Un vétérinaire anglais décortique les habitudes françaises, dont celles des praticiens

Un confrère britannique, de retour dans sa patrie après une étape professionnelle au sein d’une clinique “rurale” dans l’Aude, relate dans le journal Veterinary Times⁽¹⁾ les singularités françaises qui l’ont frappé. Certaines sont relatives à la culture en général, d’autres concernent la profession vétérinaire. Les unes font sourire, d’autres peuvent irriter. Petit florilège des habitudes “made in France” vues par un confrère “so British” !

Une grande partie du récit concerne l’attitude des Français, « grands amateurs de chiens », vis-à-vis de leur animal. Selon l’auteur, celui-ci, en zone rurale du moins, est laissé en liberté, pouvant aller et venir à sa guise à l’extérieur, ce qui explique la quantité de déjections qui ornent rues et trottoirs (Ndlr : les chiens en laisse n’ont donc certainement pas ce genre de besoin biologique…). La laisse est une contrainte, utilisée à contrecœur, pour aller chez le vétérinaire. Quant aux cours d’éducation, ils sont une vue de l’esprit, ce qui expliquerait les problèmes comportementaux fréquents, aggravés par le faible taux de stérilisation des chiens (couramment remplacée par des injections contraceptives). Les panneaux de petites annonces dans les salles d’attente sont souvent relatives à des propositions de saillies. Et l’auteur de conclure que le sexe est très important de ce côté de la Manche ! Shocking ! Les caniches miniatures sont répandus et, chose frappante pour lui, les Français apprécient les races de grandes tailles. Le Beauceron, visiblement inconnu des Anglais, fait ainsi l’objet d’une description.

L’arsenal homéopathique est abondant pour les vétérinaires français

Les pharmacopées vétérinaires françaises et anglaises sont relativement similaires. Toutefois, certains médicaments (non mentionnés) disponibles en France, non vendus outre-Manche, seraient appréciés des Anglais s’ils pouvaient en disposer… et vice versa. Il parle notamment, à tort, des opioïdes injectables qui sont réservés à l’usage hospitalier, restreignant ainsi l’analgésie aux AINS. Les petites structures ne disposent souvent pas d’anesthésie gazeuse, ce qui oblige à des anesthésies “médétomidine-kétamine” pour tous les animaux, kétamine source de nombreux vols. En outre, notre confrère a été frappé, pour ne pas dire choqué, par le nombre de médicaments homéopathiques disponibles⁽²⁾. Il explique la popularité de ce type de médecine par le fait qu’elle constitue une discipline reconnue en médecine humaine en France et bien vue du grand public.

A défaut du tea time, la pause déjeuner est reine

Le mode de vie des Français est lui aussi passé au crible. Ainsi, les pauses déjeuner de deux heures sont courantes, ce qui permet d’accorder une part importante à la vie de famille, fait qu’il juge appréciable, autour de plats délicieux, mitonnés à partir des ingrédients fournis par la pléthore de marchés et de commerçants locaux. Oublié le pudding ! Les repas étant copieux, il est courant de faire une sieste avant de se remettre à la tâche (il n’est pas fait état des gardes de nuit qui pourraient, pour peu que la sieste soit effectivement de mise, justifier cette courte trêve). Malheureusement pour ceux qui souhaiteraient profiter de ce créneau pour se ravitailler, les supermarchés sont fermés à ces mêmes heures et ferment tôt le soir, rendant difficiles les courses, qui doivent être faites au pas… de course.

La France ne vole pas sa suprématie touristique : le soleil est toujours présent dans le Sud (bien que le mistral et le cers ne soient guère appréciés en-dehors de l’été), la nature est de toute beauté, la présence de couloirs migratoires permet d’observer des vols d’oiseaux sauvages… les routes sont lisses, rapides, avec peu de radars (sic), pour peu que l’automobiliste déleste son porte-monnaie aux péages. Les bouchons n’existent que dans les grandes villes et peuvent facilement être contournés.

Autres particularités, d’ordre informatique, les claviers français sont de type “azerty” et non “qwerty” et demandent donc au Britannique une gymnastique d’esprit afin de ne pas taper des “q” à la place des “a”. Sans parler de la place des accents, un autre problème…

Il ne mentionne pas, en revanche, l’inexistence en France des cliniques franchisées qui sortent en ce moment de terre au quatre coins du Royaume-Uni⁽³⁾ (une trentaine à ce jour). Allez, sans rancune et amicalement vôtre.

• (1) Source : Veterinary Times, 22/1/2007.

• (2) L’homéopathie est source de vives polémiques au Royaume-Uni : une association de vétérinaires sceptiques a même été créée, The British Veterinary Voodoo Society, site satirique à l’appui au www.vetpath.co.uk/voodoo

• (3)www.vet4pets.com