Les contraintes modernes vont de la grippe aviaire… à la filière éthanol - La Semaine Vétérinaire n° 1248 du 09/12/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1248 du 09/12/2006

Filières. Aviculture mondiale

Actualité

Auteur(s) : Vincent Dedet

« Savez-vous que la crise de l’influenza aviaire en Europe a coûté 450 millions de dollars à la filière avicole brésilienne – et sans subventions ? » Olser Desouzart, consultant renommé dans ce pays, a souligné, lors de la journée d’échanges techniques organisée par Huvepharma à Hanovre à l’occasion d’Eurotier, le 13 novembre dernier, que l’effet des chutes de consommations européennes « ont eu un impact direct sur les exportations brésiliennes. Il est en effet plus facile pour un pays de fermer ses frontières à nos produits que de reprogrammer ses propres mises en place ». Il tempère toutefois l’impact à moyen terme de ces mesures : « L’Union européenne représentait 14 % de nos exportations en 2005, derrière le Moyen-Orient (29 %) et l’Asie (14 %). » D’autant que c’est sur le Brésil que se sont reportés les marchés japonais perdus par la Chine et la Thaïlande depuis 2005. « Aujourd’hui, plus de 90 % des importations de volailles du Japon proviennent du Brésil », a signalé, pour sa part, Gordon Butland, consultant américain travaillant auprès de la filière aviculture thaïlandaise. Il se souvient amèrement qu’au 179e jour d’affilée sans foyer d’influenza aviaire – officiellement déclaré – dans ce pays, alors que 180 sont nécessaires pour retrouver un statut indemne, un nouveau cas humain a été déclaré. « Il a fallu attendre ce cas humain pour savoir que le virus n’était pas éliminé des élevages de basse-cour. » Ce que les enquêtes ont par la suite confirmé. « Les éleveurs répondaient par l’affirmative à la question “avez-vous dépeuplé l’ensemble de votre élevage ?”. Mais la question suivante, “comment avez-vous effectué le repeuplement”, suscitait des réponses comme : “Il nous restait quelques volatiles”… »

Chine et Thaïlande continuent leur compétition pour l’obtention d’un débouché au Japon, mais en viandes cuites. En revanche, pour ce qui est de la réouverture du marché japonais aux volailles fraîches de Thaïlande, Gordon Butland est pessimiste. « La biosécurité dans les exploitations hors sol est excellente et bien respectée. Toutefois, la totalité de la production du pays ne peut le quitter que par le port de Bangkok, et il est dans ce cas particulièrement difficile de garantir l’efficacité de la compartimentation, seule garante possible d’un statut indemne avec foyers dans les basses-cours. » A l’inverse, « le Brésil, avec quasiment un port de départ pour la production de chaque Etat, est le candidat idéal à la mise en application de la compartimentation ». Et « le Brésil s’intéresse aussi à l’exportation de produits cuits. Jusqu’à cette année, nous l’avons expérimentée, mais c’est une voie importante pour minimiser l’impact d’une éventuelle crise d’influenza aviaire », a indiqué Olser Desouzart.

La production d’éthanol dope les cours du maïs et “déprime” le poulet

« Vous ne trouverez actuellement aucun sac de semence de maïs ni aucun baril d’atrazine dans toute l’Argentine », a lancé, sous forme de boutade, Paul Aho, consultant Poultry Perspectives (Etats-Unis). « Cela est lié aux sommets actuellement atteints pas les cours du maïs à Chicago : 150 $ la tonne, alors qu’ils étaient à 90 $ l’an dernier. Pourtant, les Etats-Unis ont enregistré cette année la 3e plus belle récolte de leur histoire. » Ce qui dope les cours du maïs ? « La production d’éthanol, que les politiciens américains regardent avec les yeux de Chimène. Les subventions sont actuellement de 51 cents/gallon(1) et ne varieront pas avec l’alternance politique, car tous les partis ont la même stratégie de ce point de vue. » Cette envolée des cours se répercute directement sur le prix de production du poulet, « dont la moitié provient de l’aliment », augmentant ce coût de revient de 10 cents/kg.

A l’échelle de la production avicole, cela représente 1,8 milliard de dollars sur un an. Cette filière “énergie verte” absorbe actuellement 18 % du maïs américain, et elle croît fortement : les Américains auront besoin de 20 millions de tonnes de maïs supplémentaires l’an prochain. « Cela représente l’équivalent de toute la production argentine, que nous devrons obtenir en plus de notre production habituelle, et en une seule récolte, soit un nouveau record historique de production. Quand l’éthanol “absorbera” un tiers de notre production de maïs, la situation de l’aviculture américaine sera intenable… » Paul Aho espère que les décideurs prendront rapidement conscience de cette situation, « mais, pour l’instant, l’éthanol est comme une nouvelle religion : chacun est pour et personne ne le critique ».

  • (1) 1 gallon = 3,78 l.

  • Source : « The globalisation of the poultry production and consumption », Huvepharma meeting, 13/11/2006, Hanovre (Allemagne).

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