Les dragons de Komodo se reproduisent aussi par parthénogenèse - La Semaine Vétérinaire n° 1259 du 03/03/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1259 du 03/03/2007

Asexualité des reptiles

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Alain Zecchini

Les deux premiers cas de reproduction par parthénogenèse (à partir d’un ovule non fécondé, sans fertilisation par le mâle) du dragon de Komodo (originaire de l’île éponyme, en Indonésie) ont été enregistrés aux zoos de Chester et de Londres, au Royaume-Uni(1). Dans chaque cas, les femelles étaient bien isolées des mâles. Au zoo de Chester, la femelle a produit vingt-cinq œufs, dont onze apparemment viables. Trois de ces derniers ne sont pas arrivés à terme ; les huit autres devaient éclore en janvier de cette année.

Au zoo de Londres, la femelle a délivré vingt-deux œufs, dont quatre viables, d’où sont sortis autant de jeunes, actuellement en bonne santé. Concernant ce deuxième cas, un doute sur la possibilité de parthénogenèse a été émis, car la femelle avait été en contact avec un mâle deux ans et demi auparavant. La reproduction aurait pu avoir été induite par la rétention de longue durée du sperme du mâle. Toutefois, les analyses par empreinte d’ADN ont bien confirmé la parthénogenèse, dans les deux cas. Le génotype des couvées était identique à celui de la mère. Tous les œufs étaient homozygotes et tous de sexe masculin : chez les varans, les femelles ont des chromosomes différents (Z et W), la parthénogenèse ne peut donc produire que des mâles homozygotes (ZZ ou WW).

Ce mode reproducteur pourrait être répandu chez les dragons sauvages

La parthénogenèse est constatée parmi environ soixante-dix espèces de vertébrés, mais c’est la première fois qu’elle est décrite chez un reptile de cette taille (le plus grand lézard vivant, avec 1,50 m de longueur et plus, pour 165 kg, voire davantage). Ce constat a des implications importantes pour les populations captives. En effet, la plupart des zoos n’ont que des femelles et c’est grâce à l’échange de mâles entre établissements que la reproduction est assurée. Si des mâles supplémentaires pouvaient être produits par parthénogenèse, cela faciliterait cette gestion. Toutefois, les auteurs rappellent les risques de l’homozygotie : elle se traduit par la consanguinité (avec des probabilités non négligeables de manque de vigueur et de non-viabilité à terme) et réduit la variabilité génétique, ce qui est toujours grave pour une espèce, qu’elle soit captive ou non.

Pourtant, dans la nature, ce mode de reproduction asexué semble habituel chez ce dragon. Environ trois mille mâles sont dénombrés pour mille femelles, un biais du sex-ratio qui pourrait s’expliquer par l’absence de fécondation des femelles.

  • (1) P. Watts et coll.: « Parthenogenesis in Komodo dragons », Nature, 21/12/2006.

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