L’installation, jugée “asexuée” quant à sa difficulté, attire pourtant moins les femmes - La Semaine Vétérinaire n° 1246 du 25/11/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1246 du 25/11/2006

Entre nous

QU’EN PENSEZ-VOUS ?

Auteur(s) : Nathalie Devos

Non, il n’est pas plus difficile de s’installer lorsqu’on est une femme, selon 54,5 % des consœurs et des confrères qui ont répondu à un sondage sur Planete-vet. Soulignons que ce sont majoritairement nos confrères qui le pensent (33,5 % contre 21 % pour les praticiennes).

Malgré les résultats du sondage, force est de constater que nos consœurs sont moins nombreuses que leurs homologues masculins à s’installer à leur compte. L’Annuaire Roy 2006 indique en effet que parmi les 8 844 praticiens libéraux référencés, il n’y a que 23,5 % de femmes (contre 65,75 % de salariées). A titre de comparaison, au niveau national, la proportion de femmes chefs d’entreprise est estimée à 28,9 %(1), selon des chiffres de l’OCDE.

Pourtant, dans les principales filières universitaires menant aux professions libérales (droit, sciences politiques, professions médicales), les étudiantes représentent 63 % des inscrites en 2005, selon une étude parue dans L’Entreprise Libérale(2) (notre profession en compte pour sa part 70 %). Les auteurs de cette étude expliquent que, si le choix de l’indépendance est délibéré, il est cependant limité par un ensemble de préjugés émanant de la société : « Les individus, en général, perçoivent l’entreprenariat, dont la description reste encore accolée à des termes tels que “fort engagement”, “prise de risques”, “orientation sur les performances et les résultats”, “indépendance”, “flexibilité”, “combativité”, comme une activité masculine. » Les femmes n’adhèrent pas forcément à cette définition de l’entreprenariat, mais pourtant, sur le “terrain”, le constat est là.

Une thèse vétérinaire(3) traitant de la féminisation de la profession, réalisée auprès des consœurs diplômées de l’ENVN depuis sa création, révèle que la maternité joue un grand rôle dans l’orientation professionnelle des femmes (pour 60 % des consœurs mères de famille et pour 33 % de celles qui ne le sont pas).

Le choix de l’exercice est réalisé selon ses priorités et sa personnalité

Certaines estiment que les mères sont les « piliers de la famille » pour s’occuper des enfants, entretenir la maison, faire les courses, etc. Pour cette raison, l’installation, qui rime avec horaires variables et non programmables, n’est pas compatible, selon elles, avec la vie de famille. Ces dernières s’orientent donc vers le salariat ou vers une autre activité (industrie, recherche, etc). Celles qui s’installent le font majoritairement en association.

D’autres consœurs pensent, elles, que les modes d’exercice dépendent de la personnalité (et non du sexe), des compétences et des priorités de chacun, mais aussi du rôle du conjoint. « Avec la participation du conjoint dans les préoccupations et les tâches quotidiennes, et/ou en modulant un peu les emplois du temps, il est tout autant possible pour une femme que pour un homme de s’installer à son compte. »

  • (1) Chiffres OCDE, juin 2004.

  • (2) L’entreprise libérale, n° 54, septembre 2006.

  • (3) wwwbibli.vet-nantes.fr/theses/2004/henrio4_146/frame.htm 2004.

réactions Internet

Une organisation différente

Il n’est pas plus difficile de s’installer en tant que femme. En revanche, nous travaillons différemment pour une question d’organisation. Nous préférons être deux femmes associées, ou seule mais avec un salarié le mercredi et le samedi, pour profiter des enfants et accomplir les autres tâches. Cela implique aussi d’être bien secondée à la maison.

Mieux vaut être épanouie pour que les moments réservés à ceux que nous aimons soient, certes courts, mais intenses plutôt que longs et insipides.

Valérie Fox-Tarsac

La passion n’a pas de sexe

Je suis un fervent partisan de la “montée en puissance” de la gent féminine.

Dans une société patriarcale et encore largement structurée par des préjugés machistes, il peut sembler difficile à une femme de s’installer. Mais les femmes ont autant de capacités et de volonté que les hommes. Elles ont souvent la patience et l’habileté dans les rapports humains qui nous font parfois défaut. Je suis convaincu que la passion n’a pas de sexe. Quand on aime ce que l’on fait, on y arrive.

Jean-Yves Nourdin

Passer outre la misogynie !

Je crois qu’il existe deux types de difficultés majeures : le complexe qu’ont souvent les femmes à avoir de l’ambition personnelle et la misogynie rencontrée parfois dans notre profession. J’ai pu constater cette dernière lors de ma tentative de rachat de clientèle. D’autres consœurs m’en ont aussi fait part, notamment en rurale.

Le chromosome X en plus ne fait de nous ni des incompétentes ni des personnes qui passent leur temps à prendre des congés maternité…

Adeline Gurtner-Sertelon
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