Notre valeur ajoutée est dans le savoir - La Semaine Vétérinaire n° 1246 du 25/11/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1246 du 25/11/2006

Entre nous

VOUS AVEZ LA PAROLE

Auteur(s) : Pascal Brun

Fonctions : praticien à Saint-Etienne (Loire)

Force est de constater que la majorité des confrères(1) refusent encore de voir la vérité et s’accrochent désespérément à leur quotidien : aujourd’hui, la santé n’est plus une chance, c’est un droit, et les soins et les progrès médicaux sont des biens de consommation comme les autres. Il n’y a pas de place pour le merveilleux, le professionnel de santé est là pour compenser, à coup sûr, l’incurie du maître, qui refuse de miser 50 € par an pour se prémunir contre le coryza, et qui ne comprend pas que son chat ne guérisse pas sous huit jours, encore moins qu’il puisse décéder.

Dans ce contexte, il faut s’attendre à ce qu’un jour ou l’autre, l’acte vaccinal, l’injection, nous échappe en partie au profit de la grande distribution, ou de la vente sur Internet, même si cet acte est réglementé à l’heure actuelle. Il serait donc suicidaire, aujourd’hui, de fonder notre légitimité dessus. Nous ne vendons pas une seringue, mais du conseil. Notre valeur ajoutée n’est pas dans le geste, mais dans le savoir. Les écoles vétérinaires ne sont pas et n’ont jamais été des écoles professionnelles : nous y acquérons les bases de notre science, il nous appartient d’apprendre à l’utiliser et de savoir la valoriser.

Aujourd’hui, un client moyen effectue une visite et demie par an dans nos cabinets (un vaccin annuel et un soin tous les deux ans) et, malgré cela, il nous oublie souvent, à tel point que nous ne sommes plus, en pratique, les premiers intervenants en santé animale, souvent précédés par le pharmacien, le toiletteur ou le dresseur. Je vous laisse imaginer ce que nous deviendrions avec un vaccin tous les trois ans…

Il nous faut nous adapter au progrès et non le combattre par des luttes d’arrière-garde. Si la vaccination doit s’espacer, il est important pour nous, dès à présent, d’investir et d’occuper d’autres marchés (pet food, comportement, etc.) où nous saurons montrer notre savoir-faire, et qui développeront la fréquentation de nos structures. Imposer la visite pubertaire, ne plus parler de vaccin annuel mais de contrôle annuel, sensibiliser les clients aux troubles comportementaux, aux zoonoses, tout simplement. Là se trouve notre avenir, et nous y serons sans concurrence.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1245 du 18/11/2006 en page 12.

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