Comment choisissez-vous les protocoles vaccinaux que vous appliquez ?

Je redoute un pas en arrière en termes de médicalisation

J’ai entendu la presse se faire l’écho de la démarche d’un laboratoire qui consiste à proposer des protocoles vaccinaux chez les chiens caractérisés par l’espacement du rappel de certaines valences. Pour l’instant, il n’est pas question de modifier le protocole vaccinal concernant la leptospirose et la rage, les clients seront donc toujours amenés à venir faire vacciner leur animal une fois par an. En revanche, à terme, je redoute que ce schéma se généralise et concerne également la rage notamment, comme au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis. Sans parler de la baisse du chiffre d’affaires que cela engendrerait et de la hausse des prix que nos clients devront constater sur d’autres actes. Cette perspective ne me réjouit pas, pour diverses raisons. Tout d’abord, si les laboratoires n’harmonisent pas leurs protocoles vaccinaux, la clientèle aura vite fait de juger négativement un vétérinaire qui vaccinera son animal tous les ans en comparaison de son confrère qui, lui, ne pratiquera la vaccination que tous les trois ans. De plus, je redoute un pas en arrière concernant la médicalisation des animaux domestiques. Le risque est de détecter certaines affections à des stades beaucoup plus avancés et, de ce fait, attendons-nous à observer une résurgence de certaines maladies infectieuses. En effet, au bout de trois ans, compte tenu de la mobilité de la population, les relances vaccinales seront beaucoup moins efficaces qu’aujourd’hui. Je suis assez sceptique en ce qui concerne une visite médicale annuelle. Nombre de propriétaires ne se déplacent que pour vacciner leur animal. Le message risque d’être dur à faire passer.

Nous sommes en général fidèles à un laboratoire

Au sein de notre structure, nous sommes assez sensibles aux différentes offres proposées par les laboratoires concernant les vaccins, mais nous sommes généralement fidèles au même laboratoire. Notre choix s’est fixé sur celui-ci en raison de la gamme des vaccins proposés, de la technicité, ainsi que pour le contrat qui nous a été soumis.

Pour certaines valences, nous ne réalisons les rappels que tous les deux ans. Bien entendu, comme les autres confrères, nous avons été informés de la possibilité d’effectuer ces rappels tous les trois ans uniquement. A l’heure actuelle toutefois, nous ne sommes pas encore prêts à opter pour un tel type de protocole vaccinal.

Je pense qu’un jour ou l’autre, une harmonisation, au moins à l’échelle européenne, sera nécessaire en matière de protocoles vaccinaux, que ce soit en ce qui concerne les intervalles entre les divers rappels ou en ce qui concerne l’aspect administratif (quand serons-nous dispensés de la double rédaction du passeport d’une part et du certificat Cerfa d’autre part ?). Tant que la protection des animaux contre certaines maladies (la leptospirose par exemple) nécessitera une vaccination annuelle par les praticiens, le fait de modifier les protocoles ne m’inquiète pas de manière excessive. Il nous reviendra à nous, vétérinaires, d’expliquer aux propriétaires de chiens et de chats le choix de tel ou tel protocole.

Nous insistons auprès des propriétaires sur la consultation ainsi que sur le suivi de leur animal

Nous utilisons le plus souvent les mêmes protocoles vaccinaux, mais il nous arrive, au cours de l’année, de faire quelques infidélités à notre fournisseur habituel. Généralement, notre choix s’oriente vers les promotions qui nous sont offertes par les laboratoires concurrents. Ainsi, dans une année, dans les deux tiers des cas, nous proposons à notre clientèle le même type de vaccins. Nous avons, bien entendu, été informés des nouveaux protocoles vaccinaux qui prévoient des rappels tous les trois ans pour certaines valences, par la presse et en assistant aux réunions organisées par le laboratoire à l’origine de ce projet.

D’un point de vue médical, je suis plutôt favorable à ce type de protocoles. Il ne sert à rien de vacciner un animal tous les ans s’il est correctement protégé. C’est d’ailleurs ce que les écoles vétérinaires enseignent. D’un point de vue financier, des études ont été réalisées et montrent que la perte de chiffre, si elle existe, ne peut être que minime. Il convient de souligner que nous avons beaucoup de chasseurs dans notre clientèle et que, de ce fait, nous vaccinons toujours contre la rage, ce qui “oblige” les propriétaires à nous rendre visite au moins une fois par an. Par ailleurs, nous insistons beaucoup sur la consultation que nous réalisons pour la détection de certaines affections et le suivi de l’animal avant de réaliser la vaccination. Le choix du laboratoire inclut d’autres critères que l’espacement des rappels, notamment l’aspect pratique des vaccins (étiquettes déjà collées, visuel de ces mêmes étiquettes, nombre de flacons à ponctionner, quantités à injecter, etc.).

Si, dans le futur, cette pratique de l’espacement des rappels pour certaines valences vaccinales se généralise, il nous faudra insister davantage auprès de la clientèle sur l’importance d’une visite annuelle et sur l’intérêt de vacciner, cette fois annuellement, leur animal contre d’autres maladies, par exemple la leptospirose.