Les traumatismes intestinaux et costaux méritent aussi d’être recherchés

Il est difficile d’identifier une cause de colique chez le poulain, l’examen transrectal étant exclu. Tous les types d’accidents intestinaux décrits chez l’adulte existent aussi chez le foal. Ceux qui présentent un syndrome d’asphyxie périnatale et une dysmotilité intestinale risquent davantage de développer une intussusception ou un déplacement. En outre, les entérolithes et les fécalithes sont plus fréquents chez les races de chevaux miniatures.

La rétention ou l’impaction par le méconium est en tête des causes de colique

Chez le jeune poulain, la cause de colique la plus fréquente est, de loin, la rétention ou l’impaction par le méconium. D’ailleurs, de nombreux propriétaires de chevaux administrent en prévention un énéma à base d’eau savonneuse.

Lorsque la rétention est sévère, du gaz s’accumule dans l’intestin et les poulains sont rapidement atteints de colique : leur dos est arqué et ils font des efforts infructueux de défécation. Souvent, il est possible de palper le méconium à travers la paroi abdominale ; la radiographie et l’échographie aident à préciser le diagnostic. Parfois, une rupture de la vessie est notée en même temps.

Les foals qui ne répondent pas rapidement à un énéma d’eau tiède savonneuse, administrée à l’aide d’une sonde souple et atraumatique par voie rectale, ainsi qu’à l’administration nasogastrique d’huile minérale, doivent être mis au jeûne (muselés) et recevoir des fluides intraveineux. Un énéma à base d’acétylcystéïne – il augmente la sécrétion, mais est irritant – peut être employé. La douleur est diminuée par l’administration de butorphanol. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont à éviter en raison de leur pouvoir ulcérogène et de leur néphrotoxicité. Une insufflation nasale d’oxygène est mise en place en cas de distension abdominale sévère.

Une intervention chirurgicale est requise si le traitement médical n’est pas efficace en douze à vingt-quatre heures ou si le foal présente des difficultés respiratoires dues à la distension abdominale, avec une hypertension abdominale.

En phase postopératoire, de nombreux poulains souffrent de troubles respiratoires qui requièrent un suivi fréquent des gaz sanguins artériels et une complémentation en oxygène. Un jeûne étant souhaitable, une nutrition parentérale est commencée. Des antibiotiques sont prescrits pendant plusieurs jours, particulièrement si une entérotomie a eu lieu. L’échec du transfert passif d’immunité est fréquent lors de rétention de méconium (le colostrum possède des propriétés laxatives) et est traité par du plasma intraveineux.

De même, le risque de développement d’une infection localisée ou généralisée est élevé, car la barrière intestinale est probablement compromise et une translocation de bactéries digestives peut survenir.

Les traumatismes costaux chez le poulain ont des conséquences graves

Les fractures costales sont des séquelles du passage du poulain dans le canal pelvien pendant la naissance. Les traumatismes thoraciques sont plus fréquents avec les femelles primipares et lors de dystocie.

Les conséquences cliniques peuvent être désastreuses : hémothorax, pneumothorax, contusion pulmonaire, lacération pulmonaire, lacération diaphragmatique, péricardique ou myocardique. Les poulains soumis à un traitement conservateur sont maintenus en décubitus latéral sur leur côté lésé afin de maintenir une ventilation adéquate par le poumon fonctionnel. Un sédatif léger est administré pour restreindre l’activité au box. En l’absence de déplacement des côtes fracturées, les signes cliniques sont souvent frustes et même inapparents.

Il n’existe pas de recommandations précises concernant la correction chirurgicale des fractures de côtes.

Les complications mortelles sont plus fréquentes lorsque le nombre de côtes fracturées augmente. Le degré de déplacement des abouts fracturaires influence la sévérité des symptômes.

Les signes cliniques évocateurs de fractures de côtes sont des grognements, des plages d’œdème sous-cutané le long des côtes ou leur aspect ventral, une douleur à la palpation, des crépitations audibles à l’auscultation et de l’emphysème sous-cutané.

L’échographie permet d’établir le diagnostic et d’évaluer le degré de déplacement, ainsi que de détecter les éventuelles lacérations du parenchyme pulmonaire, de la plèvre, du myocarde, de la cavité péritonéale et du diaphragme.

La manipulation chirurgicale des côtes fracturées et/ou la ventilation à pression positive peut induire un pneumothorax. Une détresse respiratoire, un déplacement du choc précordial, une cyanose, une hypotension, une hypoxie apparaissent alors. Les bruits respiratoires sont diminués et la radiographie confirme le diagnostic. Les mouvements du foal doivent être restreints et un drain thoracique mis en place. La pression artérielle partielle en oxygène est surveillée et l’oxygénothérapie adaptée.

Le pronostic est bon si une résolution des signes cliniques intervient dans les douze heures qui suivent la mise en place d’un traitement adapté.

• Voir aussi : L. Couetil : « L’anoxie et la réanimation du poulain à la naissance », Pratique vétérinaire équine, 1999, vol. 31, n° 121, pp. 29-35 ; J.-M. Betsch : « Sémiologie du poulain nouveau-né : 1- recueil des commémoratifs et examen clinique de base », Pratique vétérinaire équine, 1999, vol. 31, n° 121, pp. 9-14.