80 % des Français se disent inquiets face aux risques de santé publique - La Semaine Vétérinaire n° 1257 du 17/02/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1257 du 17/02/2007

Crises et risques sanitaires. Enquête d’opinion

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

La mémorisation des crises ne semble pas liée à leur nature, mais davantage à leur médiatisation. Sida, grippe aviaire, « vache folle » et sang contaminé sont ainsi spontanément cités.

Près de huit français sur dix se disent inquiets. L’indice synthétique des craintes sanitaires (ISCS) progresse de cinq points en 2006 par rapport à 2005. Inquiets, mais pas fatalistes : 81 % des Français pensent qu’il est possible d’éviter les crises dans le domaine de la santé publique. Ce sont les principales conclusions de l’Observatoire des risques sanitaires sur une étude d’opinion qui suit le niveau d’inquiétude des Français et la confiance qu’ils portent dans les institutions et les entreprises pour les protéger des risques sanitaires.

Ces résultats ont été rendus publics le 1er février dernier pour la seconde année par Vae Solis Corporate (anciennement Leo Corporate) et Opinion Way, en partenariat avec le Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

Le risque lié à l’action de l’homme sur l’environnement tient la première place

Parmi les risques qui suscitent les niveaux de craintes les plus élevés, l’action de l’homme sur l’environnement et les risques hospitaliers arrivent toujours en tête. « Les Français ont peur… de plus en plus peur », affirme Hugues Cazenave, président d’Opinion Way, en se fondant sur l’augmentation de l’ISCS. A lui seul, le « risque lié à l’action de l’homme sur l’environnement », en progression, tient la première place, avec 7,87 points de crainte (sur 10). Néanmoins, cette tendance était d’ores et déjà perceptible en 2005, puisque le même item était déjà en première position. Loin d’être un phénomène de mode, la préoccupation des Français pour l’environnement est une tendance lourde qui jouera fortement dans les années à venir, selon les chercheurs. L’impact du changement climatique sur la santé ressort comme l’enjeu majeur des prochaines années, ajoutent-ils : 68 % des Français interrogés sont inquiets pour eux-mêmes et 92 % pour les générations futures. Ils sont en outre 79 % à penser que le gouvernement ne fait pas le nécessaire.

« La judiciarisation des crises sera l’un des éléments clés de leur gestion dans le futur »

Les résultats de l’étude montrent par ailleurs qu’une intense médiatisation assure une forte mémorisation des crises sanitaires (voir tableau). Ainsi, la progression de la grippe aviaire et du Sida, ainsi que la chute de la “vache folle” montre que les crises se succèdent dans la mémoire comme dans les médias. « Nous observons que les facteurs susceptibles d’impacter le taux de mémorisation des crises ne semblent pas liés à la nature même de ces crises, mais plus certainement au fait qu’elles ont en commun d’avoir bénéficié d’une forte exposition médiatique », commente Hugues Cazenave. En “mémorisation assistée”, les bonds les plus significatifs concernent la grippe aviaire (+ 16 %) et les maladies nosocomiales (+ 5 %). Une prise en charge par les autorités publiques d’un problème de santé publique semble donc générer une bonne mémorisation de l’événement. Autre point souligné par les auteurs, « la judiciarisation des crises sanitaires sera, à n’en pas douter, l’un des éléments clés dans la gestion des crises de demain. En témoigne le bond de mémorisation de 20 % de l’amiante, qui passe de 22 à 42 % par rapport à 2005. Cette progression s’explique par les répercussions juridiques de la crise qui la prolongent et lui assurent un taux de mémorisation important ».

94 % des Français pensent qu’on ne leur dit pas toute la vérité

En matière d’information, la demande de transparence apparaît particulièrement forte selon les résultats de l’étude. Cette demande de transparence est corrélative du sentiment largement partagé (94 %) selon lequel, face aux risques dans le domaine de la santé, « on ne nous dit pas toute la vérité ». Les auteurs montrent toutefois, pour 2006, une légère amélioration de la satisfaction sur la qualité de l’information reçue. Néanmoins, elle reste trop complexe (60 %, en augmentation de 3 %) et toujours trop tardive (63 %, en augmentation de 9 %).

Politiques, administration et élus locaux n’ont pas la cote en termes de confiance

Toujours en matière d’information, les scientifiques et les organisations internationales (comme l’Organisation mondiale de la santé, citée dans l’enquête) bénéficient majoritairement de la confiance des Français pour leur dire la vérité sur les crises dans le domaine de la santé, même s’ils sont en baisse en 2006 (voir figure 1). Cela peut révéler une perception d’une division du monde scientifique sur certains problèmes de santé publique. « La science n’est plus entendue comme une seule voix, commente Arnaud Dupui-Castérès, président de Vae Solis. Les questions scientifiques sont aujourd’hui débattues dans les médias et créent un défaut d’autorité. » Les politiques et les entreprises souffrent, eux, d’un profond déficit de confiance, mais leurs scores s’améliorent toutefois timidement (+ 2 % pour le gouvernement, + 1 % pour les entreprises). Quant à la parole des associations, des journalistes et de l’administration, elle ne jouit que d’une confiance limitée, mais elle est également en progrès (+ 2 %).

Sensibilisation et information sur les systèmes de préparation semblent payantes

Enfin, si dans l’opinion publique la tentation du risque zéro semble se renforcer d’année en année (81 % des Français pensent en 2006 qu’il est possible d’éviter les crises dans le domaine de la santé contre 77 % en 2005), les Français témoignent du peu de confiance dans les acteurs, publics et privés, pour anticiper et prévenir les crises à venir. Ils restent majoritairement convaincus que le nombre de crises sanitaires aura tendance à augmenter à l’avenir. La confiance dans le degré de préparation des acteurs est toujours particulièrement faible. Le gouvernement perd 8 % de confiance. Toutefois, la sensibilisation et l’information sur les dispositifs de préparation semblent payantes : par exemple, sur la grippe aviaire, l’engagement des autorités pour lutter contre le risque pandémique est bien reconnu et salué d’un gain de treize points. 73 %des Français estiment que le gouvernement fait le nécessaire pour réduire les risques d’apparition de la grippe aviaire en France (versus 60 % en 2005). Ceci prouve donc l’efficacité d’une mobilisation massive des autorités sur un sujet de santé publique, selon les auteurs de l’étude.

Enfin, en termes de crédibilité de la parole des différents acteurs intervenant dans les crises sanitaires, l’étude révèle que, du côté des organismes, le CNRS et l’Institut Pasteur recueillent les meilleurs scores. Du côté des ministères, ceux de la Santé et de la Recherche arrivent aux deux premières places (voir figure 2).

Pour les concepteurs de cette étude d’opinion, « cet observatoire constitue un outil d’aide à la décision pour accompagner les entreprises et les diverses institutions dans leur démarche de prévention et d’anticipation des crises », comme le souligne Arnaud Dupui-Castérès.

  • Source : CNRS, « Risques et crises sanitaires : résultats de la deuxième vague de l’enquête d’opinion », février 2007.

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