Des présidentiables dévoilent leur projet pour les libéraux - La Semaine Vétérinaire n° 1257 du 17/02/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1257 du 17/02/2007

XXe congrès de l’UNAPL. L’avenir des professions libérales fait débat

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux

Présents ou représentés, Nicolas Sarkozy, François Bayrou et Ségolène Royal ont fait entendre leur voix au récent congrès de l’Union nationale des professions libérales.

Etre profession libérale, demain, un projet d’avenir », tel était le thème du XXe congrès de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL), organisé le 8 février dernier à Paris.

Ce rendez-vous avait une connotation particulière en cette année électorale, avec la présence de certains présidentiables venus présenter leur programme pour les libéraux, parmi lesquels figurent les vétérinaires.

Renaud Dutreil, ministre des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et des Professions libérales, et notre confrère Gérard Larcher, ministre délégué à l’Emploi et au Travail, ont tous deux exposé les évolutions liées à l’exercice. Le propos a été énoncé avec beaucoup de pragmatisme et Gérard Larcher, qui a, comme à l’accoutumée, recueilli l’adhésion, a en outre abordé la question épineuse de contrat nouvelle embauche (CNE), mis à mal devant les prud’hommes.

Du côté des présidentiables, Ségolène Royal était représentée par Claude Evin (PS), dont le discours a adopté principalement l’angle européen. La palme de l’adéquation entre le propos, les professions libérales et les très petites entreprises (TPE) est revenue à François Bayrou (UDF), qui a tenu un langage concret et proche. L’intervention de Nicolas Sarkozy (UMP), empreinte de dynamisme, n’a pas non plus laissé indifférent, mais les congressistes ont pu déplorer que la première partie de son discours n’ait pas été centrée sur les libéraux. Enfin, Marie-George Buffet (PC), initialement annoncée, a finalement pointé aux abonnés absents.

Les contraintes des trente-cinq heures et du droit du travail sont mises en exergue

« Les trente-cinq heures, c’est la seule idée au monde qui ne nécessite pas de déposer un brevet pour la protéger ! », a ironisé Nicolas Sarkozy. « Personne ne va nous la prendre ! » La valeur du travail est l’un des chevaux de bataille du candidat de l’UMP, pour qui « nous sommes le seul pays au monde qui empêche les gens de travailler. Le partage du travail est une absurdité économique, car le travail crée le travail ». Nicolas Sarkozy a indiqué plusieurs pistes pour aider les professions libérales et les TPE qui éprouvent souvent des difficultés face à cette problématique. Il a proposé notamment que les heures supplémentaires soient exonérées de charges. Concernant la retraite, il a suggéré de laisser la possibilité de travailler aux personnes qui en feraient le choix.

A propos des trente-cinq heures, Claude Evin a déclaré que Ségolène Royal s’était déjà exprimée sur cette question, estimant que « des modifications devront être apportées ».

La lourdeur que le droit du travail fait peser sur les TPE et les libéraux a aussi été visée. « Jamais le droit du travail n’a été aussi protecteur des salariés et jamais les salariés ne se sont sentis autant en situation de précarité », a constaté Nicolas Sarkozy. « Nous sommes actuellement dans un système perdant-perdant. Je trouve cela normal de gagner plus que d’autres quand on travaille plus et quand on prend plus de risques, mais je n’accepte pas le parachute en or qui consiste à ne pas prendre de risque et à s’assurer des indemnités confortables ! » Cette situation, Nicolas Sarkozy l’oppose à celle des libéraux qui prennent beaucoup de risques, qui « ont la liberté de travailler plus, mais d’avoir plus de soucis » et qui n’ont pas de filet en cas de difficultés. Il insiste ainsi sur la nécessité d’un changement, d’une société et d’une économie qui créent, qui innovent.

François Bayrou a souhaité calquer son projet sur celui de la loi de protection et de soutien de la petite entreprise, signé aux Etats-Unis en 1953. L’un de ses chapitres est un impératif de simplification du droit. « Tous les ans, j’entends parler de simplification et, tous les ans, c’est plus compliqué ! », a déclaré le candidat de l’UDF. « Il est important que nous entrions dans une démarche de simplification », a-t-il poursuivi, avant de résumer ainsi la problématique : « Aujourd’hui, ce n’est plus “nul n’est censé ignorer la loi”, mais “nul ne peut connaître la loi” ! Même les initiés ne peuvent plus s’y retrouver. » Ce désir de clarification est partagé par Gérard Larcher, qui mène la réforme actuelle du droit du travail.

François Bayrou a proposé, pour parvenir à réaliser cette simplification, de passer par les usagers : « Comme on ne sait pas la faire par les fonctionnaires, qu’on la fasse par les usagers. Et les usagers, ce ne sont pas seulement les représentants officiels des usagers, pas seulement “l’establishment” des usagers, pas seulement vos élus, mais aussi vos mandants. » François Bayrou a aussi affiché l’objectif d’un soutien à la création d’emploi, en promettant que toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, pourront créer deux emplois sans charges. Il estime que des centaines de milliers d’emplois pourraient ainsi être créés. Enfin, le président de l’UDF a déclaré souhaiter que « l’on change la façon dont sont organisés en France les marchés publics. C’est une façon de protéger les sous-traitants des garrots que leur imposent certaines entreprises ». Le candidat a également exprimé son vœu que l’Etat soit contraint de respecter les règles qu’il impose aux autres, par exemple en termes de délai de paiement. « L’Etat est extrêmement exigeant vis-à-vis de ses débiteurs, et c’est normal. Qu’il permette aux autres d’en faire autant. »

L’Europe est vue comme un choix essentiel, plébiscité par les présidentiables

L’Europe a été l’un des thèmes phares abordés par les trois partis. Nicolas Sarkozy a regretté que « l’Europe, qui était là pour nous protéger, apparaisse comme une menace ». Evoquant l’agriculture, il souhaite que « les négociations à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) soient faites sur les bases européennes ».

Claude Evin a mis en avant la définition de nos professions dans un contexte européen. « Dans la mesure où vos professions sont réglementées et nécessitent l’inscription dans un Ordre, se pose la question essentielle de la reconnaissance professionnelle. Cette reconnaissance est aussi importante que la définition », a-t-il expliqué. Il a en outre évoqué la directive européenne du 7 septembre 2005, dont la transposition sera achevée en octobre prochain et qui concerne aussi, bien entendu, les vétérinaires(1). « Cela implique que l’Europe pose la question du service public. Nous sommes dans une situation de faiblesse dans le débat lié au service public et à l’intérêt général. »

Les conséquences du non à la constitution européenne ont été évoquées par les différents candidats. « Il s’agit de la première modernisation du système. Le dispositif s’appuie sur la distinction entre régime de prestation et d’établissement, a poursuivi le représentant de Ségolène Royal. Cette reconnaissance ne suffit pas, il faut s’interroger sur la spécificité de ces professions libérales avec les autres Etats membres. » Claude Evin a ainsi replacé la réflexion dans le contexte européen, concernant notamment le service public (santé et juridique), et a pointé la nécessité d’une clarification des frontières de l’Europe.

L’insuffisance du maillage des professions libérales est reconnue

« Le maillage, dont le maillage rural, que représentent vos professions libérales s’est affaibli », a expliqué François Bayrou. « Des professionnels n’arrivent pas à trouver de repreneurs pour leurs cabinets. » Il regrette aussi que les citoyens n’aient pas le même accès à un médecin, à un juriste, à un infirmier, etc. « Vous êtes parmi ceux qui soutenez et maintenez le tissu social de la société française. Vous êtes l’un des visages les plus précieux du point de vue économique. Les TPE représentent l’une des grandes parties de l’emploi, de l’activité, de la santé, de l’optimisme de la France, a-t-il ajouté. Je suis frappé de voir à quel point, en France, la petite entreprise est mal entendue, mal défendue. La démarche qui consiste pour quelqu’un à accrocher sa plaque, à reprendre, à créer, etc., est peu soutenue. Nous avons l’impression, en France, que l’entreprise, c’est la grande entreprise. C’est une vision éloignée du terrain. » Il existe en effet 2 650 000 entreprises en France, dont 1,5 million sans salarié et 1 million avec un à neuf salariés. Ainsi, 2,5 millions sur les 2,65 millions d’entreprises emploient moins de dix salariés ! Voilà qui souligne l’importance des TPE.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1250 des 23 et 30 décembre 2006 en page 14.

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