Inra et Cirad s’unissent autour des maladies émergentes - La Semaine Vétérinaire n° 1248 du 09/12/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1248 du 09/12/2006

Epidémiologie. Contrôle des affections transfrontalières

Actualité

Auteur(s) : Céline Marchal

La fièvre catarrhale du mouton est l’une des affections sous surveillance.

La recherche se mobilise pour répondre aux questions que suscitent les maladies animales émergentes. Ces affections, qui ne connaissent pas de frontière, diffusent à travers la planète et soulèvent de nombreuses interrogations : quelles conditions environnementales et climatiques les favorisent ? Quelle dynamique de propagation suivent-elles ? Quels sont les mécanismes de défense des animaux touchés ? Comment mettre au point des méthodes de surveillance et d’alerte ? Comment étudier leur impact socio-économique ?

Pour apporter des réponses à ces problématiques nouvelles, la recherche française se coordonne, l’Inra(1) et le Cirad(2) réunissent notamment leurs compétences complémentaires au sein de nombreux projets communs. Parmi eux figurent quelques exemples de travaux d’actualité, présentés à la presse le 4 décembre dernier.

Un observatoire du vivant propose des prévisions épidémiologiques

Bioscope est un système d’information en temps réel de l’état de santé des populations animales et humaines. Cet observatoire du vivant propose ainsi des prévisions épidémiologiques et contribue à la prévention et au contrôle des maladies surveillées.

Il s’appuie sur un réseau sentinelle qui recueille des données sur des maladies spécifiques au milieu méditerranéen. Le projet, basé en Corse, devrait, à terme, être étendu à l’ensemble du pourtour méditerranéen. Il comprend par ailleurs des études en Camargue, qui s’intéressent aux épidémies véhiculées par les oiseaux migrateurs, plus particulièrement la grippe aviaire. Dans leur composante santé animale, les travaux visent à mieux connaître les caractéristiques épidémiologiques de la trichine, des grippes aviaires, ou encore de la fièvre catarrhale ovine, qui font également l’objet d’une modélisation.

Ce projet, financé par l’Agence nationale de la recherche, est coordonné par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et l’Inra, rejoints par un consortium de compétences en épidémiologie et biologie, dont font partie le Cirad, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), l’école vétérinaire de Nantes et celle d’Alfort.

La fièvre catarrhale du mouton progresse du sud vers le nord

Dans ses études sur la blue tongue, le Cirad collabore avec l’Afssa, l’Entente interdépartementale pour la démoustification (EID) de Méditerranée, l’université de Strasbourg et l’Inra. Leurs travaux conjoints concernent la mise au point de nouveaux vaccins, de méthodes moléculaires d’identification des vecteurs, l’évaluation de tests diagnostiques, la surveillance sérologique et entomologique, l’analyse de risque et l’analyse paysagère.

Le rapprochement entre l’Inra et le Cirad permettra de renforcer les recherches sur les interactions entre les ruminants, le vecteur Culicoides et le virus de la maladie, ainsi que sur l’analyse et la modélisation de l’occurrence de la maladie et de sa diffusion. Ces travaux permettront d’améliorer les analyses de risque et les méthodes de surveillance et de contrôle de l’affection. Par ailleurs, la blue tongue est un excellent modèle de maladie dont l’émergence est liée à des changements environnementaux. Il est ainsi attendu que sa modélisation soit de portée générique.

Réfléchir à des stratégies thérapeutiques ou vaccinales contre les grippes aviaires

A Jouy-en-Josas, Tours et Toulouse, l’Inra travaille sur les grippes aviaires. Les chercheurs s’intéressent aux relations entre la structure des protéines virales et leur fonction, ainsi qu’aux mécanismes moléculaires de la relation virus-cellule et aux mécanismes des interactions avec l’hôte infecté.

L’objectif est de comprendre les processus d’adaptation afin de pouvoir proposer des stratégies thérapeutiques ou vaccinales. Les modes de transmission et de propagation de ces virus sont également étudiés.

L’Inra compte parmi ses partenaires les organismes les plus impliqués dans le domaine de ces maladies : Cirad, Afssa, Institut Pasteur, Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Institut de recherche pour le développement (IRD). Leurs travaux communs sont soutenus par plusieurs programmes de l’Agence nationale pour la recherche.

  • (1) Institut national de la recherche agronomique.

  • (2) Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.

Des compétences complémentaires

Le rapprochement entre l’Inra, le Cirad et l’Afssa permet d’assurer un continuum entre la recherche d’amont et une approche finalisée sur les maladies infectieuses.

Le Cirad, dispose d’une expertise reconnue sur les maladies animales tropicales. Il s’intéresse, à ce titre, à l’émergence, dans nos régions, de maladies originellement présentes dans les pays du Sud (West Nile, blue tongue). Il anime également neuf laboratoires de référence et apporte son appui aux services vétérinaires de nombreux pays du Sud.

Le département de recherche en santé animale de l’Inra est largement dédié aux maladies infectieuses. Les disciplines classiques sont complétées par de l’anatomie pathologique, de l’épidémiologie, ou encore de l’économie de la santé. Ses partenariats avec d’autres organismes de recherche et les écoles vétérinaires sont de plus en plus nombreux.

Par ailleurs, la collaboration grandissante de l’Inra avec l’Afssa permet une proximité accrue entre la recherche et les activités normatives à travers le partage de certaines unités mixtes de recherche (UMR), la participation à des comités d’expertise et des groupes de travail communs sur les maladies bactériennes, la virologie, la parasitologie.

C. M.
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