Le traitement antibiotique sélectif au tarissement se conjugue au pluriel - La Semaine Vétérinaire n° 1259 du 03/03/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1259 du 03/03/2007

Période sèche des vaches laitières

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Catherine Bertin-Cavarait

La connaissance épidémiologique de l’élevage et le choix du niveau de prise de risque déterminent la pertinence du ou des critères discriminants.

Simple, plutôt efficace, le traitement antibiotique systématique au tarissement est généralisé en France, alors que le tarissement sélectif est la règle dans les pays d’Europe du Nord. Depuis plusieurs années, des éleveurs laitiers français ont fait le choix de la pratique d’un traitement antibiotique au tarissement sélectif, d’où la question des critères de choix des vaches à traiter ou non et de leur fiabilité. En effet, la pratique du traitement sélectif au tarissement nécessite, pour un contexte épidémiologique donné, de distinguer les vaches ayant au moins un quartier mammaire infecté des vaches saines, selon des indicateurs pertinents au regard de la question posée et avec la meilleure probabilité possible.

Les concentrations en cellules somatiques mensuelles (CCSMe) du lait et la connaissance du statut bactériologique des quartiers mammaires de quatre cent quarante-six vaches laitières ont permis à une équipe pluridisciplinaire(1) d’estimer la sensibilité, la spécificité, la valeur prédictive positive et la valeur prédictive négative d’indicateurs et de leurs seuils associés. Les vaches sont réparties selon trois statuts sanitaires : non infectées, avec au moins un quartier mammaire infecté par un agent pathogène quelle que soit sa nature (mineur ou majeur), et infectées par un agent pathogène majeur (voir le tableau 1). Parmi les vingt-huit élevages adhérents au contrôle laitier qui participent à cette étude, vingt appliquent le traitement antibiotique sélectif au tarissement depuis plus de deux ans. Les résultats opérationnels de cette étude ont été présentés par Philippe Roussel, ingénieur à l’Institut de l’élevage, lors de la Journée bovine nantaise qui a eu lieu le 4 octobre dernier.

La qualité des critères varie selon la nature de l’infection traitée

La qualité discriminatoire de plusieurs indicateurs est étudiée :

- le dernier contrôle des numérations cellulaires avant le tarissement ;

- la moyenne des trois derniers contrôles ;

- la moyenne des huit derniers contrôles ;

- la combinaison de deux indicateurs entre eux.

Concernant l’infection par l’ensemble des agents pathogènes (mineurs et/ou majeurs), le meilleur compromis sensibilité/spécificité est obtenu avec l’indicateur “moyenne des huit derniers contrôles” et le seuil supérieur à 100 000 cellules/ml. Pour l’infection par les agents pathogènes majeurs, le meilleur compromis sensibilité/spécificité est représenté par l’indicateur “moyenne des huit derniers contrôles” associé au seuil supérieur à 300 000 cellules/ml. La précision des tests de dépistage des infections (respectivement par l’ensemble des germes pathogènes et par les agents pathogènes majeurs) varie (voir tableaux 2 et 3 en page 42). « L’utilisation de décisions combinées n’améliore pas ou peu la sensibilité et la spécificité des tests de discrimination des animaux infectés dans le contexte de prévalence des troupeaux étudiés. »

Les risques techniques et économiques pris sont déterminants

Selon Philippe Roussel, le choix de l’indicateur ou de la combinaison des indicateurs à utiliser dépend des objectifs de l’éleveur, de ses critères d’exigence ainsi que des contraintes économiques. La première étape de la décision de la prise de risque ou de la non-prise de risque consiste à déterminer la nature de l’infection mammaire à traiter : soit les infections par les agents pathogènes mineurs et/ou majeurs, soit uniquement les infections par les germes pathogènes majeurs.

« Si son souhait est de limiter au maximum les risques, l’utilisation du dernier contrôle supérieur à 100 000 cellules se traduira par le traitement de 67 % des vaches du troupeau quand la prévalence de vaches infectées par un agent pathogène (mineur et/ou majeur) est égale à 61 %, conclut Philippe Roussel. Si l’éleveur accepte de prendre un risque supérieur, il pourra utiliser la moyenne des huit derniers contrôles supérieure à 300 000 cellules. Alors, il traitera au tarissement 36 % de ses vaches pour une prévalence d’animaux infectés par un agent pathogène majeur égale à 18 %. » Viendront ensuite la détermination des choix relatifs aux risques pris tant en matière de nouvelle infection et de non-guérison au cours de la période sèche que de l’impact de la stratégie choisie sur le niveau des numérations cellulaires du lait de tank à venir, les réformes anticipées, etc. La traduction de ce travail en messages opérationnels est en cours. Ils seront diffusés, dans les mois à venir, aux éleveurs et à tous les acteurs impliqués dans le conseil d’élevage. « L’enjeu du tarissement sélectif, qu’il soit antibiotique ou autre, est la mise en œuvre d’une façon plus complexe de travailler et de gérer la santé, a précisé par ailleurs Francis Serieys, de Filière Blanche. Une majorité de vaches n’ont pas besoin de traitement curatif au tarissement.

  • (1) Institut de l’élevage, UMR 708 ENVN-INRA Gestion de la santé animale, ARILAIT, Filière Blanche, Chambre d’agriculture de Vannes, contrôle laitier de la Sarthe.

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