En 2006, la France a dû faire face à la grippe aviaire et à la blue tongue - La Semaine Vétérinaire n° 1251 du 06/01/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1251 du 06/01/2007

Une année difficile pour les productions animales

À la une

Auteur(s) : Nathalie Devos*, Jean-Pascal Guillet**

Ces deux maladies ont marqué l’an passé le quotidien des confrères exerçant dans les filières et en rurale.

Février 2006. Une semaine après avoir affecté des cygnes sauvages de plusieurs pays européens, le virus H5N1 HP de l’influenza aviaire est, pour la première fois, détecté le 13 du mois chez des canards sauvages, à Joyeux, dans l’Ain(1). Le 24, la forte suspicion d’un foyer dans un élevage industriel de dindes de la commune proche de Versailleux est officiellement confirmée. Le transport mécanique du virus par les hommes et/ou le matériel à partir de l’environnement (où le virus a été identifié chez des oiseaux sauvages de cette région de la Dombes) est l’hypothèse retenue pour expliquer la contamination de l’élevage. Plusieurs spécialistes ont imputé celle de l’avifaune sauvage (observée dans plusieurs pays européens l’hiver dernier) au froid intense qui régnait alors aux portes de l’Europe. Les températures particulièrement basses auraient contraint ces espèces, non migratrices, à se déplacer vers l’Ouest, expliquent-ils.

Les oiseaux migrateurs sont partiellement dédouanés dans la diffusion du virus

Le rôle des oiseaux migrateurs dans la diffusion du virus H5N1 HP sur plusieurs continents depuis la fin de l’année 2003 (période où il a été officiellement découvert en Asie du Sud-Est) a divisé les scientifiques. En mai dernier, une conférence internationale co-organisée par la FAO et l’OIE, à Rome, les a partiellement dédouanés. S’il semble bien que les oiseaux migrateurs ont introduit le virus en Russie depuis l’Asie du Sud en août 2005, puis à l’est de l’Europe (en Turquie et en Roumanie) en octobre 2005, leur rôle dans sa propagation dans les élevages de volailles en Afrique depuis février 2006 n’est pas prouvé. Pour les pays touchés de ce continent, la mauvaise hygiène des exploitations et le commerce illicite de volailles sont plutôt pointés du doigt par les experts. Par ailleurs, le retour des oiseaux migrateurs d’Afrique n’a pas causé la contamination de grande ampleur tant redoutée dans les pays du vieux continent au printemps dernier. Toutefois, les spécialistes s’accordent sur la nécessaire poursuite des recherches concernant ces oiseaux (espèces les plus prédisposées, temps de survie et de durée de vol lorsqu’ils sont infectés, etc.). Si leur rôle dans la diffusion du virus est un jour réellement déterminé, le réchauffement climatique risque de changer la donne en modifiant les trajets migratoires. La vigilance reste donc de mise.

La vague bleue européenne a provoqué six foyers dans le nord de la France

La modification du climat est sans doute l’un des facteurs responsables de l’émergence de la fièvre catarrhale ovine en Europe du Nord, le 17 août dernier. En effet, la chaleur et l’humidité sont favorables à la multiplication du vecteur de la blue tongue, un moucheron du genre Culicoides. La vague bleue a d’abord touché les Pays-Bas puis la Belgique, l’Allemagne, la France et le Luxembourg. A ce jour, plus de deux mille foyers ont été comptabilisés, dont six en France : à Brognon, Tailly, Hierges (Ardennes), Beaurieux, Bondues (Nord) et dans la Meuse. La maladie n’avait jamais été diagnostiquée sous de telles latitudes. En effet, l’infection est généralement observée entre le 35e parallèle Sud et le 40e parallèle Nord. Jusqu’à présent, C. imicola était le principal vecteur incriminé à l’ouest du bassin méditerranéen. Pour les foyers nord européens, C. dewulfi serait en cause. Le virus est de sérotype 8.

L’épizootie a souligné le rôle primordial des praticiens. Ainsi, le premier cas de blue tongue a été détecté grâce à un confrère qui a noté des signes évocateurs de l’affection chez un bovin. Car, autre particularité de cette épizootie, les bovins présentent des symptômes de la maladie : boiterie, hypersalivation, œdème de la face, érythème et œdème de la mamelle et/ou des trayons. Généralement, l’infection se manifeste principalement chez les moutons et affiche un taux de mortalité de 2 à 20 %. Chez les autres ruminants domestiques, elle passe le plus souvent inaperçue.

Les foyers ont réactivé le dispositif de formation des vétérinaires sanitaires

Les confrères et consœurs étaient d’autant mieux préparés à l’arrivée du virus qu’ils avaient bénéficié du dispositif de formation continue des vétérinaires sanitaires. Plusieurs centaines de praticiens ont ainsi été formés à la blue tongue à partir de septembre 2006. Le déroulement du cycle de réunions s’est calqué sur l’opération pilote qui avait concerné trois cents vétérinaires dans les départements du sud de la France, à l’automne 2005.

En hiver, avec la baisse des températures, la blue tongue pourrait observer une trêve au nord de l’Europe. Souhaitons pour les éleveurs, affectés financièrement par l’épizootie, qu’elle soit la plus longue possible. En effet, la découverte d’un foyer induit l’instauration de zones de protection (rayon de 100 km) et de surveillance (rayon de 150 km) au sein et à partir desquelles les mouvements de ruminants, de semence, d’embryons et d’ovules sont limités et soumis à conditions.

  • (1) Le virus a été, par la suite, en mars 2006, détecté dans l’avifaune sauvage des Bouches-du-Rhône.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr