Le chat tousseur
Formation continue
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Carole Ballin
Les bronchites sont responsables de 95 % des cas de toux observés dans l’espèce féline. Contrairement à ce qui peut être noté chez les chiens, il n’existe quasiment pas de toux d’origine cardiaque chez le chat. Les rares contre-exemples sont le chat bronchitique et cardiaque ou encore celui avec un épanchement pleural. Les autres causes possibles sont, pour 4 % des cas de toux, les tumeurs (majoritairement des carcinomes bronchiques), et les affections pleurales, médiastinales ou encore cardiaques de façon anecdotique (1 %).
Si les bronchites du chat sont majoritairement d’origine allergique, il en existe également d’origine bactérienne (Bordetella, Pasteurella, Mycoplasma sp., etc.), parasitaire (aelurostrongyloses), protozoaire (toxoplasmose) ou encore virale (PIF, calicivirose, FIV, FeLV). L’origine parasitaire est envisagée uniquement si le contexte épidémiologique est compatible (chat chasseur). De plus, une bronchite à Toxoplasma s’accompagne souvent d’autres signes cliniques tels qu’une altération de l’état général, une uvéite antérieure, une choriorétinite ou encore une encéphalite. Des tests d’immunofluorescence sur sérum avec recherche d’IgM et d’IgG sont alors effectués. Lors de suspicion de présence de strongles respiratoires, la technique de Baerman sur trois prélèvements de matières fécales est employée.
Un lavage broncho-alvéolaire (LBA) permet d’effectuer des prélèvements pour des analyses cytologiques et bactériologiques. Il constitue le seul moyen de confirmer le diagnostic de bronchite chronique et de justifier une corticothérapie à long terme. Des précautions importantes, pour prévenir la survenue d’un bronchospasme, sont nécessaires. Un bronchodilatateur, tel que le salbutamol (Ventoline®), est nébulisé dans la sonde trachéale juste après l’intubation. De la terbutaline par voie sous-cutanée (Bricanyl® injectable, 0,2 ml/chat par voie sous-cutanée) est injectée au cas où un bronchospasme apparaîtrait au cours de l’intervention.
Bordetella sp. et Pasteurella sp. sont habituellement sensibles à l’amoxicilline-acide clavulanique, aux tétracyclines ou aux quinolones. Les mycoplasmes sont sensibles aux quinolones et aux tétracyclines. Le traitement doit être d’une durée de trois semaines.
Un chat siamois de dix ans est présenté à la consultation pour une toux chronique depuis six ans et une respiration sifflante. L’animal est traité depuis des années par des injections de corticoïde retard. Ce type de traitement a apporté une bonne amélioration au départ, mais est de moins en moins efficace.
A la radiographie, la densification bronchique est importante. Le LBA montre la présence de granulocytes éosinophiles à plus de 70 %, mettant en évidence l’existence d’une bronchite asthmatiforme d’origine allergique. Le prélèvement est stérile. Dans ces cas-là, une hypersensibilité de type I est responsable d’une libération de médiateurs de l’inflammation par les mastocytes. Cette inflammation provoque une hyper-réactivité bronchique (tendance au bronchospasme), une hypersécrétion de mucus, une hypertrophie de la musculeuse et une hyperplasie épithéliale. Ce remodelage bronchique provoque une fibrose irréversible. Des glucocorticoïdes au long cours sont incontournables et l’usage de dexaméthasone par voie orale est le plus efficace. Le recours aux bronchodilatateurs par voie orale (théophylline ou terbutaline) est utile en complément lors de toux réfractaire ou de crise. L’aérosolthérapie optimise la dose déposée au site désiré et minimise le passage systémique. Les doses nécessaires sont moindres que par voie orale ou parentérale, d’où une diminution des effets secondaires.
Une inhalateur adapté au chat(1) (Aerokat®) permet le dépôt des glucocorticoïdes directement au niveau des bronchioles. La fluticasone (Flixotide® 250 µg) est utilisée. Lors de crise, le salbutamol (bronchodilatateur, Ventoline® 100 µg) peut être employé. Une période d’acclimatation est nécessaire pour que le chat accepte l’inhalateur. Selon les estimations, les trois quarts des chats le tolèrent.
(1) www.aerokat.com
Juan Hernandez, diplomate de l’American College of Veterinary Internal Medicine (Acvim), service de médecine interne, CHV Frégis (Arcueil, Val-de-Marne).
Article réalisé d’après les tables rondes du 24/10/2006 : « Les pièges de l’examen clinique. »
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