Pour décourager les cambrioleurs, il n’existe qu’une solution : leur compliquer la tâche

Pour le voleur, le temps reste l’ennemi numéro un. Les cambriolages durent en moyenne cinq minutes. En outre, 80 % d’entre eux se produisent par la porte d’entrée des locaux et de jour.

La prévention reste l’arme la plus efficace pour décourager les voleurs. Un verrou sur la porte (actionné par une autre clé que celle de la serrure principale), une grille en fer forgé rétractable derrière la porte d’entrée, une alarme associée à une sirène : ces obstacles les dissuaderont probablement. Il est en outre impératif d’avoir une vision globale de la protection de la clinique. A quoi servirait-il de disposer d’une serrure “assurance prévention protection***” (A2P***) si la porte, son environnement immédiat (huisserie, mur) de même que les volets et les fenêtres du logement ne sont pas renforcés ? En outre, la vigilance ne doit jamais diminuer en ce qui concerne la sécurité. Certains cambrioleurs n’hésitent pas à venir chaparder dans les cabinets ou les cliniques alors que quelqu’un est présent (auxiliaires, vétérinaires, etc.).

Certains établissements, selon leur localisation, seront plus facilement ciblés. Les structures situées à proximité des gares, des stations de métro ou des voies rapides ont la préférence des délinquants. Il leur est facile de se replier, une fois leur forfait commis.

Outre l’argent liquide, les objets high-tech ont le vent en poupe : téléphones mobiles, ordinateurs portables ou à écrans plats, téléviseurs plasma, appareils photos numériques, etc., sont de plus en plus recherchés, ainsi que certains produits médicamenteux détournés de leur utilisation habituelle. Il convient de ne pas les exposer à la vue de la clientèle. En ce qui concerne les appareils photos et les téléphones portables, il faut penser à les mettre sous clés après utilisation. De même, mieux vaut disposer d’un tiroir-caisse à serrure. Un client laissé seul quelques minutes dans la pièce où il a repéré la caisse suffit parfois à faire s’envoler la recette de la journée. De même, il peut être judicieux de disposer de systèmes de vidéosurveillance qui permettent de garder un œil sur la salle de consultation ou sur l’accueil depuis le bureau ou la salle de chirurgie. Parfois même, la mise en place de dispositifs factices suffit à décourager les voleurs occasionnels. En revanche, ces leurres ne blufferont pas les “professionnels”.

Une porte d’entrée suffisamment solide et protégée est le premier rempart

La plupart des effractions perpétrées dans les cliniques situées dans des immeubles en ville ont lieu par la porte de l’édifice plutôt que par la devanture. Généralement, les voleurs ne s’attaquent pas directement à la serrure. Ils savent que les gâches des portes sont souvent fragiles, car elles ne sont pas intégrées au bâti, mais simplement vissées. Il n’empêche, la serrure ne doit pas être négligée ! Si elle est bas de gamme, certains profils de cambrioleurs l’attaqueront. Procéder ainsi est plus discret et plus rapide que de démolir la porte. Celle-ci doit être pleine et équipée, au minimum, d’un système de fermeture sécurisé. Les compagnies d’assurances exigent en général deux ou trois points de fixation et peuvent même contraindre à la pose d’une serrure agréée A2P. Cette certification peut être apposée sur certaines protections mécaniques (serrures, verrous, volets de sécurité). Elles doivent respecter un cahier des charges et sont délivrées par le Centre national de prévention et de protection, à la suite de tests garantissant leurs performances. Les niveaux de sûreté sont classés sur une échelle graduée d’une à trois étoiles. Ce classement est effectué sur la base de tests qui permettent d’évaluer le temps minimal de résistance à l’ouverture par un professionnel des serrures (A2P* : cinq minutes, A2P** : dix minutes, A2P***: quinze minutes). Les clés sont vendues scellées afin d’éviter qu’elles soient recopiées entre l’usine et leur remise au particulier. Leur prix s’échelonne entre 50 € et 300 € environ. Il est bien entendu préférable de compléter cet équipement avec une porte blindée, sans oublier toutefois que les gonds et l’huisserie doivent être capables de supporter le poids d’une telle porte. Une fois collée sur la face interne, et d’une épaisseur minimale de 1,5 mm, elle renforce les vieilles portes et les protège des coups ou des tentatives de découpe. S’il est possible de renforcer la porte existante en faisant poser un blindage sur place, il est toutefois souvent préférable de la remplacer purement et simplement, afin de s’assurer de la parfaite adéquation de la porte elle-même avec l’huisserie. Et ce d’autant plus que la différence de prix entre les deux formules a tendance à s’amenuiser. Au total, pour un bloc porte de sûreté, il faut compter entre 7 000 et 10 000 €. Il conviendra de veiller également à ce que le canon de la serrure ne dépasse pas de l’extérieur, car il y a un risque, dans ces conditions, d’arrachage et d’extraction facile de la serrure au moyen d’une simple pince étau. D’une manière plus générale, il faut veiller à ne pas donner de prise aux voleurs : la serrure encastrée se doublera donc de dispositifs anti-pinces, afin qu’aucun objet ne puisse être glissé entre la porte et le bâti pour faire levier.

Toute fenêtre située à moins de trois mètres du sol doit être convenablement protégée par des volets, des persiennes, ou des grilles de protection et des ornements en fer. S’il est impossible de respecter ces obligations, il convient alors de faire poser des vitres anti-effraction. Il ne faut pas oublier de fermer les volets le soir ou en cas d’absence, et de prévoir éventuellement une barre anti-effraction en métal épais, avec deux encoches qui permettent de l’incruster dans le mur. De façon plus simple, mais tout aussi efficace, il est possible d’utiliser un petit cadenas qui, passé dans deux anneaux, solidarise les deux battants du volet. En ce qui concerne les portes-fenêtres, leur point faible n’est pas tant le vitrage (souvent résistant) que le pêne du bas, qu’il est possible de faire sauter avec un outil plat. Pour y remédier, les fabricants proposent des portes-fenêtres avec système de verrouillage sur la poignée.

L’abonnement à un centre d’alarme offre une surveillance jour et nuit, toute l’année

A ces prescriptions techniques, s’ajoutent quelques mesures de bon sens souvent rabâchées. Par exemple, fermer à double tour sa porte, même pour une absence de courte durée, ou à l’heure de fermeture de la clinique, même si quelqu’un est présent dans les locaux, mais affairé à d’autres tâches que l’accueil du public. Dans certains cas, il peut être difficile de doter tous les points d’ouverture (fenêtres, portes-fenêtres, porte de garage, etc.) de protections mécaniques efficaces. L’usage d’un système d’alarme installé par des professionnels certifiés “APSAD”, relié à une station de surveillance, se révèle plus adapté pour dissuader les cambrioleurs. Ces systèmes d’alarme de haute technologie assurent une connexion 24 heures sur 24 et 365 jours par an à un centre de surveillance. En cas d’alerte, une puissante sirène se déclenche et l’alarme est transmise au centre de surveillance. Normalement, la prise en charge doit être faite dans les trois minutes qui suivent le déclenchement de l’alarme. Un appel téléphonique de contrôle est passé sur le lieu de l’effraction. En cas de non-réponse ou de réponse erronée, une équipe se rend sur place et vérifie les issues. S’il y a des signes d’effraction, le propriétaire est immédiatement prévenu, ainsi que les forces de l’ordre. En cas d’absence, le gardiennage et les réparations sont effectués. Ce type de télésurveillance suppose de vérifier au préalable que l’organisme est certifié APSAD par les assureurs. Il s’agit de grandes entreprises qui sont régulièrement contrôlées et qui doivent répondre à un cahier des charges précis. Le coût de ce service comprend un forfait d’installation et de mise en service, compris entre 100 et 150 €, auquel s’ajoute un abonnement mensuel pour lequel il faut débourser entre 30 et 50 € selon les entreprises et les services proposés. Des prestations haut de gamme atteindront même 110 € mensuels.

La clinique ou le cabinet inviolable n’existe pas. Cependant, avant toute installation de serrure ou de porte blindée, le praticien doit vérifier le contrat d’assurance, qui comprend des indications sur les mesures de protection minimales à mettre en place dans l’établissement pour pouvoir prétendre à une prise en charge des dégâts par l’assureur en cas de sinistre. Enfin, lors de cambriolage, même si le taux d’élucidation reste assez faible (autour de 10 % en moyenne), les forces de l’ordre déploient d’importants moyens, ce qui permet à la victime d’une effraction de se sentir moins abandonnée face à ce qui demeure un vrai traumatisme !

• La liste des différents produits certifiés est disponible sur le site www.cnpp.com