Le picage peut être atténué en agissant sur l'environnement et l'alimentation - La Semaine Vétérinaire n° 1260 du 10/03/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1260 du 10/03/2007

Comportement des volailles

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FILIÈRES

Auteur(s) : Karim Adjou

Ce comportement doit être prévenu, car il est à l'origine de pertes économiques souvent conséquentes.

Chez les volailles, le picage consiste à donner des coups de bec aux congénères, principalement au niveau de la tête (voir photo 1), du cou, du dos, du cloaque et de la queue. Toutes les espèces sont concernées, quel que soit le stade de développement des animaux. La prévention de ce comportement est importante, car il entraîne des pertes économiques souvent conséquentes. Le picage génère en effet des blessures qui peuvent occasionner le déclassement des carcasses à l'abattoir, voire leur saisie partielle ou totale. Parfois, il est associé à du cannibalisme, engendrant des mortalités. Les répercussions économiques peuvent se révéler dramatiques au niveau de certains lots, lorsque la totalité des carcasses présentent des lésions plus ou moins graves.

Le picage est aussi une composante normale du comportement alimentaire et exploratoire des volailles. Lorsqu'il a pour objet la litière, les animaux ingèrent alors d'importantes quantités de paille, des copeaux ou encore de la sciure de bois, d'où un risque de bouchon au niveau du gésier ou du pro ventricule, ce qui engendre souvent la mort.

Le picage est un phénomène multifactoriel. Toute perturbation ou le non-respect des normes d'élevage peut le déclencher. Ainsi, la détérioration des conditions d'élevage – avec de fortes densités d'animaux, une augmentation de la température et de l'humidité dans les bâtiments, des variations brusques d'intensité lumineuse ou encore des carences alimentaires – est souvent associée à l'apparition de comportements de picage. Des moyens de prévention existent toutefois.

Densité d'élevage, ambiance et luminosité dans les bâtiments sont à surveiller

Si l'éleveur ne peut pas diminuer l'effectif des lots, il doit respecter les prescriptions en matière de densité et veiller à fournir à chaque animal une surface d'accès à l'abreuvoir d'au moins 15 cm, ainsi qu'un espace suffisant au niveau des mangeoires selon l'âge.

La température à l'intérieur du bâtiment doit être maintenue aux alentours de 32 °C au démarrage, puis diminuer à 29 °C entre dix et vingt et un jours, à 26 °C après vingt et un jours et à 20 °C en fin de bande. Une ventilation efficace est en outre nécessaire pour lutter contre la chaleur. Cela améliore le bien-être des animaux en éliminant les gaz toxiques (NH3, H2S, CO2, CO) et diminue les risques d'une réaction violente des volailles. Le taux d'humidité relative recommandé dans les bâtiments doit rester en deçà de 50 à 60 %. En fin de bande, un taux de 70 % est tout à fait acceptable. L'excès de poussière est aussi à éviter.

En termes de luminosité, les observations montrent que les volailles logées dans un bâtiment clair sont souvent victimes de picage. Il est donc conseillé de maintenir un éclairement relativement faible : 10 à 20 lux de lumière artificielle au maximum (40 à 60 lux en reproduction).

La présentation de l'aliment et son hétérogénéité influent sur le picage

Les carences alimentaires, notamment en vitamines, en oligo-éléments, en minéraux et en sels, jouent un rôle prépondérant dans l'exacerbation du phénomène de picage. Elles proviennent généralement d'une hétérogénéité de la taille des particules et non d'un déséquilibre de la ration. Si l'aliment se compose de petites et de grosses particules, les volailles font le tri et ne consomment que celles de grande taille, laissant de côté les particules fines, c'est-à-dire les vitamines, les minéraux, les oligo-éléments et les sels. La présentation de l'aliment conditionne également le comportement des volailles. Plusieurs expériences ont mis en évidence une plus forte tendance au picage avec des aliments sous forme de granulés par rapport à d'autres sous forme de farine. L'ingestion des premiers est souvent rapide, le comportement de picage semblant alors pallier le manque de coups de bec lors de la prise alimentaire.

La méthode la plus efficace pour prévenir le phénomène de picage reste l'ablation de l'extrémité du bec (le débecquage) avant l'âge de dix jours. Cela n'est envisageable que pour les reproducteurs, les poules pondeuses et les dindes, en raison de leur durée de vie plus longue que celle des autres espèces. Chez la dinde, le picage est tellement important qu'il n'est pas envisageable d'élever cette espèce sans pratiquer le débecquage.

Sélection génétique et diversification du milieu font partie des solutions

La sélection génétique de souches ayant un comportement de picage peu exacerbé, dites “non piqueuses”, est aussi une possibilité explorée par plusieurs scientifiques. Des expériences ont révélé que certaines espèces, par exemple les poules leghorn, sont plus piqueuses que d'autres.

La diversification du milieu est une autre voie étudiée dans le cadre de la prévention du comportement de picage. Elle peut consister à mettre à la disposition des volailles divers objets comme des plaques, des tôles ou même des petites balles, afin de rediriger vers ces objets les coups de bec des volailles (cette méthode est testée avec succès chez les autruchons).

Il est également possible de diversifier le sol des poulaillers, en proposant notamment de la paille et du sable. Il est en effet démontré que les volailles qui sont élevées sur plusieurs types de substrat piquent moins leurs congénères que celles qui sont élevées uniquement sur de la paille.

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