Le sérotype A2 de Mannheimia haemolytica prédomine chez les ovins et les caprins

Chez les petits ruminants, deux espèces de pasteurelles, associées à des syndromes cliniques distincts, sont le plus souvent isolées : Mannheimia haemolytica et Pasteurella trehalosi. Les souches du complexe P. haemolytica, selon l’ancienne appellation, qui comprend ces deux espèces, peuvent se classer en dix-sept sérotypes. Des scientifiques ont analysé les résultats de sérotypages de Mannheimia haemolytica et Pasteurella trehalosi effectués entre 2000 et 2004 sur 120 souches ovines (96) et caprines (24). Les prélèvements proviennent d’animaux présentant des signes cliniques de pasteurellose et répartis dans vingt départements français. Les résultats ont été comparés à ceux d’une précédente étude menée en 1991.

Les souches isolées présentent une différence importante de répartition des sérotypes entre les caprins et les ovins. Chez ces derniers, M. haemolytica est mise en évidence dans 90 % des isolements et P. trehalosi dans 10 % des cas. Neuf sérotypes de M. haemolytica sont identifiés. Le sérotype A2 se révèle majoritaire (présent dans 29,2 % des prélèvements). Les sérotypes A1, A7, A9, A8, A12 sont assez fréquemment isolés : dans 8,3 à 11,5 % des cas. A5 et A6 sont décelés ponctuellement (respectivement 7,3 et 6,2 % des cas). La diversité des sérotypes isolés confirme les résultats de l’étude menée en 1991. Néanmoins, le sérotype A2 est devenu le plus fréquemment observé, avec une augmentation de la fréquence d’isolement de 57 %, alors que A1 tend à reculer (diminution de 38 %).

Toujours chez les moutons, quatre sérotypes de P. trehalosi sont identifiés : T4 est prédominant (7,3 %), alors que les autres, T3 et T15, ne sont que rarement observés. Par rapport à 1991, le sérotype T4 de P. trehalosi demeure ainsi majoritaire, notamment dans l’Aveyron, et semble plus particulièrement présent chez les jeunes. En revanche, durant la dernière décennie, la répartition des autres sérotypes de P. trehalosi a davantage fluctué avec l’émergence récente du sérotype T15.

Chez les caprins, le sérotype A2 de M. haemolytica est majoritairement représenté, avec 21 souches sur les 24 souches typées, soit 87,4 %. Les autres sérotypes isolés sont A6 et A7 de M. haemolytica et le sérotype T4 de P. trehalosi. Par rapport à 1991, la fréquence d’isolement du sérotype A2 de M. haemolytica s’est accrue de 9 %.

« Sur le plan pratique, la connaissance de la diversité des sérotypes de pasteurelles rencontrées chez les petits ruminants est essentielle dans le cadre d’une prévention vaccinale qui doit être fondée sur des vaccins efficaces contre les souches circulant sur le terrain. Dans ce contexte, la seule présence du sérotype A1, voire la combinaison des sérotypes A1 et A6 dans le vaccin bovin reste d’un intérêt faible chez les petits ruminants en raison du peu d’immunité croisée entre les sérotypes de pasteurelles (…). Il apparaît essentiel que la composition vaccinale inclue la valence A2 et, si possible, la grande majorité des sérotypes isolés dans l’espèce ovine », estiment les auteurs de l’étude.

• Source : G. Abadie et coll. : « Pasteurelloses des petits ruminants : actualité en matière de sérotypage de Mannheimia haemolytica et de Pasteurella trehalosi », Revue de médecine vétérinaire, 2006, vol. 157, n° 11, pp. 530-534.