À QUAND LA VIE EN ROSE POUR L’ASSURANCE CHIEN ? - La Semaine Vétérinaire n° 1257 du 17/02/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1257 du 17/02/2007

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Auteur(s) : Carole Ballin

Le marché de l’assurance pour animal de compagnie reste confidentiel et peine à remporter une franche adhésion.

Une meilleure information, la charte de bonnes pratiques ou encore les protocoles d’accord avec les assureurs sont autant de nouvelles mesures qui visent à promouvoir le concept.

Parviendront-elles à pérenniser l’assurance pour chien et chat ?

Je ne compte plus le nombre de fois où l’un de mes clients m’a dit en réglant sa facture : “C’est malheureux qu’il n’existe pas de carte vitale pour les animaux !” », remarque un confrère. S’il n’y a effectivement pas de carte, une quinzaine de contrats d’assurance santé pour chiens et chats sont toutefois disponibles. Si assurer son animal, dans certains pays, est tout aussi commun que d’assurer son habitation ou son automobile, la démarche est loin d’être naturelle en France. Environ 2 % des chiens et des chats sont assurés dans l’Hexagone au lieu de 20 % au Royaume-Uni ou 60 % en Suède. Pourquoi ce service, qui semble prometteur pour la profession vétérinaire, reste-t-il sous-développé et continue-t-il de susciter des avis si partagés ? Néanmoins, assureurs et praticiens commencent à réagir afin de préserver un système encore trop fragile.

Un praticien mieux informé est plus à même de prodiguer des conseils

« Il existe un réel manque de notoriété du concept même, mais cela est en train de changer », explique Boris Jean, praticien et consultant en développement des assurances animalières.

Plusieurs éléments freinent le développement de l’assurance animalière en France. En premier lieu figure sans doute le fait que la plupart des assureurs négligent la communication avec les vétérinaires et n’investissent pas dans une communication d’envergure auprès du grand public. Plus de 70 %(1) des propriétaires d’animaux ignorent jusqu’à l’existence de tels contrats et le déplorent parfois, surtout lors de “coup dur”. Dans le dédale des offres, le praticien méconnaît souvent le fonctionnement et les particularités de chacun d’entre eux. Ainsi, les enquêtes Qualivet de 2006 montrent que seulement 51 % des clients sont satisfaits ou très satisfaits de la communication de leur vétérinaire sur l’assurance animalière. Fort de ce constat, SantéVet, courtier spécialisé, propose depuis fin 2006 une formation destinée aux praticiens et aux auxiliaires. Les cliniques qui communiquent activement sur l’assurance enregistrent des taux d’animaux assurés de plus de 15 %, d’après Boris Jean.

Par ailleurs, le praticien ne trouve pas un intérêt financier immédiat au fait de conseiller l’assurance. « L’intérêt s’observe sur le long terme », explique Boris Jean. Ainsi, la fréquence des visites chez le vétérinaire est supérieure de 72 % chez les clients assurés par rapport aux non-assurés et les dépenses de soins augmentent significativement : 80 %(1).

Nous sommes loin du système britannique où les cliniques peuvent être labellisées par la Fédération des assurances. « Certaines structures jouent la carte du partenariat en ne choisissant qu’une seule compagnie d’assurances. L’accord d’exclusivité passé avec la compagnie retenue leur apporte des avantages supplémentaires, par exemple un pourcentage sur chaque contrat. »(2)

En France, la crainte des vétérinaires de ne pas respecter le Code de déontologie est un troisième frein au développement de l’assurance. Pourtant, s’il est effectivement déontologiquement interdit de gérer des contrats d’assurance animalière (article R.(1) 242-62), le praticien peut néanmoins évoquer leur existence, en expliquer le fonctionnement et conseiller ses clients. « L’idéal est de pouvoir leur présenter deux ou trois brochures », estime Boris Jean. Les moments privilégiés pour sensibiliser les propriétaires sont les premières consultations du chiot ou du chaton, selon lui. « Les tarifs pour les jeunes animaux sont généralement plus avantageux à un moment où le risque pour l’animal est maximal. De plus, l’absence d’antécédents médicaux chez les jeunes évite au client de voir sa demande de souscription exclue d’emblée et limite, pour le praticien, les demandes de documents de complaisance de la part des clients. »

La fragilité du système, illustrée par les récents retraits de Groupama (Animalia), d’Auchan et de Finaref, invite à la prudence pour tous les acteurs, assureurs, propriétaires et vétérinaires.

Le Conseil supérieur de l’Ordre s’investit dans le dossier « assurance »

Face aux nombreuses sollicitations des sociétés d’assurances auxquelles les vétérinaires sont confrontés, ces dernières proposant des actions et des modes de rémunération contrevenant aux règles de la profession, le Conseil supérieur de l’Ordre a mis en place une commission “assurance”, initiée par Claude Jacquemaire et composée de Yannick Poubanne, Dona Sauvage pour le Conseil supérieur de l’Ordre, Christophe Buhot pour le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), et Francis Durand pour le Groupe d’étude en recherche et management (Germ). Afin de faciliter la tâche des vétérinaires, une feuille de soin unique (et non plus une par assurance) va être présentée aux différents courtiers en assurances afin qu’ils la valident.

Elle devrait être en circulation dès cette année. L’autre projet de la commission concerne un Guide de bonnes pratiques, une charte rédigée par la commission à laquelle pourraient adhérer les assureurs, qui garantirait aux vétérinaires le respect du Code de déontologie et préserverait leur indépendance. Des protocoles d’accord, enfin, signés par l’assureur et les vétérinaires, leur seront proposés. Il s’agira de contrats de relation économique qui définiront la manière dont l’assureur travaillera avec la profession.

Qui, en effet, n’a pas été sollicité pour “tricher” sur la feuille de soins ? Le vétérinaire est alors tiraillé entre son envie de satisfaire son client, son éthique et ses devoirs déontologiques. Ces situations, loin d’être anecdotiques, ont inspiré à nos confrères Vincent Dattée et Boris Jean la réalisation d’un document qui peut être affiché au sein de la clinique(3). Il rappelle que tout document de complaisance signé par le praticien constitue une faute professionnelle grave (selon l’article R. 242-38 du Code rural) et passible de lourdes sanctions.

Une (trop) grande partie des propriétaires utilisent encore leur contrat d’assurance comme un produit de consommation de frais vétérinaires à rentabiliser à tout prix. A trop “jouer avec les contrats”, les cotisations augmentent et rendent l’offre beaucoup moins attrayante pour le consommateur. A terme, cela peut entraîner la fin du concept. Les assureurs d’animaux de compagnie ont cessé leurs activités en Belgique, au grand dam des praticiens qui tentent aujourd’hui, avec l’aide du syndicat, de rebâtir un contrat d’assurance. « Les vétérinaires et les propriétaires d’animaux doivent être des acteurs responsables du développement durable de l’assurance animalière », estime Vincent Dattée.

  • (1) D’après SantéVet.

  • (2) Extrait de la thèse de Pascal Surugue, 2004, Toulouse, « L’assurance médico-chirurgicale pour animaux de compagnie en France et au Royaume-Uni. Etude comparative et recommandations pour le développement du marché français ».

  • (3) Consultable sur Planete-vet, rubrique « dossier ».

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L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

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