Le thermomètre, instrument indispensable, évolue grâce à la technologie infrarouge

La prise de la température corporelle est un acte banal en consultation, mais elle est néanmoins particulièrement importante. Les variations de température font en effet partie des paramètres essentiels de l’anamnèse et du tableau clinique.

La fonction cellulaire normale dépend d’une température corporelle relativement constante, régulée par un mécanisme central hypothalamique qui contrôle les activités physiologiques et comportementales.

La température à laquelle le corps est maintenu varie d’une espèce à l’autre, voire parfois au niveau individuel. Chez les homéothermes, elle s’échelonne de 35 à 43 °C. Les parties périphériques du corps ont des températures différentes, essentiellement selon celle de l’environnement et du degré d’isolement.

La température normale des animaux sains est soumise à de légères variations diurnes (elle augmente le jour et diminue la nuit). Les cycles de reproduction et les stress environnementaux peuvent la faire varier de façon saisonnière, sans conséquence clinique. De même, la température des jeunes animaux est plus fluctuante que celle des animaux âgés.

Une hyperthermie de plusieurs degrés peut être due à des efforts, une excitation, une exposition prolongée à un environnement chaud ou humide. Elle correspond à une augmentation de la température du corps jusqu’au point de régulation physiologique ou au-delà.

La fièvre proprement dite est produite par un facteur pyrogène qui peut être bactérien, viral ou chimique. Les mécanismes thermorégulateurs se règlent alors à un niveau supérieur à la norme (chez de nombreux animaux, les prostaglandines sont responsables de ce nouveau réglage). Chez les nouveau-nés, la fièvre n’est pas présente lors d’une infection, mais elle apparaît au bout de quelques jours, de façon beaucoup plus marquée que chez les animaux dont le système thermorégulateur est mature. Au contraire, chez les individus âgés, la température corporelle peut ne pas varier, ou le faire légèrement, même lors d’infection sévère. Quel que soit le cas de figure et l’infection éventuelle, la température corporelle maximale compatible avec la survie est de 5 °C au-dessus de la température normale.

L’hypothermie, à l’inverse, est due à des pertes de chaleur (par rayonnement, conduction et évaporation d’eau au niveau des voies respiratoires et de la peau, par les fèces et les urines). Elle résulte d’une réduction de la température du corps, due à une exposition au froid extérieur, aux effets de médicaments, de toxiques ou d’anesthésiques, ou à une insuffisance de régulation de la température interne. L’état de choc, hypovolémique ou isovolémique, conduit également à une diminution de la température corporelle. Il en est de même lors d’une intervention chirurgicale. L’hypothermie est de mauvais pronostic dans l’évolution d’une maladie infectieuse.

Qu’elle marque la présence d’une fièvre ou d’une hypothermie, la température corporelle est donc un signe important de l’évolution de nombreuses situations pathologiques. Il convient ainsi de la relever lors de l’examen clinique de routine.

La température rectale d’un animal n’est pas toujours facile à prendre

La température rectale est représentative de la température centrale du corps, la plus constante. C’est pourquoi les thermomètres rectaux sont les plus couramment utilisés. Ils sont simples d’emploi et économiques (de 1 à 10 € HT). Les plus anciens fonctionnent grâce au mercure et à la dilatation de celui-ci sous l’action de la chaleur, ou grâce à un système prismatique. Plus courants, les thermomètres électroniques à affichage digital simplifient la lecture de la température et sont plus fiables. Ils nécessitent néanmoins de rester en place environ une minute pour pouvoir afficher une température stable. Certains thermomètres électroniques sont beaucoup plus rapides et donnent la température rectale en une dizaine de secondes. Leur prix est évidemment plus élevé, aux alentours de 40 € HT.

Le principal inconvénient de ces dispositifs est la prise par voie rectale, qui n’est pas toujours aisée lorsque les animaux sont agités ou agressifs, d’autant que ces comportements entraînent une hausse de la température corporelle.

Une nouvelle technologie infrarouge a fait son apparition

Depuis peu, un nouveau dispositif est disponible sur le marché vétérinaire. Développé à l’origine en médecine humaine, particulièrement dans le secteur de la pédiatrie, le Thermoflash est maintenant décliné dans une version spécifiquement vétérinaire, le Thermoflash PRO-IR ZH-36, au prix de 80 € TTC.

Ce thermomètre s’appuie sur la technologie infrarouge. Il permet de prendre la température de l’animal sans le toucher, et cela en moins d’une seconde. La répétition des prises de température peut être immédiate. Cet outil est spécialement conçu pour éviter les interférences avec la chaleur environnementale. Il est par ailleurs hygiénique, puisqu’il ne nécessite pas de toucher l’animal, ce qui est particulièrement intéressant en élevage. Il peut même être utilisé dans l’obscurité ou la pénombre, car son écran de lecture LCD est rétro-éclairé.

Si le coût de ce thermomètre est plus élevé que celui des instruments “classiques”, sa simplicité d’utilisation et sa rapidité le rendent toutefois attractif pour un usage quotidien, aussi bien chez les animaux de rente, les chevaux que les animaux de compagnie.

Quel que soit le dispositif choisi, la prise de température corporelle reste une étape essentielle et riche d’enseignement, lors de l’examen clinique de l’animal et devrait être pratiquée systématiquement.