Le Nord-Pas-de-Calais choisit l’économie et la pédagogie vis-à-vis des déchets

Après deux ans de discussions avec les partenaires de l’élevage et les différents organismes publics (Chambre d’agriculture, Groupement de défense sanitaire, Conseil régional, Ademe⁽¹⁾, etc.), les vétérinaires de la région Nord-Pas-de-Calais sont à leur tour en mesure de proposer aux éleveurs un dispositif de collecte et d’élimination de leurs déchets d’activités de soins.

Appelés à représenter ensemble la profession sur ce dossier, la Fédération régionale des groupements techniques vétérinaires (FRGTV), le syndicat régional SVLNF⁽²⁾ et le réseau Vet’el⁽³⁾ ont fait le choix de promouvoir un système qui met à la fois en avant la pédagogie et le conseil du vétérinaire auprès des éleveurs et tient la route économiquement sur la durée, sans remettre en cause le caractère libéral de l’activité.

Limiter l’impact économique, l’encombrement et valoriser le conseil

Ainsi, les filières de collecte des déchets à risque infectieux (Dasri) et des médicaments non utilisés (MNU) sont entièrement séparées. Pour les premiers, les vétérinaires fourniront par défaut à leurs éleveurs un collecteur à aiguilles (piquants-tranchants). Les quelques éleveurs confrontés à un risque infectieux accru (présence d’une zoonose ou d’une maladie hautement contagieuse du bétail) pourront étudier avec le praticien la possibilité d’utiliser un conteneur plus grand, propre à collecter un volume de déchets plus important (gants de fouille, etc.).

Cette option permet à la fois de combattre l’idée que les élevages sont tous de dangereux réservoirs de germes hautement contagieux en replaçant le “principe de précaution” dans un contexte raisonnable et raisonné, de positionner le conseil du vétérinaire au cœur de la prise de responsabilité de l’éleveur sur sa propre situation et, enfin, de limiter l’impact économique de cette collecte autant que l’encombrement et la contrainte subis lors du retour des collecteurs utilisés au cabinet vétérinaire.

Le ramassage des collecteurs au cabinet est assuré par la Compagnie d’incinération des animaux familiers (Ciaf), qui se charge du transport vers un prestataire agréé pour la destruction des déchets et fournit un système de traçabilité complet par codes-barres. Le niveau de facturation du service à l’éleveur est soumis à la libre appréciation du praticien.

Pendant les cinq premiers mois, la collecte des MNU au cabinet est gratuite

La collecte des MNU, moins réglementée, est également assurée via le vétérinaire. Celui-ci est invité à mettre en place dans sa structure un collecteur de 50 l peu coûteux (carton doublé de plastique), propre à recueillir ses propres produits périmés et ceux que ses clients pourront lui rapporter, sans contraintes particulières pour le stockage dans l’élevage et le transport vers le cabinet. Un conteneur – facturé 9 € HT tout compris au vétérinaire – pourra ainsi réunir les déchets de plusieurs élevages pour un prix de revient individuel extrêmement modique, qui pourra être refacturé sans douleur. La collecte au cabinet est réalisée par le même prestataire que pour les Dasri, mais l’incinération qui s’opère en bas risque représente une charge bien inférieure.

Afin de lancer le dispositif dans les meilleures conditions et permettre aux éleveurs de réaliser un déstockage des produits périmés qu’ils ont accumulés, la collecte des MNU sera assurée gratuitement pendant les cinq premiers mois, grâce au soutien financier des divers partenaires locaux.

• (1) Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.

• (2) Syndicat des vétérinaires libéraux du nord de la France, affilié au SNVEL.

• (3) Vet’el : réseau régional Nord-Picardie des vétérinaires intervenant en élevage. Structure paritaire des GTV et du syndicat.