Le métier de technicien vétérinaire pourrait voir le jour

Depuis juin 2006, la législation suisse sur la protection des animaux et les médicaments vétérinaires prévoit que toute intervention douloureuse chez un animal doit se faire sous anesthésie (générale ou locale). La loi prévoit, en outre, que l’anesthésie, la castration chirurgicale ou l’écornage peuvent être délégués à une « personne compétente » en ce qui concerne les bovins. Ainsi, les éleveurs peuvent suivre une formation qui, après validation, leur permet de procéder eux-mêmes à ces interventions chez les bovins de leur propre cheptel, en injectant eux-mêmes l’anesthésique.

L’Union suisse des paysans (USP) réclame désormais le droit, pour les éleveurs, de pratiquer plus d’interventions (soin des onglons notamment), et la possibilité les pratiquer au sein d’autres exploitations que la leur.

Les vétérinaires suisses sont majoritairement opposés au projet

Pour s’adapter à la réglementation et au manque de vétérinaires dans certaines régions, la création d’un nouveau métier, dont le recours serait moins onéreux que celui du vétérinaire, fait actuellement l’objet de concertation entre les différentes parties : USP et vétérinaires. Le métier de technicien vétérinaire reste à définir, mais il « pourrait être le corollaire, pour les animaux de rente, du métier d’assistant vétérinaire pour les animaux de compagnie⁽¹⁾ ; le technicien pourrait, à ce titre, être employé par une structure vétérinaire qui en aurait la responsabilité », précise l’Office vétérinaire fédéral (OVF). Un postulat en ce sens a été déposé auprès du Conseil fédéral suisse par un conseiller national parlementaire (postulat Zemp). Les échanges portent sur la définition des actes que la profession estime réservés aux vétérinaires et sur la formation de personnes non vétérinaires pouvant effectuer certains de ces actes dans le cadre des exploitations agricoles.

Les vétérinaires suisses sont, quant à eux, dans leur écrasante majorité, opposés à ce projet. « Les protecteurs des animaux ont déjà fait pression sur la profession, ce qui a abouti à un compromis autorisant les paysans à se former aux interventions de routine. La création d’un nouveau métier ne permettrait pas de résoudre la pénurie et le vieillissement des vétérinaires en pratique rurale. Pire, elle conduirait à une diminution de la qualité des soins, déjà effective à la suite de l’éclosion actuelle de nombreuses professions parallèles ou du charlatanisme rampant. Les tarifs des vétérinaires ne sont pas prohibitifs. Il suffit de les comparer avec ceux des réparateurs des machines à traire… Je ne vois pas très bien où les organisations paysannes voient un abaissement des coûts de production », précise Christophe Darbellay, directeur de la Société des vétérinaires suisses.

L’USP serait favorable à la création de ce métier, à la condition que le technicien travaille pour son propre compte et ne soit pas rattaché à une structure vétérinaire, solution « non acceptable, car trop onéreuse », précise-t-elle.

Le débat reste ouvert, mais les parties semblent difficilement conciliables.

• (1) En Suisse, les assistants vétérinaires, qui correspondent aux auxiliaires vétérinaires en France, peuvent procéder à certains actes, comme les prises de sang ou les narcoses.