Les cas graves de maladies du périodonte aboutissent parfois à l’euthanasie cheval

L’anatomie du périodonte se divise en un tissu qui supporte la dent (cément périphérique, ligament périodontal, os alvéolaire dentaire) et un tissu englobant (la gencive qui entoure la dent). Le ligament périodontal se trouve entre le cément et l’os alvéolaire. Sa fonction principale est de supporter et d’ancrer la dent dans l’alvéole pour lui permettre de résister à des forces masticatoires considérables. Ce ligament est un tissu conjonctif contenant une matrice extra-cellulaire essentiellement collagénique, de nombreux fibroblastes et quelques autres cellules, comme des cémentoblastes et des ostéoblastes. Il contient aussi des fibres nerveuses qui ont une fonction nociceptive et de proprioception mécanique. Le cément est le tissu calcifié le plus souple des tissus dentaires, à 65 % minéral (cristaux d’hydroxyapatite de calcium) et à 35 % organique. Il s’agit d’un tissu conjonctif calcifié spécialisé qui fournit un point d’attache pour les fibres du ligament périodontal et un milieu d’éruption pour les dents brachyodontes et hypsodontes. Sa composition riche en matières organiques et en eau lui confère une bonne flexibilité et offre le support nécessaire à l’émail adjacent fragile et cassant. Le cément, chez les chevaux, particulièrement quand ils vieillissent, contribue d’une manière significative à l’épaisseur et à la résistance de la couronne et des racines de la dent.

L’os alvéolaire fait partie des os de la mâchoire. Il est constitué d’une partie de l’os cortical de la mandibule, la maxilla, d’un os trabéculaire spongieux placé centralement et d’un os dense recouvrant les alvéoles, souvent appelé plaque ou assiette cribiforme.

Une incidence de la maladie périodontale de 60 à 37 % selon les études

La maladie périodontale est divisée, chez les hommes, en affections inflammatoires (gingivite, périodontite) et dystrophiques (gingivose, périodontose, atrophie et malocclusion dentaire). La gingivite correspond à des lésions inflammatoires de la gencive marginale qui peuvent progresser vers la périodontite. Cette dernière est présente lorsque les lésions se sont étendues au delà de la gencive avec une destruction du tissu conjonctif périodontal et une résorption de l’os alvéolaire. Les dystrophies périodontales sont le résultat de processus dégénératifs, circulatoires ou mécaniques, ou encore font suite aux changements pathologiques du périodonte. La périodontite est un processus pathologique complexe qui implique une association de facteurs génétiques, microbiens, immunologiques et environnementaux déterminant le risque de développer la maladie et de la voir progresser. Dans les espèces brachyodontes (carnivores, omnivores), comme pour les caries, la formation de la plaque dentaire est jugée responsable de la maladie périodontale. Chez le cheval, espèce hypsodonte, la question n’a pas été résolue. La maladie périodontale pourrait aboutir à un défaut important de l’os alvéolaire et l’atteinte de la région apicale pourrait entraîner une pulpite septique et la perte éventuelle de la dent. Les cas les plus graves dégénèrent en ostéomyélite et s’achèvent par l’euthanasie du cheval.

L’incidence de la maladie périodontale chez les équidés est varie selon les études. Elle a été estimée à 60 % dans un effectif de chevaux âgés de plus de quinze ans, à 37 % dans un effectif d’abattoir, alors que, dans ce dernier groupe, 52 % des chevaux étaient atteints de périodontite. Il a aussi été constaté que le déplacement ou la rotation des dents, ou encore la présence de diastèmes sont à l’origine de maladie périodontale secondaire plus fréquemment que l’usure anormale des dents.

La maladie périodontale primaire est rare, sauf lors de l’éruption dentaire. L’examen de crânes immatures a montré une incidence de 40 % de l’inflammation périodontale associée à l’éruption de la dentition permanente.

L’alimentation joue probablement un rôle important dans l’étiogénie de la maladie périodontale équine. Le hachage en petites particules des aliments secs pourrait se révéler à l’origine d’un traumatisme mécanique ou d’une fermentation bactérienne se produisant au niveau de la gencive.

L’âge, ainsi que le changement de la forme des dents, aboutissent à l’apparition de diastèmes des molaires et des prémolaires, et augmentent les risques d’impaction interdentaires d’aliments.

Le traitement de la maladie périodontale équine est difficile

La maladie est douloureuse et requiert la réalisation de blocs nerveux régionaux lors de l’intervention thérapeutique qui débute par un nettoyage des dents et une élimination des débris des surfaces dentaires et des structures gingivales adjacentes.

Une antibothérapie systémique à base de sulfamides potentialisés et de métronidazole a été suggérée. L’extraction des dents qui bougent peut aussi être indiquée dans certaines circonstances. Lorsque de nombreuses dents sont touchées et instables, le splinting dentaire est efficace.

• Article réalisé d’après la conférence de Ian Dacre (Massey University, New Zealand) : « Affections du péridonte des équidés », présentée lors des journées annuelles de l’Avef organisées à Versailles du 11 au 14 octobre 2006.