Un kyste sinusal est traité chirurgicalement - La Semaine Vétérinaire n° 1261 du 17/03/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1261 du 17/03/2007

Affections sinuso-nasales chez le cheval

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Benoît Savalle

Les kystes bénéficient d’un bon pronostic après une exérèse complète.

Un double-poney à la robe baie pie-tovéro, âgé de neuf ans, est présenté à la consultation pour un saignement continu, en petit filet, du naseau droit. Un premier traitement symptomatique, à base d’un veinotonique (hespéridine méthyl chalcone et perméthol, Ekyl®) et d’un anti-hémorragique (étamsylate, Hémoced®), est mis en place. L’hémorragie est contenue au bout d’une semaine.

Deux mois après ce traitement, une masse volumineuse (de la taille d’une poire) apparaît à la base de l’aile du nez (voir photo 1). A la lumière des données de la littérature concernant les kystes naso-sinusaux(1), une décision chirurgicale est prise. Elle consiste dans un premier temps en une “petite intervention de terrain”, en accord avec le propriétaire, afin de minimiser le coût de l’opération. L’animal est couché comme pour une castration et entravé. Afin de mieux extraire le kyste, une incision de 3 cm est pratiquée derrière le cartilage alaire. Ainsi, le fil résorbable (Vicryl®) est mis en place le plus haut possible autour de cette excroissance (voir photo 2). Après cette intervention, le poney se relève sans problème et respire plus librement, sans saignement.

Un traitement médical, à base de formol, se révèle inefficace

Un mois après, une récidive est constatée. Une biopsie est réalisée, dont l’analyse anatomo-pathologique conclut à une absence de tumeur. Selon Paddy Dixon(2), « l’excision chirurgicale des kystes sinusaux bénéficie d’un pronostic favorable, contrairement aux tumeurs des sinus. L’approche thérapeutique préférable de l’hématome ethmoïdal progressif consiste en une injection intralésionnelle de formol par voie endoscopique ». En raison du coût d’une intervention chirurgicale avec volet costal, un traitement médical avec du formol à 10 % est donc entrepris, à raison de deux injections à trois semaines d’intervalle. L’effet de sclérose, noté pendant quelques jours, ne parvient pas à venir à bout de ce kyste. Le pronostic devient sombre pour l’animal.

A l’aide d’une sonde de type « osiris », le kiste est sectionné

Une intervention “de la dernière chance” est tentée, alors que le kyste a repoussé de manière importante, gênant le cheval à l’expiration. Pour l’extraire le plus haut possible par les voies naturelles, une sonde vaginale de type “osiris”, normalement destinée à l’insémination artificielle des chiennes, est utilisée. L’intérêt de cet instrument est la présence de deux entrées, dont une sur la circonférence extérieure qui sert à gonfler un petit ballonnet en bout de pipette. Le principe est, comme pour une embryotomie, de placer un fil (Vicryl®) en formant une boucle, qui est ensuite glissée tout autour du kyste en remontant le plus haut possible, sans blesser le poney. Cette intervention est réalisée sur l’animal vigile. Le ballonnet est gonflé pour maintenir la sonde en place. Les fils sont tirés afin de sectionner le kyste, avec une petite résistance. Puis le ballonnet est dégonflé, et l’ensemble est extériorisé. Contre toute attente, la base du kyste se révèle adhérente à l’os du septum nasal (voir photo 3). Après la toilette nasale, aucun saignement n’est noté. Trois mois après, aucune récidive n’est à déplorer.

Une épistaxis peu abondante et unilatérale évoque un hématome ethmoïdal

Les kystes représentent la troisième cause de maladie chronique naso-sinusale chez le cheval, après les sinusites primitives et les sinusites secondaires aux affections dentaires(1). Ces kystes dériveraient d’anciens hématomes de l’ethmoïde. Lors d’épistaxis chronique, de faible importance et unilatérale, un hématome progressif de l’ethmoïde est à suspecter. Ce type d’hématome peut également se traduire par un kyste du cornet nasal placé sur la paroi latérale des sinus.

  • (1) N.S. Woodford et J.G. Lane : « Long-term retrospective study of 52 horses with sinusal cysts », Equine Vet. J., 2006, vol. 38, n° 3.

    Voir aussi « Les kystes naso-sinusaux du cheval sont de bon pronostic après une exérèse », La Semaine Vétérinaire, n° 1237 du 16/9/2006, en page 54.

  • (2) Paddy M. Dixon : « Traitements médicaux et chirurgicaux des cavités nasales et des sinus des chevaux », conférence présentée lors du congrès de l’Avef à Versailles, en octobre 2006.

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