En attendant 2007, les nouveaux médicaments sont rares sauf… pour l’observance

Le cru de Bordeaux 2006 du congrès de l’Afvac ne restera pas comme un grand millésime en termes de nouveaux médicaments… à une exception près : le lancement par Pfizer de sa nouvelle céphalosporine pour chiens et chats, la céfovécine (Convenia®). Une seule injection de cette céphalosporine de troisième génération remplace quatorze jours de prises de comprimés une ou deux fois par jour⁽¹⁾. Cette nouveauté a fait l’objet d’un symposium spécial. Colette Arpaillange, de l’école vétérinaire de Nantes, y a présenté les avantages d’une observance “garantie” chez le chien et le chat. Alain Bousquet-Melou, enseignant à l’école de Toulouse, a expliqué le fonctionnement de l’activité persistante d’une telle molécule, entre autres par son taux de liaison plasmatique élevé. Enfin, pour les infections cutanées, des données cliniques d’efficacité ont été présentées par Emmanuel Bensignor, Eric Guaguère, deux praticiens du Gedac, et notre consœur Sabine Lanchais, responsable technique du laboratoire.

D’autres laboratoires impliqués dans l’observance misent surtout sur l’appétence des formes orales. Ainsi, pour les dix ans du bénazépril (Fortekor®), le seul IECA aujourd’hui validé chez les chiens et les chats, Novartis lance une gamme appétente avec une prise spontanée pour plus de 90 % des chats (Fortekor® 2,5) et des chiens (Fortekor® F 5 et 20). Le laboratoire en profite pour présenter une gamme en quatre conditionnements destinés d’emblée à deux mois de traitement chez les chats et les chiens, quel que soit le poids de l’animal (jusqu’à 40 kg). TVM présente aussi Observence® Chat, une pâte appétente destinée à enrober, camoufler et faciliter l’administration des comprimés félins.

Les traitements contre le Cushing et l’hypothyroïdie sont présentés

Deux autres laboratoires, Janssen et Ceva, ont présenté pour la première fois à ce congrès de l’Afvac deux nouveaux médicaments d’endocrinologie canine lancés courant 2006 : les comprimés Vetoryl® (Janssen) à base de trilostane, le seul traitement autorisé du syndrome de Cushing, et les comprimés Forthyron® (Ceva), à base de lévothyroxine contre l’hypothyroïdie canine. D’ores et déjà, les futures nouveautés de l’année 2007 commencent à être évoquées. Ainsi, Virbac annonce le lancement d’un nouveau traitement oral antiandrogène de l’hyperplasie bénigne de la prostate (Ypozane® à base d’osatérone) et d’un spray dermocorticoïde non résorbé dans le sang par la peau (Cortavance®). Plus discrètement, Janssen sensibilise les vétérinaires à son futur traitement médicamenteux de l’obésité à base de mitratapide (Yarvitan®) qui devrait révolutionner la gestion du surpoids chez les chiens.

La radiologie numérique fait une entrée remarquée

Du côté des distributeurs vétérinaires de matériel de diagnostic, la radiologie numérique fait une entrée remarquée, entre autres chez Alcyon et Scil. Ce sont alors les logiciels de traitement des images, zoom, calcul de distance, etc., qui étonnent toujours.

En “concurrence” avec une dizaine de conférences différentes simultanées, les cinq sponsors majeurs de l’Afvac ont organisé leurs propres symposiums : Merial sur la féminisation, Pfizer sur l’antibiothérapie avec Convenia®, Virbac sur les nouvelles utilisations de son interféron Virbagen® Oméga pour les trois sponsors laboratoires, Hill’s sur le chat et Royal Canin sur le management et les enjeux du service client, pour les deux sponsors fabricants de pet food.

De nouvelles perspectives se font jour pour l’interféron

Dans le cadre du symposium Virbac sur Virbagen® Oméga, l’interféron antiviral et immunomodulateur, la priorité est donnée à la présentation de cas cliniques ou de série de cas, d’abord contre des maladies virales canines ou félines : la maladie de Carré, les infections FeLV/FIV, l’herpèsvirose et la calicivirose pour le chat. Plus étonnantes, les propriétés immunomodulatrices et antiprolifératives laissent percevoir des perspectives d’utilisation inattendues : en dermatologie contre la dermatite atopique canine, le prurit cervicofacial du chat et la pododermatite plasmocytaire féline. Laurent Sochat, praticien à Limoges, a présenté aussi une série de treize cas de fibrosarcome félin (le plus souvent postinjection) où l’interféron est employé en traitement adjuvant. Bien entendu, l’absence d’effet cytotoxique de l’interféron ne permet d’espérer aucune “guérison”. Mais l’évolution et, surtout, l’infiltration de la tumeur semblent avoir été ralenties… D’autres études doivent confirmer ces perspectives d’avenir.

Les clients aiment autant les femmes que les hommes vétérinaires

En 2006, un vétérinaire canin sur deux est une femme (46 %) a-t-on appris lors du symposium Merial. Surtout, parmi les praticiens canins âgés de moins de quarante ans, deux sur trois sont des consœurs. Les jeunes femmes ne délaissent donc pas l’exercice de la médecine, mais ont tendance à moins s’installer que leurs confrères en privilégiant un exercice salarié dans un cabinet ou une clinique vétérinaire, parfois celui où est installé… leur époux. Du côte des clients, propriétaires d’animaux de compagnie, il n’y a aucun a priori négatif sur les vétérinaires femmes car, pour eux, le diplôme est le garant de la compétence. A l’inverse, il y aurait même un léger “bonus” pour les consœurs, jugées plus douces, attentives et affectueuses vis-à-vis des animaux que les hommes, plus rapides et techniques, mais moins à l’écoute. En outre, la continuité des soins, les gardes notamment, ne pose pas plus de difficultés pour une femme que pour un homme, à l’exception, peut-être, du travail de nuit. Tant mieux. Car, à plus ou moins long terme, la profession vétérinaire ne sera pas une profession “mixte”, mais une profession féminine… avec déjà plus de 70 % d’étudiantes dans les écoles vétérinaires.

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1246 du 25/11/2006 en page 22.

• (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1248 du 9/12/2006 en page 32.