Quels sont les points faibles en termes de formation à la sortie de l’école ? - La Semaine Vétérinaire n° 1246 du 25/11/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1246 du 25/11/2006

Entre nous

FORUM

Nous n’apprenons pas à gérer une entreprise

Guillaume Gauthereau, p.-d. g. de la société Lalique pour les Etats-Unis et le Canada (New York).

Lorsque j’étais étudiant, je n’avais aucune idée de ce que l’avenir me réserverait d’un point de vue professionnel. J’étais attiré par les gros animaux, mais je n’envisageais pas de m’installer en zone rurale. A la fin de ma quatrième année d’études, j’ai donc opté pour l’enseignement optionnel “marketing”. Comme j’étais actif auprès de la junior entreprise, j’avais de bons contacts avec certaines entreprises. Cela m’a permis de trouver assez facilement un travail de terrain.

Après une expérience commerciale, j’ai pu évoluer. J’ai hésité à m’engager dans des études complémentaires, de type master, mais j’ai finalement choisi de me former “sur le tas”. A l’étranger, les recruteurs s’attachent davantage à la personnalité et à l’expérience du candidat qu’à ses diplômes. L’enseignement que j’ai reçu à l’école d’Alfort m’a permis d’acquérir une certaine capacité d’analyse. J’utilise une véritable “démarche diagnostique” pour résoudre un problème, pour prendre des décisions ou pour réévaluer mes choix. En revanche, je trouve que l’enseignement n’est pas à la hauteur en ce qui concerne le domaine marketing. Nous ne sommes pas formés pour gérer une entreprise (techniques de vente, gestion du personnel, etc.), alors que les pharmaciens, par exemple, le sont beaucoup plus. Un petit effort de ce côté permettrait de valoriser l’image de notre profession auprès des entreprises privées.

Prendre en charge un client de façon continue est difficile

Christophe Bonnefont, interne à Maisons-Alfort (Val-de-Marne).

A la fin de mes études, en février dernier, j’ai décidé de présenter le concours d’internat à l’école vétérinaire d’Alfort. Je me destine à exercer plutôt en association, en clientèle canine, et c’est pour parfaire ma formation que j’ai entamé ce cursus. Si j’avais échoué au concours, et pour des raisons financières, j’aurais cherché un remplacement afin de m’offrir une formation complémentaire en imagerie, une discipline d’avenir qui me passionne.

Je trouve notre formation remarquable, qu’elle soit théorique ou pratique, notamment si nous comparons notre enseignement avec celui qui est dispensé dans d’autres pays. L’un des points faibles est toutefois qu’en tant qu’étudiant, il est difficile de prendre en charge un client de façon continue. Certains peuvent regretter de ne pas avoir pratiqué suffisamment d’actes chirurgicaux mais, normalement, chaque étudiant est capable de réaliser seul des interventions courantes (castration, ovariectomie, exérèse de tumeurs mammaires, etc.) à la sortie de l’école. Personnellement, je souhaiterais maîtriser parfaitement d’autres techniques chirurgicales telles que l’uréthrostomie, l’enterotomie ou enterectomie.

Lorsque j’aurai achevé l’internat, je ne compte pas pour autant me lancer immédiatement dans l’exercice libéral. Il me semble indispensable d’apprendre auprès de confrères tout ce que l’enseignement ne nous a pas apporté, qu’il s’agisse des relations à avoir avec les différents type de clientèle ou de la gestion d’un cabinet ou d’une clinique. Mais il est surtout fondamental de poursuivre une formation continue tout le long de sa vie professionnelle.

Je ne me sentais pas du tout prête à aborder une vache malade avant mon départ pour Saint-Hyacinthe

Marie-Sophie Grisneaux, praticienne à Bulgnéville (Vosges).

J’ai toujours voulu faire de la clientèle mixte, avant même l’entrée à l’école. Faire de la rurale était même ma motivation première et le passage à Alfort n’a pas réussi à m’en décourager. J’ai choisi “l’optionnel rurale” en partant comme boursière à Saint-Hyacinthe (Québec) pour six mois de stage clinique (sans aucun cours magistral) à l’hôpital des bovins. Le nombre et la multiplicité des cas sont impressionnants. L’environnement hospitalier mis au service des bovins a les mêmes capacités techniques que celui mis à la disposition des chiens ou des chats. C’est enrichissant et inimaginable à Alfort. En sortant de l’école, je me sentais prête pour affronter les situations courantes ainsi que la chirurgie de base en canine. Je m’estimais riche en connaissances “universitaires”, parfois pointues en bovine, mais moins à l’aise dans la pratique courante en ferme. C’est là l’inconvénient d’une formation hospitalière de cas référés, sans le passage par l’examen à la ferme.

D’un point de vue général, j’ai ressenti un manque de formation pratique, avec peu de formation théorique concernant les petits ruminants et les porcins, des cours d’équine limités aux urgences médicales et des cours de pathologie bovine souvent brouillons ! Je ne me sentais pas du tout prête à aborder une vache malade avant mon départ pour Saint-Hyacinthe ! Là-bas, j’ai beaucoup appris techniquement et j’ai pu clarifier et réorganiser les données théoriques de mes précédents cours. J’avais un certain savoir, j’y ai appris beaucoup de savoir-faire. J’ai aussi eu la chance, à mon retour en France, de trouver du travail chez des vétérinaires qui m’ont laissé le temps de prendre confiance en moi, en me guidant et en “débriefant” de manière constructive mes premières visites.

De mon enseignement à Alfort, je regrette le manque de considération pour la clinique rurale, même si je crois savoir que cela s’est amélioré depuis ma sortie de l’école.

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