L’environnement serait une clé pathogénique lors d’inflammation respiratoire profonde - La Semaine Vétérinaire n° 1246 du 25/11/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1246 du 25/11/2006

Maladies de l’appareil respiratoire

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Isabelle Desjardins

La stratégie vise à réduire l’exposition aux agents pro-inflammatoires et à supprimer l’agent infectieux éventuel.

L’inflammation des voies respiratoires profondes est fréquente chez les jeunes chevaux de course et constitue la source d’une réduction de performance chez ces athlètes. Cette inflammation est un syndrome clinique dont la définition exacte reste un sujet de controverse. Pour notre consœur Jennifer Hodgson, l’inflammation des voies respiratoires profondes correspond à « une augmentation des cellules inflammatoires dans les voies respiratoires, mise en évidence soit par un lavage trachéal, soit par un lavage broncho-alvéolaire, et inclut aussi bien les processus septiques que non septiques ».

Déterminer le site lésionnel pulmonaire et la présence d’un éventuel agent infectieux

Les signes cliniques de l’inflammation des voies respiratoires profondes sont variés. Les plus fréquents sont la toux, un jetage nasal et une diminution des performances. Les infections virales ne semblent pas être fréquemment à l’origine de l’inflammation. Les bactéries sont impliquées de façon variable. En revanche, les facteurs environnementaux seraient une clé pathogénique de première importance. Ils engendrent une inflammation chronique des voies respiratoires inférieures. Cette dernière s’accompagne parfois d’une bronchoconstriction, associée à des difficultés respiratoires.

Il est recommandé de déterminer avec précision le site lésionnel pulmonaire, ainsi que de détecter la présence d’un éventuel agent infectieux. Les diverses techniques diagnostiques, comme le lavage transtrachéal et le lavage broncho-alvéolaire, permettent l’exploration de territoires pulmonaires différents, ce qui influence donc les résultats cytologiques. Un examen cyto-bactériologique du liquide de lavage transtrachéal (LTT) est conseillé si une pneumonie bactérienne est suspectée ou qu’une fièvre d’origine inconnue est constatée.

Pour sa part, l’examen cytologique du lavage broncho-alvéolaire (LBA) est indiqué en cas de suspicion d’obstruction récurrente des voies respiratoires ou d’hémorragie pulmonaire induite à l’exercice.

En l’absence de suspicion clinique en faveur d’une affection particulière, notre consœur Jennifer Hodgson recommande la combinaison des deux techniques.

La stratégie thérapeutique vise à réduire l’exposition aux agents pro-inflammatoires présents dans l’environnement du cheval, à supprimer l’agent infectieux éventuel ainsi qu’à diminuer l’inflammation et la bronchoconstriction des petites voies respiratoires.

La gestion de l’environnement se révèle indispensable

La gestion environnementale passe par la réduction de la poussière dans l’air ambiant, soit en laissant le cheval à l’extérieur lorsque le climat le permet, soit en favorisant une ventilation fréquente et adéquate de l’écurie. Certaines litières comme les gros copeaux de bois, le papier et la tourbe semblent détenir une concentration en poussière respirable et en agents irritants bien moindre que celle des litières traditionnelles. De même, l’apport un fourrage d’excellente qualité, non poussiéreux, d’ensilage ou de granulés complets diminue par un facteur de trois à six la concentration en polluants et allergènes de l’air ambiant.

Le traitement est à réajuster selon l’évolution clinique du cheval

L’approche médicale de l’inflammation des voies respiratoires profondes est similaire à celle utilisée chez l’homme asmathique et le cheval “poussif” (souffrant d’obstruction récurrente des voies respiratoires). De la même façon, les anti-inflammatoires non stéroïdiens et les anti-histaminiques sont inefficaces. Les corticostéroïdes, qui diminuent l’inflammation et l’hyperréactivité bronchiques, peuvent être administrés par voie parentérale ou par inhalation. Lorsque les corticostéroïdes sont donnés par voie parentérale, des molécules à courte durée d’action sont recommandées, comme la prednisolone (per os), la dexaméthasone (per os, par voie intramusculaire ou intraveineuse) et l’isonicotinate de dexaméthasone (voie intramusculaire). La durée du traitement varie et dépend de la réévaluation clinique du cheval après cinq à sept jours. Certains auteurs conseillent de terminer le traitement systémique par une corticothérapie à jours alternés, mais cette recommandation est controversée.

Un relais par inhalation peut être pris après un traitement de la phase la plus aiguë par des corticostéroïdes systémiques.

Les bronchodilatateurs sont indiqués en cas de bronchoconstriction, car ils relâchent les muscles respiratoires lisses et lèvent l’obstruction. Les β2-agonistes (clenbutérol, albutérol) ou les anticholinergiques (ipratropium) sont administrés via un système d’inhalation, avant les corticostéroïdes inhalés.

Jennifer Hodgson souligne que les bronchodilatateurs ne doivent pas être utilisés comme seul traitement dans la mesure où ils ne réduisent en aucun cas l’inflammation des petites voies respiratoires ou l’hyperréactivité bronchique. Dans les cas précis où une augmentation des mastocytes est mise en évidence à l’examen cytologique du liquide respiratoire (plus de 2 % des cellules totales), l’administration de cromoglycate de sodium est indiquée, par inhalation ou nébulisation.

Enfin, pour les cas où une infection bactérienne est mise en évidence, ce qui représente environ la moitié des cas, l’ajout d’antibiotiques se révèle nécessaire.

Les bactéries les plus fréquemment impliquées sont Streptococcus sp, Pasteurella sp et Actinobacillus sp, qui proviennent probablement de la flore oro-pharyngée. Parfois, des mycoplasmes ou Bordetella bronchieptica sont identifiés. La pénicilline demeure l’antibiotique de choix et de première ligne, mais elle présente l’inconvénient d’un temps de retrait élevé pour la compétition. Les autres alternatives sont le triméthoprime-sulfa, le ceftiofur. L’oxytétracycline est souvent employée, car son temps de retrait est court, mais la sensibilité bactérienne à cet antibiotique est excessivement variable. Il est impératif que le traitement soit réajusté et adapté à l’évolution clinique.

  • Article réalisé d’après la conférence de Jennifer L. Hodgson et David R. Hodgson, professeurs à l’université de Sydney (Australie) lors du congrès de l’Association vétérinaire équine française (Avef), organisée le 12/10/2006 à Versailles (Yvelines).

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