« La réforme de la réforme »vient de voir le jour

C’est fait : un accord pour aménager le cursus de formation des vétérinaires français a été signé le 21 décembre dernier. Il sonne ainsi certainement le glas d’une problématique de “non-eurocompatibilité” du diplôme vétérinaire hexagonal. La récente réforme de l’enseignement (passé de 1 + 5 à 2 + 4) a pourtant été fustigée par les enseignants et par les vétérinaires français dès la phase de réflexion, en 2003, jusqu’à sa mise en place en 2005⁽¹⁾. En effet, les quatre années d’étude effectuées au sein des écoles vétérinaires au lieu des cinq années au moins accomplies dans toutes les autres écoles ou facultés vétérinaires européennes dérogeaient aux règles de Bruxelles. L’évaluation négative de l’école de Lyon en 2005 par l’Association européenne des établissements d’enseignements vétérinaire (AEEEV) et par la Fédération vétérinaire européenne (FVE) avait confirmé les craintes. Avec cette formation écourtée, les étudiants ont été rapidement dépassés et surmenés par des programmes trop lourds. « Le rythme est le même qu’en prépa ! », se plaignent certains d’entre eux. Pour la première promotion concernée par la réforme, il s’agissait en effet de rattraper le retard des ex P-2 qui avaient déjà suivi une année d’école.

Le président du Conseil de l’Ordre, Christian Rondeau, dans un éditorial intitulé « Serions-nous des cancres ? », en date du 14 novembre dernier, rappelait que la France, berceau de l’enseignement vétérinaire dans le monde, avait « la responsabilité d’adapter, à l’heure de la mondialisation, ses propres schémas d’organisation aux attentes de la société et plus particulièrement des étudiants (…) ». Et de poursuivre : « Il est encore temps de réagir (…). »

C’est chose faite.

L’accord a été signé par les représentants des professionnels, les responsables des quatre écoles nationales vétérinaires et les services du ministère de l’Agriculture et de la Pêche. Dominique Bussereau, ministre de l’Agriculture et de la Pêche, se félicite de ce consensus. Celui-ci préserve les acquis de la réforme des classes préparatoires BCPST qui préparent en deux ans les concours d’accès aux ENV ainsi qu’aux grandes écoles agronomiques. En revanche, le cursus au sein des écoles sera porté de quatre à cinq ans. Cette dernière année sera une année d’approfondissement pour les étudiants, constituée, pour l’essentiel, par des stages et par la rédaction et la soutenance de la thèse.

« La mobilisation massive et unitaire de l’ensemble de la profession (Ordre, syndicat, représentants des étudiants, des professionnels ainsi que les enseignants) a été salutaire et a permis d’aboutir à cet accord », constate Bruno Polack, représentant des personnels au Conseil national de l’enseignement et de la recherche agricole, agroalimentaire et vétérinaire.

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1228 du 3/6/2006, en pages 42 à 45.