Quelles sont les conséquences des trente-cinq heures sur votre exercice ? - La Semaine Vétérinaire n° 1259 du 03/03/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1259 du 03/03/2007

Entre nous

FORUM

Un logiciel comptabilise les heures de chaque salarié

Bernard Bouvy, praticien à Arcueil (Val-de-Marne).

Les 35 heures m’ont semblé, à l’époque de leur mise en œuvre, une potentielle usine à gaz. Nous avons pris du temps pour comprendre et décider. Finalement, nous avons préféré ne rien négocier et rester aux 39 heures. Mais, pour ne pas avoir à réadapter le temps de travail si les textes devenaient plus coercitifs, toutes les nouvelles embauches d’auxiliaires se sont faites à 35 heures. Aujourd’hui, quatre d’entre elles sont aux 39 heures (pour la majorité recrutées avant les lois Aubry), les sept autres sont aux 35 heures. Ce n’était pas intentionnel, mais ce système s’est révélé injuste, car il a en effet créé deux catégories d’auxiliaires : celles à haut revenu qui travaillent 39 heures (dont quatre heures supplémentaires payées à 125 %) et celles qui en font 35, payées 35 et qui aimeraient peut-être travailler plus pour gagner plus…

Notre service 24 heures sur 24 ayant toujours été assuré par deux rotations de 12 heures, le décompte du temps est moins facile aujourd’hui, avec 151,67 heures au lieu de 169 heures mensuelles. Tenir les quotas le plus près possible de la mensualisation exige de notre part plus de vigilance et nous avons dû mettre au point un petit logiciel pour comptabiliser chaque mois, pour chaque salarié, les heures en plus ou en moins. Je pense que nous dépassons parfois un peu le nombre d’heures supplémentaires autorisées par an. C’est l’activité qui le veut, mais cela est d’autant plus difficile à respecter que la structure a peu de personnel. Nous sommes une importante structure vétérinaire, mais nous restons une petite entreprise proche de ses salariés. La qualité du travail et les relations n’ont d’ailleurs pas changé. L’avenir des 35 heures, lui, reste flottant et nous devons attendre la prochaine élection pour savoir à quoi nous en tenir. L’un des candidats a évoqué la possibilité d’embaucher deux nouveaux salariés sans charges, cela me paraît intéressant.

Pour une jeune mère, ce régime est avantageux

Céline Monier-Giraud, praticienne à Plaisir (Yvelines).

Quand la clinique, exclusivement canine, est passée aux 35 heures, il a fallu encaisser le surcoût financier des heures supplémentaires versées aux deux aides de longue durée et affronter les complications du planning des quatre auxiliaires, qui rattrapent ces heures en repos compensatoire. De mon point de vue de vétérinaire et de jeune mère à la fois, ce régime est avantageux. J’ai un contrat à temps plein annualisé. Certaines semaines, je travaille 45 heures, d’autres 28 et, à la fin de chaque mois, je regarde où j’en suis. Je ne suis pas présente tous les jours, mais je fais en sorte que le suivi des clients soit bien assuré.

Nous sommes toujours au moins deux à assurer les consultations et nous arrivons à nous tenir au courant des cas. Les trente-cinq heures laissent plus de place à la vie de famille. Tant que les enfants sont petits, cela me semble important. Sur ce sujet, mes deux employeurs se sont toujours montrés compréhensifs. Chacun fait d’ailleurs attention à maintenir un bon équilibre entre vie professionnelle et privée. L’un d’eux travaille environ le même nombre d’heures que moi, l’autre davantage. Leur complémentarité rend ces choix possibles.

Nous pourrions penser que la tendance actuelle des vétérinaires, dont beaucoup de femmes, est de travailler moins pour ne pas léser la vie privée. Ce n’est cependant pas possible partout, notamment dans les petits cabinets. D’après mon expérience actuelle, si je m’associe un jour, j’essaierai de continuer avec un temps de travail comparable, en y intégrant la part de gestion et en acceptant, bien entendu, les impondérables. Toutefois, si je trouve l’endroit idéal avec l’associé parfait, mon premier critère ne sera pas celui-là. Je préfère travailler plus dans un endroit où je me plais que moins dans un endroit où je me rendrais à reculons.

Ce que nos auxiliaires accomplissaient en 39 heures, nous leur demandons de le faire en 38

Jacques Bellon, praticien à Decize (Nièvre).

J’exerce en clientèle mixte, nous sommes six associés et nous avons six salariés.

Les trois auxiliaires, aux 35 heures, font trois heures supplémentaires chacune. Deux salariées vétérinaires exercent en canine 35 heures par semaine, tandis que l’aide en rurale est au forfait annuel, un système mieux adapté aux variations saisonnières, lesquelles exigeraient encore plus de souplesse. Dans le charolais, la charge de travail est multipliée par trois l’hiver et au printemps.

Quand nous sommes passés aux 35 heures, nous avons embauché une quatrième auxiliaire. Nous l’avons gardée deux ans, puis nous avons préféré revenir à trois, avec des heures supplémentaires. La multiplication du personnel est un handicap pour sa responsabilisation et la communication.

Avec des personnes qui sont là la moitié du temps, la circulation de l’information se fait plus difficilement auprès du client. Nos auxiliaires regrettent peut-être plus que nous le passage aux 35 heures, car ce qu’elles accomplissaient en 39 heures, nous leur demandons maintenant de le réaliser en 38. Du côté des vétérinaires, les revendications individuelles semblent également plus marquées. Mais ce n’est sans doute pas lié uniquement aux 35 heures, il s’agit d’une évolution de la profession. Nos deux assistantes en canine ont d’autres intérêts, d’autres obligations, c’est légitime, mais pas toujours facile à gérer.

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