LES PRATICIENS MAJORENT LEURS TARIFS DE 1 À 5 % EN MOYENNE - La Semaine Vétérinaire n° 1258 du 24/02/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1258 du 24/02/2007

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Auteur(s) : Agnès Faessel

Que la réflexion sur le tarif des actes vétérinaires aboutisse à l’absence de changement, à l’application d’un pourcentage uniforme d’augmentation ou à la modification individualisée de chaque prix, elle devrait être une démarche au moins annuelle. C’est l’occasion aussi de réévaluer le contexte concurrentiel et de valider l’adéquation entre ses tarifs et la valeur de son travail.

Le début d’année est la période propice pour effectuer le bilan de l’année passée. C’est aussi le moment de se poser la question de l’évolution des tarifs. Pour les médicaments délivrés comme pour les produits et les aliments vendus, une révision des prix s’envisage – et s’effectue – régulièrement, ne serait-ce qu’à chaque évolution des prix d’achat. Libre ensuite au praticien d’appliquer des marges différenciées suivant les catégories de produits, selon le contexte concurrentiel par exemple, de répercuter sur le client les bénéfices d’une promotion, etc.

Mais il est tout autant légitime d’envisager une modification du tarif des actes, ne serait-ce que dans le but de répondre à l’augmentation du coût de la vie. Après tout, le Smic est bien revalorisé chaque année.

Réviser ses tarifs s’envisage au moins une fois par an

Justement, à quelle fréquence les éventuelles révisions de tarif peuvent – doivent ? – survenir ? D’après Luc Hazotte, praticien à Saint-Sylvain d’Anjou (Maine-et-Loire), « les résultats des études marketing menées sur le sujet montrent que de faibles augmentations trop fréquentes sont aussi mal perçues par les clients que les augmentations rares, mais élevées ». En effet, dans le premier cas, les clients ont l’impression d’une hausse récurrente des prix et dans le second cas, l’importante revalorisation peut être difficile à justifier. « Finalement, le meilleur compromis semble être d’adopter une révision annuelle, voire semestrielle des tarifs », explique notre confrère.

Quant au moment de l’année le plus propice pour cette révision, il reste difficile à définir objectivement. En pratique, les confrères augmentent souvent leurs tarifs en tout début d’année ou (et) durant l’été.

Dans quelles proportions se situe cette majoration ? Un sondage mis en ligne sur le site Planete-vet montre qu’une large majorité des vétérinaires qui y ont répondu (88 %) appliquent une augmentation de1 à 5 % (voir graphique 1 en page 34).

Ce résultat illustre que nombre de praticiens, lorsqu’ils modifient leurs prix, les augmentent uniformément en leur appliquant un pourcentage de majoration. La référence habituelle est alors l’inflation, mesurée par l’Institut nationale de la statistique et des études économiques (Insee) sur la base de l’indice des prix à la consommation (voir encadré en page 34). En effet, ceux qui choisissent de calquer la hausse de l’acte médical ordinal (AMO) progressent également avec l’inflation, puisque la valeur de l’AMO est déterminée par le Conseil supérieur de l’Ordre qui se fonde sur ce même indice de l’Insee. Concrètement, ce mode de fonctionnement revient à augmenter les tarifs d’environ 2 % par an ces dernières années (voir graphique 2 en page 34).

Mais à la réflexion, est-il justifié de revaloriser de la même manière le prix de la consultation et celui d’une opération de convenance ou d’un prélèvement ? La réponse de Luc Hazotte est négative : « En théorie, les règles de l’augmentation des prix ne dérogent pas à celles de la fixation des prix. » Pour bien faire, il faudrait donc, pour chaque tarif, moduler l’évolution selon la rentabilité de l’acte et la concurrence, en restant dans les limites du prix “psychologique” acceptable par le client. En effet, « si le détartrage chez un dentiste est facturé moins de 30 €, un prix de 90 € chez le vétérinaire risque d’être incompris… ».

L’analyse poussée permet de valoriser ses coûts, mais aussi sa réflexion

Une analyse plus fine pourrait d’ailleurs aboutir, pour certains actes, soit au maintien du tarif en vigueur, voire – en théorie au moins ! – à sa réduction ou, le cas échéant, à une augmentation bien supérieure à l’inflation. L’analyse permet surtout d’intégrer l’évolution des coûts. L’augmentation au 1er janvier dernier de la valeur du point conventionnel, base de calcul des salaires minimaux conventionnels des auxiliaires vétérinaires,n’a échappé à personne. Le point atteint en effet 13,85 €, ce qui représente une hausse de 6 % sur dix-huit mois, bien au-dessus donc de l’inflation. Dans le prix global de certains actes, chirurgicaux par exemple, le travail de l’auxiliaire peut se valoriser en lui appliquant un coût au temps passé ; celui-ci évolue avec le salaire. « Chez moi, l’augmentation du salaire des auxiliaires vient majorer les coûts de structure, ce que je répercute dans mon tarif de consultation », explique Luc Hazotte.

Pour Laurent Sochat, praticien à Limoges (Haute-Vienne), une réflexion sur ses tarifs est aussi l’occasion de valoriser la qualité de ses actes. « Il est risqué d’espérer augmenter son chiffre d’affaires et son pouvoir d’achat par la seule hausse du nombre d’actes, explique-t-il. Le tarif de la consultation, par exemple, doit être lié à la qualité de service que le vétérinaire apporte. » Cette qualité peut être améliorée par l’investissement dans du nouveau matériel, par la formation continue, etc. Elle peut aussi être optimisée en perfectionnant l’organisation du travail du personnel de la clinique, qui ne demande parfois “que” de la réflexion et du temps. Il s’agit donc ici d’estimer la valeur de son travail intellectuel. Laurent Sochat ajoute que le prix élevé d’un acte permet aussi d’en améliorer sa qualité par la suite. Et il prévient que la sous-facturation d’un service peut remettre en cause sa pérennité. « Un exemple frappant est celui du tarif des radiographies. Si les prix n’intègrent pas l’anticipation du renouvellement du matériel, par exemple, la qualité de l’acte risque à terme de diminuer, car le praticien ne pourra pas mettre en pratique l’amélioration permise par l’évolution des technologies. »

Une fois le calcul fait, le résultat est à communiquer au propriétaire

Quelle que soit la démarche adoptée dans la révision des tarifs, la communication à leur propos est indispensable. En interne déjà, toutes les personnes amenées à informer la clientèle sur les prix et/ou à facturer doivent être bien au fait des modifications tarifaires et de leur date d’application. Attention donc aux prix annoncés de mémoire. Vers la clientèle ensuite, les nouveaux tarifs sont d’une part affichés, par obligation réglementaire, et figurent d’autre part sur les factures et les devis pratiqués. La nouvelle tarification pourra être expliquée si le client en manifeste le besoin… « La plupart du temps, et s’ils le remarquent, les propriétaires trouvent plutôt normal que les tarifs évoluent », constate Luc Hazotte.

Sur un plan pratique, par souci de simplicité, l’arrondi des prix aux dix centimes d’euro, voire à l’euro, peut s’effectuer, particulièrement lorsqu’un pourcentage d’augmentation est appliqué. Même s’il entraîne mathématiquement une stagnation de certains prix (les plus petits), il évite d’avoir à gérer les rendus de monnaie lors de règlements en espèces.

  • (1) Voir l’avis relatif à l’indice des prix à la consommation publié par le ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie au Journal officiel n° 15 du 18/1/2007.

  • Voir le détail des prix dans Insee Conjoncture — Informations rapides n° 23 du 23/1/2007 (téléchargeable sur le site de l’Insee : www.insee.fr/fr/indicateur/indic_conj/ donnees/ipca.pdf).

L’inflation ne reflète pas le coût de la vie

D’après l’Insee, les prix à la consommation ont progressé de 1,6 % sur un an en décembre 2006(1). Cette augmentation est plutôt faible comparée à celle des années précédentes, plus proche de 2 %. L’indice des prix à la consommation, publié tous les mois, permet d’estimer, entre deux périodes données, la variation moyenne des prix des produits consommés par les ménages. Il s’agit d’une mesure synthétique de l’évolution du prix des produits, à qualité constante. Le suivi s’effectue sur un échantillon de biens et de services (environ 200 000 prix), actualisé tous les ans.

L’indice des prix à la consommation est utilisé pour évaluer le taux d’inflation. Mais cette inflation, qui se traduit par une hausse générale et durable des prix, doit être distinguée de l’augmentation du coût de la vie. En effet, ce dernier reflète les dépenses des ménages. Il évolue avec les prix, mais aussi avec la structure de la consommation.

Le coût de la vie peut donc augmenter avec la hausse des prix. Il peut aussi s’accroître si le consommateur achète des produits plus chers, mais sans que leur prix ait changé. Aujourd’hui, aucun indice du coût de la vie n’est objectivement mesuré en France.

A. F.
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