutrition parentérale représente la première cause d’infection des cathéters.

La prévention passe également par l’éducation du personnel soignant. Le port de gants devrait être obligatoire pour manipuler les urines, les fèces ou les vomissements. L’utilisation de mousse alcoolisée, bactéricide en quinze secondes, est utile pour se laver les mains sans utiliser d’eau (Alcare Plus®). La tunnellisation pourrait être innovante et présenter un intérêt non négligeable.

Le rythme optimal de changement des cathéters, ainsi que le choix des antiseptiques, fait encore l’objet de débats. En général, les cathéters périphériques sont changés tous les cinq jours. Les cathéters veineux centraux peuvent rester en place jusqu’à deux semaines, avec une inspection quotidienne du point d’insertion.

Le personnel soignant et les praticiens sont de véritables “véhicules de germes”. La mise en place de procédures standardisées et la routine du lavage des mains permettent une forte diminution des infections nosocomiales.

  • (1) S. Shaw et coll.: « The incidence of HAI in critically-ill dogs », JVIM, à paraître.

CONFÉRENCIÈRE

Françoise Roux, DVM, MSc, emergency and critical care resident (ACVECC), Tufts cummings school of veterinary medicine (Etats-Unis).

Article réalisé d’après la conférence intitulée « Les infections sur cathéters en soins intensifs », présentée lors du congrès de l’Afvac à Bordeaux en 2006.

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