Sites Internet et revues de vulgarisation nuisent-ils à votre activité ? - La Semaine Vétérinaire n° 1245 du 18/11/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1245 du 18/11/2006

Entre nous

FORUM

Des personnes non formées disposent d’outils puissants

Grégory Santaner, praticien canin au Havre (Seine-Maritime).

Je suis parfois confronté à des propriétaires venus en consultation avec des renseignements glanés sur l’Internet. Le vrai problème est alors la source de l’information car, sur la toile, tous les éléments semblent avoir la même valeur pour le grand public qui les découvre. Par notre formation, nous savons garder un œil critique sur les données qui nous sont présentées. Ce n’est pas le cas de monsieur Tout-le-monde, qui détient pourtant désormais des outils puissants pour accéder à l’information. A mon sens, le danger de l’Internet réside davantage dans les forums d’échange et les blogs. N’importe qui y prend la parole et peut persuader une tierce personne de stopper un traitement “jugé” inadapté ou d’abandonner son vétérinaire habituel, taxé d’incompétence ! On y trouve aussi des diagnostics en ligne… Auparavant, les propriétaires nous rapportaient ce que leur voisin leur avait dit. Désormais, ils nous relatent ce qu’ils ont lu dans la presse, vu à la télévision et, dorénavant, ce qu’ils ont trouvé sur l’Internet. Face à cette inexorable évolution, et puisque les vétérinaires ne sont plus crus sur parole, la solution est d’essayer de se battre à égalité. Nous savons trouver et sélectionner sur la toile les informations les plus pertinentes et objectives (sur la stérilisation précoce par exemple). Et rien ne nous empêche d’y placer nous-mêmes des données validées, comme des fiches pratiques sur telle maladie ou tel traitement, en lien au site de notre clinique.

Reconnaissons aussi l’aspect positif de cette évolution qui nous oblige à entretenir nos compétences. Car les informations disponibles peuvent être particulièrement techniques. J’ai ainsi découvert certaines pratiques en nutrition animale en lisant les forums grand public.

J’imagine même que demain, les progrès technologiques permettront à nos clients de surfer en direct en consultation. Il faudra être réactif !

Il s’agit d’un tremplin plus que d’un handicap

Jérôme Seignot, praticien équin à Maisons-Laffitte (Yvelines).

Les informations que l’amateur de chevaux peut trouver sont le terreau de notre discours. En effet, les propriétaires se raccrochent à un terme ou à une phrase clé parce qu’ils l’ont déjà lue quelque part. Cela crédibilise plutôt l’analyse que nous leur présentons, notamment lorsqu’elle est technique. Cette vulgarisation peut même constituer un tremplin. Ainsi, un propriétaire accepte parfois plus facilement d’effectuer un examen complémentaire s’il a déjà eu connaissance de son intérêt. Poussée à l’extrême, cette accessibilité de l’information nous oblige à une certaine rigueur. En effet, nous ne pouvons pas rester dans le flou face à une personne bien renseignée. Nous tenir informés des évolutions les plus récentes de notre métier constitue un impératif. Il est alors aussi plus aisé d’expliquer la démarche adoptée, voire de rectifier une connaissance erronée du propriétaire. Car la foule d’informations accessibles n’est pas toujours bien contrôlée. C’est notamment le cas dans certaines revues de publi-rédactionnels présentés comme des articles scientifiques ou d’articles dictés par la pression commerciale des annonceurs. L’information est alors biaisée. La lecture de messages sur des forums équestres réserve aussi quelques moments de stupeur quant au contenu pseudo médical, parfois “abracadabrantesque”, asséné avec aplomb par quelque internaute apparemment averti !

Avec les professionnels du milieu, les rapports sont différents. La vulgarisation de la médecine présente un moindre impact, car nos relations sont régulières et durables, fondées sur une crédibilité bien acquise. Ces professionnels nous écoutent davantage et ont un œil plus critique sur les données auxquelles ils peuvent accéder.

La vulgarisation de la médecine vétérinaire n’a pas attendu la démocratisation de l’Internet

Vincent Xemar, praticien mixte à Bapaume (Pas-de-Calais).

Nos éleveurs sont de plus en plus au fait des affections de leurs animaux. Les plus jeunes bénéficient d’ailleurs d’une formation désormais particulièrement complète.

Ils soignent seuls, sans l’aide du vétérinaire, un certain nombre de maladies. Ce n’est pas nouveau. Ainsi, une étude qui date d’une dizaine d’années évaluait déjà à deux sur dix seulement le nombre de bovins vus par un praticien en cas de troubles. La démocratisation d’Internet n’a pas initié le mouvement, mais tend à le faciliter. Même sans être un phénomène récent, la vulgarisation de la médecine vétérinaire en élevage modifie profondément, il est vrai, notre activité quotidienne vers moins de soins. A nous de la faire évoluer vers plus de prévention. Quant aux propriétaires d’animaux de compagnie, il reste peu fréquent de les voir arriver en consultation avec des données recueillies dans la presse ou sur l’Internet. Mais il est possible qu’ils aient fait des recherches avant de venir, sans nous en parler. Comme il se peut qu’ils “vérifient” ce que nous leur disons a posteriori… Dans un cas pour lequel le maître s’est personnellement forgé une idée du diagnostic, le danger est qu’il se laisse entraîner et ne l’aborde plus sans a priori. Mais il nous revient d’être vigilant.

En outre, le dialogue avec le vétérinaire reste un besoin pour le propriétaire, qui vient donc consulter.

D’ailleurs, je constate plutôt une augmentation du nombre des consultations pour les animaux de compagnie, pour des motifs de moins en moins graves. La tendance actuelle, du moins chez les confrères en milieu rural, est donc plutôt une croissance de la médicalisation des animaux.

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