Une large réflexion, avec un questionnaire à l’appui, s’engage sur la valorisation des actes

Un groupe de travail sur la valorisation des actes est en place au sein de la profession. Ce sujet essentiel ouvre une large réflexion qui devrait engager les orientations de la profession pour les années à venir. « Tout le monde est concerné », a expliqué Rémi Gellé, président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), en introduction de l’atelier consacré à ce thème lors des RNV, fin octobre dernier. « Certains confrères ne se sentent pas à leur aise pour établir le prix du vêlage », a-t-il cité à titre d’exemple. « Pourquoi les vétérinaires ne vont-ils pas bien ? Comment restituer aux praticiens leur estime de soi ? » La Caisse autonome de retraite et de prévoyance des vétérinaires (CARPV) a mené une enquête riche d’intérêt à cet égard. 1 635 réponses ont été obtenues (soit un taux de retour de près de 20 %) à la suite du questionnaire envoyé aux praticiens pour définir leur activité, exprimer leur ressenti, etc. Nos confrères François Courouble (CARPV) et Yannick Poubanne (Conseil supérieur de l’Ordre) ont ainsi constaté que le nombre de jours travaillés est inférieur à 150 jours pour 11 % des confrères interrogés, compris entre 150 et 200 jours pour 14 %, entre 200 et 250 jours pour 34 %, entre 250 et 300 jours pour 34 % et supérieur à 300 jours pour 8 %. En outre, la moitié des vétérinaires travaillent entre huit et dix heures par jour.

Les revenus les plus élevés sont ceux des confrères qui appartiennent à la tranche d’âge comprise entre quarante et cinquante ans et une relation nette avec le lieu d’exercice est constatée. La Picardie, le Nord-Pas-de-Calais, la Champagne-Ardenne, la Franche-Comté et le Poitou-Charente arrivent en tête. Les revenus les moins élevés se situent dans le sud (Paca, Corse, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées).

Pour gagner plus, mieux vaut être un homme entre quarante et cinquante ans !

En outre, Yannick Poubanne révèle que le mode d’exercice montre une corrélation avec les revenus. Quand les vétérinaires sont associés, les revenus sont plus élevés : 42 244 € par an en moyenne pour un vétérinaire seul, versus 60 261 € pour un exercice à plusieurs confrères. Le revenu montre aussi une relation avec la structure juridique de la clinique. Le rapport du revenu avec le nombre de jours travaillés montre un pic entre 200 et 250 jours annuels. La différence la plus importante est en relation avec le sexe : 60 096 € pour un homme et 34 367 € pour une femme. « Le mode d’exercice et la structure juridique n’expliquent pas l’écart homme-femme », a constaté Yannick Poubanne.

L’étude jette ainsi des bases de réflexion intéressantes. Elle pourrait être complétée pour affiner les hypothèses : mieux prendre en compte les astreintes, la situation concurrentielle des répondants, faire une étude qualitative, etc.

L’enjeu est d’exprimer ses ressentis et de parler d’argent sans tabou

« Le dossier de la valorisation des actes et de la valorisation des vétérinaires est extrêmement important, a souligné Pierre Desnoyers, un travail important émerge, fruit de toutes les familles professionnelles. » « La relation au travail évolue dans le temps », a constaté notre confrère Vincent Dattée, président de Vétos-Entraide. « Parler d’argent n’est pas courant dans notre pays », a-t-il souligné. Notre confrère a également mis l’accent sur la nécessité d’instaurer un dialogue de confiance pour que chacun puisse exprimer ce qu’il pense et ressent.

La convention collective a aussi été évoquée. « Nous vivrons mieux avec un cadre bien précis que dans le flou, mais il est normal que la nouveauté inquiète », a estimé Pierre Desnoyers. « C’est une contrainte à laquelle il est impossible d’échapper. Il y a ce ressenti des contraintes, il faut pouvoir l’exprimer pour qu’une réponse technique puisse l’expliquer. Il y a un vrai dialogue professionnel. Il convient aussi de parler d’argent sans tabou et de s’affranchir des règles sociales », a, pour sa part, jugé Vincent Dattée.

En conclusion, nos confrères ont souligné que le “savoir être” permet d’entretenir l’estime de soi, mais aussi de se déculpabiliser (l’argent est un moyen, non un but).

Le groupe de travail s’est aussi attaché à l’étude d’autres points concrets, comme la gestion des impayés, illustrée par l’intervention de notre confrère Laurent Jessenne. « Même si cela n’est pas si important en termes de chiffres, il s’agit d’un secteur souvent minant et chronophage », a-t-il expliqué.

Yannick Poubanne, Patrick Cavanna (expert-comptable) et Gérard Magnin sont aussi venus présenter les avancées de la sous-commission “outil analytique”, qui visent à proposer une méthode pratique d’évaluation des actes adaptée à la profession avec sa diversité. Ce travail, initié en juin, et présenté aux Rencontres nationales vétérinaires, verra le début de tests réalisés sur le terrain prochainement.