Le diastème conduit à l’impaction progressive des fibres alimentaires - La Semaine Vétérinaire n° 1251 du 06/01/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1251 du 06/01/2007

Dentisterie équine

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde

Ce trouble dentaire est l’un des plus chroniques et des plus douloureux.

Un diastème est la présence d’un espace visible entre deux dents voisines. Il existe, chez le cheval, des diastèmes anatomiquement normaux, comme les “barres” présentes entre les incisives (ou les canines chez les mâles et les juments bréhaignes) et les prémolaires.

Des troubles du développement de la mâchoire et des dents

Les diastèmes pathologiques sont qualifiés de valvaires ou fermés, et peuvent être congénitaux ou acquis. Ils peuvent apparaître à la suite d’un problème de développement, comme un manque de compression de la surface d’occlusion molaire, une disparité entre la taille de la mâchoire et celle des dents avant leur éruption, aboutissant à des déplacements des molaires, une malposition dentaire, une dent à surcroissance individuelle se déplaçant en direction rostrale ou caudale, ou encore la présence de dents surnuméraires qui créent des diastèmes entre elles et les autres molaires.

Chez le cheval prenant de l’âge, la forme conique des molaires et des prémolaires s’accentue. Elles restent bien en contact au niveau de la surface d’occlusion, mais peuvent s’éloigner au niveau de l’apex des dents, créant ainsi des espaces interdentaires secondaires. Ce phénomène peut être aggravé par le déplacement d’une dent ou un changement d’angle de croissance, souvent observés chez le vieux cheval.

La présence de diastèmes aboutit à une impaction progressive de fibres alimentaires transversalement orientées entre les couronnes des molaires et des prémolaires. Le cheval peut n’exprimer aucun symptôme. Cependant, la plupart du temps, les aliments se compressent dans l’espace périodontal, où ils forment une poche profonde qui peut s’étendre sur les aspects médiaux et latéraux des dents adjacentes à l’espace interdentaire. La pression constante appliquée sur le périodonte, l’inflammation du ligament périodontal lors de la mastication et les infections bactériennes anaérobiques secondaires créent une douleur qui, lors de la mastication, peut pousser le cheval à cesser les mouvements de mandibule et à recracher des aliments partiellement mâchés. Un défaut d’usure des dents adjacentes au diastème peut aggraver l’impaction en entraînant une compression alimentaire encore plus importante. Finalement, la maladie périodontale profonde peut dégénérer en un abcès péri-apical, une fistule oro-maxillaire avec sinusite secondaire et une ostéomyélite des os mandibulaire et maxillaire.

Halitose, douleur, expulsion d’aliments partiellement mastiqués, etc., sont les signes

Les chevaux atteints ont tendance à avoir plus de mal à mâcher les fibres longues que les courtes (moins de 5 mm). La mastication peut être modifiée, le cheval préférant mâcher d’un seul côté ou lentement. L’animal peut aussi incliner anormalement la tête lors de la mastication. Il est courant de trouver des grains non digérés, ainsi que de longs brins de fourrage dans les crottins.

Les diastèmes se rencontrent généralement sur l’arcade mandibulaire, particulièrement au niveau des dents les plus caudales. L’utilisation de miroir ou d’un endoscope permet leur visualisation, bien que la palpation soit aussi un outil diagnostique. Les aliments impactés peuvent être retirés grâce à de longs forceps. L’évaluation de la profondeur et de l’étendue des poches périodontales créées par l’accumulation d’aliments est possible via une sonde périodontale. La sévérité de la gingivite et de la périodontite visualisées, ainsi que la douleur notée à la palpation, permettent d’objectiver l’importance clinique de la présence du diastème. Des clichés radiographiques avec une incidence oblique sur bouche ouverte complètent l’examen clinique, évaluent la profondeur des lésions et permettent de suivre leur évolution.

Changement d’alimentation et intervention thérapeutique font partie du traitement

Les modifications du régime alimentaire ont pour but d’éliminer les fourrages à longues fibres (foin et ensilage) et de les remplacer par de l’herbe ou de la luzerne hachée et des grains. Après un curetage des poches périodontales, plusieurs interventions sur les dents qui entourent le diastème sont envisageables. L’espace interdentaire peut être élargi en râpant 2 à 5 mm de la surface d’occlusion pour diminuer le piégeage alimentaire chronique et en éliminant toute excroissance des dents entourant le diastème. L’espace peut être plus largement agrandi avec une fraise. Il faut cependant veiller à ne pas limer la dent trop profondément pour que la pulpe dentaire ne soit pas atteinte. Le râpage des crêtes transverses saillantes sur les dents du côté opposé au diastème apporte aussi une amélioration.

Lorsqu’il s’agit d’un diastème secondaire à un déplacement de molaires ou de prémolaires, l’arrachage de l’une des dents qui bordent l’espace règle le problème. La maladie périodontale fragilise le ligament périodontal, facilitant ainsi l’extraction de la dent.

Ces interventions doivent s’accompagner d’un contrôle régulier de la dentition, tous les trois à six mois, puis tous les six à douze mois une fois le problème stabilisé. Le traitement de la maladie périodontale débute par le curetage des poches d’aliments accumulés. L’utilisation d’un système haute pression à gaz comprimé avec une solution de bicarbonate de sodium et de chlorhexidine donne de bons résultats. Les poches sont ensuite tapissées d’une couche de gel antibiotique, comme la doxycycline, puis comblées avec une substance plastique malléable. Le matériel plastique reste en place quelques semaines, favorisant la réparation tissulaire et apportant un soulagement de la douleur périodontale.

Si la cause mécanique du diastème n’est pas traitée en même temps, il est probable que la maladie périodontale réapparaîtra.

Le pronostic des diastèmes des jeunes chevaux liés à des anomalies du développement de la mâchoire et des dents adultes est meilleur que celui des diastèmes acquis. Les résultats du traitement par l’élargissement de l’espace sont encourageants. La présence de diastèmes multiples assombrit le pronostic et peut rendre le traitement difficile, voire problématique.

  • Article réalisé d’après la conférence de P.M. Dixon (université d’Edimbourg) : « How to treat cheek teeth diastema in the horse », présentée lors des journées annuelles de l’Avef à Versailles, du 11 au 14 octobre 2006.

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