La cause de l’épanchement oriente le choix du traitement - La Semaine Vétérinaire n° 1249 du 16/12/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1249 du 16/12/2006

Epanchements abdominaux chez les carnivores domestiques

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Alexandre Balzer

Fonctions : Titulaire d’un CEAV de médecine interne, praticien à Bellerive-sur-Allier (Allier).
Article réalisé d’après la conférence « Urgence, réanimation et imagerie : les abdomens aigus », présentée lors de la journée organisée par l’Afvac Centre à Vichy le 4 novembre 2006.

L’échographie reste la méthode de choix pour l’identification de l’affection causale. Elle permet, en outre, une détection facile des épanchements en faible quantité.

La présence de liquide en petite quantité dans l’abdomen est physiologique. Il facilite le contact entre les organes et limite les frottements entre ceux-ci lors des mouvements. Par définition, un épanchement est constitué par la présence d’un fluide dans une cavité ou un tissu qui, normalement, n’en contient pas ou peu. Trois types d’épanchements abdominaux sont distingués : les transsudats (purs ou modifiés), les exsudats (infectieux ou non infectieux) et les autres (sang, urine, chyle, bile, etc.).

Le type d’épanchement fournit des indices sur son origine

Les transsudats résultent d’un déséquilibre entre les pressions hydrostatique et oncotique. Un épanchement se forme lorsque la pression oncotique diminue (transsudat pur) ou quand la pression hydrostatique augmente (transsudat inflammatoire ou modifié). Le transsudat pur résulte donc d’une baisse de la protidémie, liée le plus souvent à une hypoalbuminémie. Les origines de cette dernière sont un défaut de synthèse hépatique (shunt porto-systémique, cirrhose, tumeur, surcharge, cholangite), un défaut d’apport (rare, syndrome de malnutrition ou de malabsorption) ou encore une augmentation des pertes (fréquente, due à des fuites protéiques rénales ou digestives ou, plus rarement, lors d’affection cutanée exsudative grave ou de brûlure étendue).

Les transsudats modifiés sont liés à une hausse de la pression hydrostatique, c’est-à-dire à une hypertension portale qui résulte d’une obstruction du retour du sang veineux entre les veines porte et cave caudale. Cet obstacle peut être préhépatique (exceptionnel, il est causé par un shunt par exemple), hépatique (peu fréquent, il provient d’une tumeur ou d’une cirrhose) ou posthépatique (insuffisances cardiaques droites : cardiomyopathie dilatée, épanchement péricardique, insuffisance tricuspidienne, sténose pulmonaire, etc.).

Les exsudats sont le résultat d’une inflammation du péritoine, dont l’origine est presque toujours la rupture d’un organe creux. La péritonite peut être infectieuse (pyomètre ou abcès prostatique perforés, rupture d’anse intestinale, PIF ou origine iatrogène, etc.), mais également purement inflammatoire (libération d’enzymes pancréatiques, pancréatite, rupture de la vessie ou de la vésicule biliaire).

Les autres épanchements sont variés. Ils peuvent être d’ordre hémorragique (hémangiosarcome, rupture de rate, traumatisme, coagulopathie, etc.), urinaire (traumatisme) ou encore chyliforme (lymphadénite, rupture des vaisseaux lymphatiques, etc., voir photo 2).

L’échographie demeure l’examen complémentaire de choix

Le diagnostic est souvent clinique : distension abdominale, palpation caractéristique, mouvement et bruit de flot à la percussion (voir photo 1). Lorsque le liquide est abondant, une véritable ptose abdominale apparaît, pouvant même être à l’origine d’une compression de la cavité thoracique (dyspnée restrictive).

Néanmoins, la présence d’ascite est parfois délicate à objectiver (animaux obèses et/ou difficiles à palper). Un globe vésical, une masse abdominale (splénomégalie, gestation, pyomètre volumineux) et la présence d’un hypercorticisme peuvent également prêter à confusion. Une ponction “à l’aveugle” permet alors de confirmer une suspicion d’épanchement. Elle est réalisée en arrière de l’ombilic, au niveau de la ligne blanche. La ponction à l’aveugle est cependant à proscrire dans certains cas, par exemple lors de pyomètre (risque de sepsis). L’analyse du liquide permet de déterminer la nature de l’épanchement (voir tableau).

La radiographie permet d’objectiver l’épanchement, mais n’apporte que peu de renseignements supplémentaires par rapport à l’examen clinique. Sur le cliché, l’ascite se traduit par une perte de contraste abdominal et par une mauvaise visualisation des contours des organes. Cet examen permet l’élimination d’autres hypothèses diagnostiques, par exemple une gestation ou encore un pyomètre.

L’échographie constitue un outil diagnostique de choix. Elle autorise la visualisation de l’épanchement, même s’il est présent en faible quantité. L’ascite se traduit par la présence de zones hypoéchogènes qui baignent le reste des organes abdominaux, ces derniers étant alors visualisés avec plus de netteté. Si le liquide d’épanchement est présent en petite quantité, il convient de rechercher les images caractéristiques vers le pôle crânial de la vessie. Par ailleurs, l’échographie offre la possibilité de réaliser une ponction échoguidée, afin de récupérer du liquide, même lorsque celui-ci est faiblement abondant (voir photo 3). En dernier lieu, cette technique permet fréquemment de trouver et de visualiser la cause de l’épanchement.

Le traitement choisi varie selon l’origine de l’épanchement

Le traitement du transsudat pur repose sur la suppression de la cause de l’hypoalbuminémie. Selon son origine, la traitement sera fondé sur une corticothérapie, une antibiothérapie et sur l’administration d’IEC (prednisone à 1 mg/kg, amoxicilline/acide clavulamique à 12,5 mg/kg) lors de syndrome néphrotique, une corticothérapie (prednisone à la dose de 2 à 3 mg/kg/j) et un régime alimentaire adapté lors d’entérite exsudative, une intervention chirurgicale lors de shunt hépatique, etc. Le traitement du transsudat modifié dépend lui aussi de son origine (ponction lors d’épanchement péricardique, chirurgie lors de masse, ligature de shunt, etc.), mais il est en général non spécifique (diurétiques et inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine).

L’exsudat est, quant à lui, traité essentiellement par une intervention chirurgicale. La laparotomie est quasiment toujours envisagée, afin de traiter la rupture d’organe. Un lavage péritonéal, suivi d’une antibiothérapie adaptée, se révèlent généralement indispensables.

  • Voir aussi : « Diagnostic et thérapeutique de l’ascite », Eric Bomassi, Le Point Vétérinaire n° 215, 2001, pp. 36-38.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr