Raclages et trichogrammes sont indispensables à la démarche diagnostique en dermatologie - La Semaine Vétérinaire n° 1256 du 10/02/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1256 du 10/02/2007

Prurit chez un lapin

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Adrien Cristinelli

Les dermatoses prurigineuses et/ou dépilatoires sont le plus souvent dues à des ectoparasites.

Un lapin bélier mâle, castré, âgé de cinq ans et pesant 2,3 kg est présenté en consultation pour léchage, mauvaise odeur et poils humides en région abdominale, remarqués la veille par la propriétaire. Aucun autre signe clinique ni changement récent dans l’environnement ne sont rapportés. L’animal s’alimente et boit normalement.

Le lapin présente des lésions cutanées suppurées, inflammatoires et prurigineuses dans les régions périnéale et abdominale. Le diagnostic clinique est celui d’une pyodermite.

Afin d’effectuer des examens complémentaires et des soins locaux, l’animal est anesthésié (kétamine à la dose de 6 mg/kg et médétomidine à la dose de 0,15 mg/kg, par voie intramusculaire).

Les ectoparasites et les dermatophytes sont à rechercher prioritairement

Chez le lapin, la première étape consiste à rechercher une cause parasitaire, même si les signes cliniques ne sont pas forcément en faveur de cette hypothèse. Un examen à l’œil nu permet d’écarter la présence de puces et de poux. Le raclage est indispensable pour investiguer une acariose : il se révèle négatif dans le cas présent. Les vraies gales sont rares chez le lapin (gale sarcoptique due à Sarcoptes scabiei cuniculi et gale notoédrique causée par Notoedres cuniculi). Elles provoquent un prurit, des croûtes et des lésions de surinfection sur la tête avec une extension possible au cou et aux régions périgénitales. Il existe également des pseudogales : cheylétiellose à Cheyletiella parasitivorax qui provoque un prurit sévère avec lésions alopéciques, érythémateuses et surtout squameuses à localisation dorsolombaire ; pseudogale à Listrophorus gibus qui entraîne un prurit faible avec des lésions alopéciques et érythémateuses, principalement sur le dos. De nombreux Demodex sont parasites des rongeurs et des lagomorphes (Demodex cuniculi chez le lapin, mais qui reste rare). La démodécie entraîne des lésions peu ou pas prurigineuses, alopéciques, parfois érythémato-squameuses.

Afin de rechercher des dermatophytes, courants chez les rongeurs et les lagomorphes, un trichogramme est réalisé. En raison de leur fréquence, il est donc conseillé de les tester systématiquement si la recherche d’ectoparasite se révèle négative. Les dermatophytes rencontrés chez le lapin sont Trichophyton mentagrophytes, Microsporum canis, Microsporum gypseum et Trichophyton quinckeatum. Le trichogramme chez le lapin présenté ici se révèle, lui aussi, négatif.

Lorsque la cause parasitaire est écartée, une origine bactérienne est à envisager : il est conseillé d’effectuer un prélèvement cutané pour la bactériologie et un calque pour la recherche de cocci Gram + en chaînes au microscope. Les germes les plus souvent responsables de pyodermite sont Streptococcus sp., Pasteurella sp., Fusobacterium necrophorum, Staphylococcus aureus et Pseudomonas aeruginosa. Dans le cas présent, la recherche bactériologique n’a pas été possible pour des raisons financières.

Un traitement empirique est donc instauré. L’animal est rasé en zone périnéale. Bien que la recherche d’ectoparasites se soit révélée négative, un traitement à base d’ivermectine est effectué en raison de l’absence de visualisation systématique des parasites chez des animaux infestés. Cette molécule est donc injectée par voie sous-cutanée, à la dose de 0,4 mg/kg, à raison de deux injections à sept jours d’intervalle. De la marbofloxacine, antibiotique à large spectre, est quant à elle injectée par voie sous-cutanée, tous les jours pendant cinq jours, à raison de 0,2 mg/kg. Elle présente l’avantage d’être efficace sur l’ensemble des germes fréquemment rencontrés lors de pyodermite chez les lagomorphes et les rongeurs de compagnie, et de posséder une bonne tolérance vis-à-vis de la flore digestive. Cependant, en raison de l’importance physiologique de cette flore, l’antibiothérapie ne doit pas s’effectuer sur du long terme, au risque de voir se développer de graves troubles digestifs.

De la Cortanmycétine® crème est appliquée matin et soir pendant une semaine. Un carcan de 7,5 cm de diamètre, raccourci en longueur de 1 cm est placé, afin d’éviter le léchage.

En cas de pyodermite périnéale, il convient de ne pas oublier que l’origine peut être urinaire ou due à une parasitose interne.

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