30 % des éliminations en cours d’épreuve d’endurance viennent de troubles métaboliques - La Semaine Vétérinaire n° 1248 du 09/12/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1248 du 09/12/2006

Alimentation du cheval d’endurance

Formation continue

EQUIDÉS

Auteur(s) : Agnès Faessel

Le recueil des habitudes d’alimentation révèle de grandes disparités et un besoin d’études approfondies.

« Une course d’endurance ne peut pas être comparée à un marathon, car les distances parcourues sont bien plus importantes », a rappelé Anne-Gaëlle Goachet, ingénieur agronome de l’Enesad(1), en préambule de sa conférence au congrès de l’Avef d’octobre dernier. En effet, les épreuves de 90, 120 ou 160 km sont parcourues par le cheval à une vitesse moyenne de 18 km/h. Une course de 160 km dure ainsi de neuf à treize heures. L’effort demandé est donc d’intensité modérée, mais durable, à l’origine d’une déshydratation marquée de l’animal par sudation. La conférencière a précisé qu’un tiers des éliminations des participants au cours de ces épreuves (90 km et plus) font suite à des troubles métaboliques (dans les autres cas, les chevaux sont arrêtés pour boiterie). Outre l’entraînement et la gestion de la course, l’alimentation des chevaux athlètes doit se raisonner afin de procurer les réserves énergétiques suffisantes. Une enquête visant à évaluer les habitudes de nutrition de ces chevaux, suivies par les propriétaires, les entraîneurs et les cavaliers d’endurance, a été menée en 2004 en Bourgogne. Elle montre une grande hétérogénéité des pratiques, dont l’analyse permet d’émettre quelques conseils. Mais pour Anne-Gaëlle Goachet, des recherches scientifiques spécifiques à ce sport seraient à mener pour pallier l’absence ou l’insuffisance de données disponibles aujourd’hui.

Le fourrage constitue l’essentiel de la ration en période d’entraînement

A l’entraînement, les chevaux sont nourris de foin ou au pré. Cette ration, à base de fourrage, est adaptée à l’endurance, car son métabolisme préserve les réserves glycogéniques et lipidiques. Elle participe également au maintien d’un bon équilibre hydro-électrolytique. Anne-Gaëlle Goachet souligne néanmoins que ce fourrage doit être de bonne qualité. Le foin de fin de récolte, par exemple, présente une moindre digestibilité.

En saison de compétition, une complémentation céréalière (concentré) est habituelle, sous une forme broyée ou aplatie et, surtout, d’un aliment granulé ou floconné. Sur le terrain, le floconné bénéficie de la réputation d’être plus digestible et appétant que le granulé. Au plan nutritionnel néanmoins, aucune différence n’est établie entre les deux aliments.

La question de l’intérêt d’une supplémentation en matières grasses n’obtient pas de réponse tranchée. Une technique consiste à ajouter de l’huile de table sur le concentré (en top-dress). Son objectif est d’augmenter la densité énergétique de la ration sans provoquer de déséquilibre hormonal comme celui lié à l’insuline en cas d’apport de glucides. Si le choix d’une supplémentation est fait, Anne-Gaëlle Goachet conseille de l’effectuer pendant au moins un mois avant la compétition et de se méfier du risque d’oxydation des graisses.

En compétition, les habitudes du cheval doivent être conservées

Les chevaux rejoignent le site de la course deux ou trois jours avant le départ. Il est alors nécessaire de distribuer la ration habituelle, aux mêmes horaires qu’à l’entraînement. « Du foin peut être ajouté afin de limiter la consommation de paille et le cheval doit disposer d’eau à volonté et, éventuellement, d’une pierre à sel », a ajouté la conférencière. Une ration supplémentaire de concentré est donnée à certains chevaux avant l’épreuve, sans que son effet, positif ou néfaste, sur les performances sportives n’ait été évalué. Il reste préférable de pratiquer ce repas trois heures avant la course. Les observations de terrain montrent que les chevaux qui ne reçoivent pas ce concentré supplémentaire présentent un meilleur appétit au premier arrêt.

En effet, après le départ, les chevaux bénéficient de contrôles obligatoires (vet-gate) toutes les deux heures, au cours desquels ils sont alimentés et abreuvés. Afin de favoriser au maximum la prise alimentaire, un large choix d’aliments est usuellement proposé, mais souvent sans succès. Au vu des connaissances actuelles, Anne-Gaëlle Goachet conseille de donner la priorité au concentré (1 à 2 l à chaque arrêt) avant de proposer du foin ad libitum. Une possibilité d’abreuvement est offerte plus souvent : toutes les vingt minutes environ. En pratique, le cavalier devra habituer sa monture à s’arrêter pour boire, dès la première boucle, et lui proposera de l’eau en grande quantité, à température ambiante et dans plusieurs seaux de couleur différente afin d’éviter un refus lié à la teinte du contenant.

Le rapport bénéfice/risque des électrolytes reste méconnu

L’apport d’électrolytes fait l’objet d’un débat quant à son utilité versus ses effets délétères (dont la survenue d’ulcères gastriques). Une distribution avant l’épreuve semble dénuée d’intérêt, car elle ne permet pas de compenser les pertes électrolytiques en cours d’effort. Proposée pendant l’épreuve, elle vise surtout à stimuler la prise d’eau, mais augmente alors le risque de déséquilibre hydro-électrolytique si le cheval ne boit pas. L’administration serait alors préférable dans les heures suivant la fin de la course.

Enfin, après l’effort, il convient de laisser à l’animal du foin et de l’eau à volonté, afin de le réhydrater. Les concentrés sont à éviter tant que le transit digestif, perturbé par une ischémie de la sphère digestive consécutive à l’effort musculaire, n’est pas rétabli.

  • (1) Etablissement national d’enseignement supérieur agronomique de Dijon.

CONFÉRENCIÈRE

Anne-Gaëlle Goachet, ingénieur agronome de l’Etablissement national d’enseignement supérieur d’agronomie de Dijon (Enesad).

Article réalisé d’après une conférence présentée au congrès de l’Avef, octobre 2006.

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