Les kystes iriens se traitent par photocoagulation au laser - La Semaine Vétérinaire n° 1259 du 03/03/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1259 du 03/03/2007

Travaux récents en ophtalmologie

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Laurent Bouhanna

Fonctions : praticien spécialisé en ophtalmologie à Paris.

Quatre études font le point sur l’intérêt de la rétinopexie préventive, sur le traitement chirurgical des décollements de la rétine, sur le glaucome et sur les kystes iriens.

1 LA RÉTINOPEXIE PRÉVENTIVE EST ASSOCIÉE AU TRAITEMENT CHIRURGICAL DE LA CATARACTE.

Le décollement de rétine est une disjonction entre la couche des photorécepteurs et l’épithélium pigmentaire, avec une accumulation de liquide dans l’espace ainsi créé. Le décollement est dit rhegmatogène lorsqu’il est secondaire à une déchirure de la rétine, non rhegmatogène dans le cas contraire (décollement exsudatif ou par traction).

Le décollement de rétine rhegmatogène est souvent consécutif à une affection du cristallin (cataracte, luxation) ou à un traitement chirurgical de la cataracte, en particulier lors de complications (perforation de la capsule postérieure, rétention de fragments, perte d’humeur vitrée, etc.). La présence d’une uvéite phaco-antigénique avant l’intervention augmente le risque de décollement de rétine rhegmatogène.

Une étude chez des chiens atteints d’une cataracte et d’une uvéite phaco-antigénique préopératoire montre l’intérêt d’une rétinopexie (par cryochirurgie ou photocoagulation au laser) avant le traitement chirurgical de la cataracte : 13 % des chiens (5 sur 39) ayant subi cette rétinopexie préventive présentent un décollement de rétine après le traitement, au lieu de 55 % (10 sur 18) lorsqu’elle n’est pas réalisée. Les échecs de cette prévention sont souvent liés à la préexistence d’un décollement de rétine, mais sont parfois dus à une photocoagulation trop faible ou à une cryochirurgie/photocoagulation trop intense.

La rétinopexie pourrait également être bénéfique lors d’exérèse de cristallins luxés ou de dégénérescence vitréenne, qui peut aboutir à des déchirures géantes de la rétine, en particulier si l’animal secoue violemment la tête en jouant.

2 LE TRAITEMENT CHIRURGICAL DU DÉCOLLEMENT DE RÉTINE PEUT RESTAURER LA VISION.

Certains décollements de rétine, tels que les décollements exsudatifs (lors d’hypertension artérielle fréquente chez le chat, etc.), sont traités médicalement. Pour d’autres, notamment les décollements rhegmatogènes, une perte de la vision se produit si un traitement chirurgical n’est pas entrepris rapidement, car l’affection s’étend et est suivie d’une dégénérescence rétinienne. Chez le chien, les déchirures de la rétine sont souvent géantes. S’il est difficile de connaître avec précision le délai écoulé entre le début du décollement et le jour du diagnostic, un traitement dans les quatre semaines permet en général de récupérer une capacité visuelle. Il est toutefois rarement entrepris chez l’animal à l’heure actuelle.

Une étude chez plus de cinq cents chiens a évalué une technique chirurgicale de traitement du décollement de rétine avec des déchirures géantes. Schématiquement, elle consiste en une vitrectomie, puis la rétine est replaquée sur la choroïde en injectant un liquide dense (perfluorocarbone liquide) à la place du corps vitré. Une rétinopexie au laser est alors réalisée près de la jonction rétine-corps ciliaires et autour des déchirures. Enfin, le perfluorocarbone liquide, toxique pour la rétine, est aspiré, tandis que de l’huile de silicone remplace le corps vitré. Les principales complications de cette intervention sont l’extension ou l’apparition de nouvelles déchirures, le glaucome, la cataracte, l’endophtalmie et la vitréorétinopathie proliférative. Le recollement est obtenu dans environ 90 % des cas et une capacité visuelle significative est restaurée chez 76 % des animaux.

3 LA CYCLOPHOTOCOAGULATION ASSOCIÉE À UNE VALVE DE DRAINAGE DONNE DE BONS RÉSULTATS.

Lors de glaucome, la préservation de la capacité visuelle constitue souvent un défi pour le praticien. Un traitement associant une cyclophotocoagulation au laser diode(1) et une valve d’Ahmed(2) est évalué chez 48 chiens (51 yeux) qui présentent un glaucome primaire. L’âge moyen est de 7,5 ans (3 à 14 ans) et 11 races pures sont représentées, la plus fréquente étant le cocker américain. Les contrôles postopératoires sont réalisés en moyenne pendant 17,6 mois ; 29 cas sont suivis pendant un an ou plus. Les complications précoces comportent la formation de fibrine dans la chambre antérieure (15 cas), les ulcères cornéens (4 cas), l’hyphéma (7 cas) et le décollement de rétine (1 cas). A long terme, une cataracte (8 cas), une augmentation de la pression intra-oculaire (6 cas), un déplacement de l’implant (1 cas) et une récidive du glaucome (14 cas) sont observés.

La pose d’une prothèse intrasclérale (4 cas), une énucléation (1 cas), la résection de tissus cicatriciels (5 cas) ou une nouvelle cyclophotocoagulation au laser (8 cas) sont alors nécessaires. A court terme, la capacité visuelle est conservée ou restaurée pour 82 % des yeux (42 sur 51). Le contrôle de la pression intra-oculaire est bon pour 39 yeux (76 %) et médiocre à mauvais pour les 12 autres.

Six mois après l’intervention, la capacité visuelle de 49 % des yeux contrôlés (20 sur 41) est satisfaisante à excellente et, après 12 mois, 41 % des yeux examinés (12 sur 29) sont toujours fonctionnels.

Ce résultat peut être considéré comme bon par rapport aux autres techniques chirurgicales habituellement employées dans le traitement du glaucome.

4 LES KYSTES IRIENS SE TRAITENT EFFICACEMENT PAR PHOTOCOAGULATION.

Dans cette étude, quatre chiens, onze chevaux et sept chats présentant des kystes iriens sont traités à l’aide d’un laser diode (Diovet®). Les kystes ont une taille et/ou un nombre suffisants pour gêner la vision, léser l’endothélium cornéen ou provoquer une augmentation de la pression intra-oculaire. Ils semblent à l’origine de troubles du comportement (impression de “mouches volantes”) chez un chien et sept chevaux.

Chez les chiens, les kystes iriens flottent souvent dans la chambre antérieure. Chez les chevaux, ils sont formés dans les grains de suie. Ils sont liés à la face postérieure de l’iris chez les chats. Pour cette espèce, une compression de la chambre antérieure et une taille anormale de la pupille sont souvent notées. En outre, la pression intra-oculaire augmente après la dilatation pupillaire médicale préopératoire.

Les kystes sont percés, vidés et cautérisés à l’aide du laser, sans pénétration dans la chambre antérieure. L’intervention est réalisée sans anesthésie chez les chevaux et deux des chiens, et sous anesthésie générale chez les deux autres chiens et les chats.

En phase postopératoire, aucun œil ne semble douloureux et les signes d’inflammation sont modérés. Tous les comportements anormaux régressent ou disparaissent. Chez tous les chats, vingt-quatre heures après l’intervention, la pression intra-oculaire est inférieure à celle notée lors de la dilatation préopératoire.

Aucune récidive des kystes traités n’est constatée à moyen terme, même si de nouveaux kystes peuvent être observés ultérieurement, à long terme, dans quelques cas rares.

La coagulation au laser diode est donc une technique non invasive, efficace et bien tolérée pour le traitement des kystes iriens.

  • (1) Destruction partielle des corps ciliaires, afin d’obtenir une diminution de la production de l’humeur aqueuse.

  • (2) Implant artificiel comprenant une tubulure qui s’abouche à une extrémité dans la chambre antérieure de l’œil et à l’autre sur la sclère, permettant ainsi un drainage de l’humeur aqueuse.

BIBLIOGRAPHIE

  • 1 - G.M. Schmidt, S.J. Vainisi : « Retrospective study of random prophylactic transscleral retinopexy in the Bichon Frise with cataract », 27th annual Midwest veterinary ophthalmology society meeting, Niagara falls, N.Y. 2004.
  • 2 - S.J. Vainisi, J.C. Wolfer : « Canine retinal surgery », Vet. Ophthalmol., 2004, vol. 7, n° 5, pp. 291-306.
  • 3 - J.S. Sapienza, A. Van der Woerdt : « Combined transscleral diode laser cyclophotocoagulation and Ahmed gonioimplantation in dogs with primary glaucoma : 51 cases (1996-2004) », Vet. Ophthalmol., 2005, vol. 8, n° 2, pp. 121-127.
  • 4 - A.J. Gemensky-Metzler, D.A. Wilkie, C.S. Cook : « The use of semiconductor diode laser for deflation and coagulation of anterior uveal cysts in dogs, cats and horses : a report of 20 cases », Vet. Ophthalmol., 2004, vol. 7, n° 5, pp. 360-368.
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